Pour avoir ligoté avec du ruban adhésif certains enfants dans une maison relais à Bonnevoie en 2008 et 2009, trois femmes, âgées aujourd’hui de 32 et 34 ans, comparaissent depuis mardi devant la Chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. À l’époque des faits qu’on leur reproche, elles y travaillaient en tant qu’éducatrices.
Les trois éducatrices avaient ligoté des enfants prétendument trop agités, âgés de 5 à 8 ans. Avec du ruban adhésif. Elles leur avaient ainsi attaché les bras et les pieds à la chaise. À l’époque, l’affaire avait beaucoup fait parler.
D’après l’enquête, six enfants ont, à un moment ou à un autre, été concernés par cette mesure d’entrave. Il se serait agi d’un «ruban adhésif en plastique brun clair». Un enfant entendu par la police avait même expliqué avoir été ligoté à six reprises. «C’était un enfant qui n’était pas calme, cela on l’a également remarqué lorsqu’on l’a entendu», a ajouté l’enquêteur, mardi matin devant les juges.
Pendant l’enquête, il était également ressorti que les avis concernant cette manière de faire étaient partagés parmi le personnel de la maison relais, à l’époque. «Certains ne considéraient pas les faits comme très graves, d’autres les ont complètement condamnés», a ainsi résumé l’enquêteur.
Le tribunal a également entendu, mardi, plusieurs des personnes qui travaillaient au moment des faits dans la maison relais en question. Toutes ont souligné de nombreux problèmes dus au manque de personnel. «On se sentait un peu seuls. On était toujours en sous-effectif, a notamment affirmé l’une des coresponsables de la maison relais. Nous n’étions pas dans la norme en ayant toujours 12 ou 13 enfants par éducateur.» Elle note aussi qu’en tant que coresponsable, elle avait rédigé de multiples courriers à la direction pour se plaindre de la situation et demander de l’aide. À noter, dans ce contexte, que l’enquête a relevé que la structure pouvait, à l’époque, accueillir 153 enfants. En 2007, ils avaient été 148 et en 2008, 164.
En ce qui concerne la pratique de ligotage, une éducatrice diplômée, qui travaillait à l’époque des faits dans la maison relais à Bonnevoie a témoigné : «Ce que j’ai vu, c’est une petite fille devant la salle, attachée avec du Tesakrepp à une chaise. Elle pleurait.» Selon le témoin, l’une des prévenues lui avait alors dit qu’une «autre éducatrice avait également déjà fait cela et que cela aiderait». L’incident avait été discuté lors de la réunion d’équipe des éducateurs. Réunion pendant laquelle il avait été retenu que «le recours au ligotage était dorénavant interdit». Le compte rendu dressé alors a toutefois disparu.
La mesure alternative de la «chaise magique»
Interrogé sur la mesure alternative de «la chaise magique», qui a été évoquée à l’occasion d’une réunion des éducateurs en octobre 2008 – les différentes manières de punir un enfant avaient alors été discutées –, le témoin n’a pas su expliquer de quel type de chaise il s’agissait. Il a toutefois précisé que «cela devait être quelque chose de positif». La coresponsable de la maison relais ne se souvenait d’ailleurs pas non plus exactement de ce qu’était cette «chaise magique», mardi.
Enfin, l’éducatrice diplômée qui travaillait à l’époque à la maison relais affirme ne jamais avoir recouru elle-même au ruban adhésif. Elle a toutefois témoigné qu’elle s’était déjà retrouvée dans une situation où elle aurait bien aimé le faire.
Le coresponsable de la maison relais, quant à lui, a déclaré «ne jamais avoir reçu une quelconque réclamation par rapport aux trois femmes» qui se trouvent aujourd’hui sur le banc des prévenus. Il se souvient toutefois que sa collègue, alors responsable avec lui de la maison relais, avait déclaré un jour que ce qui s’était passé, n’était pas si grave. «J’ai mal réagi. À l’époque j’étais bête et naïve, je n’ai pas réalisé la gravité des faits», a remarqué cette dernière devant les juges.
Initialement, le procès, prévu sur trois audiences, devait se poursuivre ce mercredi matin avec le passage à la barre des trois prévenues. Or en raison de la demande de la défense d’entendre deux autres témoins, dont l’échevine Viviane Loschetter, la suite du procès a été fixée à une date ultérieure. Il reprendra les 19 et 20 janvier.
Fabienne Armborst
Le sous-effectif, ne justifie pas la manière dont était ligoté ces enfants avec du ruban adhésif, la manière de communiquer reste la seul moyen qui permet la bonne éducatrice pour bien construire une société à haute comportement méthodique dans tout respect mutuelle et précieuse .