Les avocats de Samba et Florenc penchent pour la première hypothèse. Le parquet pour la deuxième. De leurs propres aveux, l’un vend de la drogue depuis un moment et l’autre cambriole.
Samba tente de noyer le poisson, mais il nage mal et finit par se noyer lui-même face à la présidente de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Le quinquagénaire a été condamné à 5 ans de prison, dont 42 mois avec sursis, en décembre 2018 pour avoir vendu de la drogue. Il était de retour face aux juges hier après-midi et a juré que c’était «la dernière fois».
Le prévenu vend de l’héroïne depuis au moins 2015, selon ses clients fidèles qu’il servait dans le quartier de la gare à Luxembourg, à Rodange, ainsi qu’à domicile. Il se serait remis à en vendre dès sa sortie de Givenich en juin 2019, selon l’un d’eux. En juin 2021, selon deux autres. Samba prétend avoir commencé à vendre de la drogue après avoir perdu son emploi en 2022. Qui dit vrai? Me Stroesser, l’avocat du prévenu, s’engouffre dans la brèche pour réduire sa période d’activité. Et avec cela les quantités vendues.
Les enquêteurs de la police judiciaire estiment que Samba aurait vendu près de 1,2 kilogramme d’héroïne entre juin 2019 et juin 2022 pour plus de 19 400 euros. L’avocat divise ces quantités et le chiffre d’affaires par deux. «Il vous appartiendra de décider sur ces bases quelle est la peine à prononcer», estime Me Stroesser. Samba dit avoir vendu des stupéfiants pour financer sa propre consommation d’héroïne.
Le 2 juin 2022, il est arrêté par la police rue de Hollerich avec 21 grammes d’héroïne et 484 euros sur lui. Juste avant, les policiers avaient assisté à un contact dans la rue Pierre-Krier, à Bonnevoie, entre lui et deux toxicomanes connus des services de police qui lui avaient acheté deux boules d’héroïne d’une dizaine de grammes chacune.
Le parquet a requis une peine de 36 mois de prison à son encontre et une amende appropriée. Une condamnation qui ferait tomber son sursis. Me Stroesser a demandé à ce que la peine à laquelle il sera condamné n’excède pas les 18 mois et qu’il soit exempté d’amende étant donné sa situation financière.
Bouc émissaire
Florenc a été remis aux autorités luxembourgeoises pour pouvoir être jugé. L’Albanais de 28 ans est accusé d’avoir commis une douzaine de cambriolages au Luxembourg ainsi que d’association de malfaiteurs avec deux autres hommes. L’enquête a débuté le 20 décembre 2018 grâce à une voisine attentive. Les trois hommes ont pris la fuite à l’arrivée de la police qui s’est lancée dans une course-poursuite jusqu’à l’accident. Le trio a abandonné sa voiture. Un des deux complices présumés de Florenc a été arrêté plus tard dans la soirée. Il a profité d’une remise en liberté pour disparaître.
Un enquêteur explique que la voiture du trio était louée. Après une visite à l’entreprise de location, les policiers n’ont eu qu’à tirer le fil pour remonter aux trois hommes. Notamment avec l’aide des autorités belges qui connaissaient Florenc et ses complices présumés. Leurs numéros de téléphone ont borné à proximité de lieux de cambriolages au moment où ils étaient commis et de l’ADN de Florenc a été retrouvé dans quatre de ces lieux. Ainsi que dans quatre autres qui ne font pas partie de la série dans le cadre de laquelle il comparaissait hier.
Le prévenu reconnaît avoir participé à trois de ces faits. Ses deux complices travaillaient aussi en compagnie d’autres personnes. Sa mission était de préparer le matériel servant à commettre les délits et à prendre la fuite avec le butin, indique-t-il à la présidente. Il ne rentrait généralement pas dans les maisons. Il faisait le guet. Un de ses complices décidait des lieux à cambrioler.
Florenc est nerveux. Il ne tient pas en place. Il bascule d’un pied sur l’autre, tape du pied, ne sait pas quoi faire de ses mains. Profitant de l’absence de ses complices présumés, le jeune homme de 28 ans dit avoir pensé que le butin était partagé à parts égales, mais «quand j’ai vu tout ce qui avait été volé chez le juge d’instruction, j’ai réalisé que ce n’était pas le cas». Les cambrioleurs volaient essentiellement des bijoux et des objets qui pouvaient être rapidement revendus.
La représentante du parquet a estimé que le prévenu pouvait être relié à deux faits supplémentaires à ceux où apparaît son ADN. Elle a considéré qu’il était bien membre d’une association de malfaiteurs et a requis une peine de 32 mois de prison à son encontre ainsi qu’une amende appropriée. «Les faits ont eu lieu dans le nord du pays sur une période de temps d’un peu plus de deux mois, selon le même mode opératoire», a-t-elle rappelé.
Me Veneau avance qu’il ne suffit pas de trouver son ADN sur une lampe de poche pour le relier à un des faits. De plus, il aurait, selon lui, «participé à la manifestation de la vérité», contrairement au chef présumé du trio qui a pris la fuite. Florenc n’a pas, selon l’avocat, à servir de «bouc émissaire». Il aurait accepté les cambriolages pour subvenir aux besoins médicaux de sa sœur malade. «Il ne s’est pas enrichi. Au contraire, il s’est fait flouer», note l’avocat. Il demande l’acquittement pour les faits où l’ADN du prévenu n’a pas été retrouvé.
Les prononcés sont fixés au 30 mars prochain.