Fin septembre 2017, un terrible accident de la route entre Larochette et Angelsberg avait coûté la vie à une fille de 17 ans et fait un blessé grave. Le procès du jeune conducteur a eu lieu mercredi après-midi. Au moment du drame, il sortait d’une boîte de nuit où il avait consommé de l’alcool. Selon les analyses toxicologiques, il se trouvait également sous l’emprise du cannabis…
« Le 24 septembre 2017, vers 7 h 20, vous avez provoqué un accident entre Larochette et Angelsberg. Chiara a perdu la vie. Et votre ami a été grièvement blessé. Et vous?»
À part un hochement de tête de la droite vers la gauche, le jeune prévenu, âgé aujourd’hui de 23 ans, n’aura pas trouvé les mots, mercredi après-midi, à l’ouverture de son procès. «Je me suis assoupi au volant. C’est le choc qui m’a réveillé. Mais je n’étais pas du tout fatigué. Sinon je me serais arrêté ou aurais ouvert les fenêtres…», finira pas lâcher le jeune homme, pris par l’émotion.
Le drame était survenu le dimanche matin à l’aube, après une longue nuit. Samedi en fin d’après-midi, le jeune automobiliste s’était retrouvé entre amis dans un café à Larochette. En cours de soirée, leur virée s’était poursuivie dans un bar-discothèque à Mersch. Quand, à 3 h du matin, l’établissement avait fermé ses portes, ils n’en avaient visiblement toujours pas assez. Et ils avaient poursuivi leur route en direction d’une autre boîte de nuit à Ettelbruck.
C’est sur le chemin du retour que l’accident s’est produit. À la sortie d’Ettelbruck, le jeune automobiliste, alors seul à bord avec un ami, s’est encore arrêté au bord de la route pour prendre une fille de 17 ans afin de la déposer chez elle. «C’était sur mon chemin», explique le jeune homme. En route, le trio marquera un dernier arrêt dans une station-service à Ingeldorf pour «manger quelque chose».
Alors qu’il était sur une longue ligne droite entre Larochette et Angelsberg (CR118), le jeune automobiliste au volant de sa Peugeot 206 a quitté la chaussée côté droit avant de mordre sur la voie opposée puis toucher côté gauche un premier arbre et en percuter violemment un deuxième puis un troisième.
Vitesse, alcool, cannabis, fatigue…
Le choc a été fatal pour la jeune fille qui avait pris place sur la banquette arrière gauche. Le jeune homme de 23 ans sur le siège passager s’en sortira grièvement blessé. Il passera trois semaines dans le coma, restera hospitalisé 54 jours… Aujourd’hui, il souffre toujours de douleurs et pressions au niveau de la tête.
Le jeune automobiliste était persuadé d’être capable de prendre le volant et pourtant il avait 0,47 g d’alcool par litre de sang – le test sommaire fait immédiatement sur les lieux de l’accident avait même révélé un taux de 0,7 g. Le jeune automobiliste, qui avait son permis depuis à peine trois, avait aussi consommé du cannabis. Son taux de THC s’élevait à 4,37 ng/ml, soit quatre fois plus haut que le taux légal. Selon l’expert en toxicologie, «un tel mélange amplifie même les effets».
À cela s’ajoute la vitesse. Aux juges, le prévenu a expliqué avoir eu l’impression de ne pas dépasser les 70 à 80 km/h. Mais ce n’est pas tout à fait ce qu’a calculé l’expert. Lui parle d’une vitesse entre 90 et 139 km/h. Au moment du choc avec le deuxième arbre, le compteur affichait entre 56 et 85 km/h.
«La grosse fatigue, l’alcool, la drogue, la vitesse : à chaque fois il était juste un petit peu au-dessus de la limite, mais cet amalgame a mené à une très grosse catastrophe», résumera le représentant du parquet dans son réquisitoire.
«Prouver qu’il ne boit plus et ne fume plus»
«Je regrette profondément ce qui s’est passé. De préférence, j’aimerais faire marche arrière.» Voilà les dernières phrases du prévenu à la barre. Son avocate, Me Da Silva, a parlé d’un «concours de circonstances très malheureux». Selon elle, la détention provisoire de son client à Schrassig aurait été une énorme leçon pour lui. Insistant sur ses regrets sincères, elle a plaidé en faveur d’une peine assortie du sursis intégral. Le parquet a finalement requis 18 mois de prison, une amende appropriée ainsi qu’une interdiction de conduire de deux ans contre le jeune homme. Il a suggéré au tribunal d’assortir la peine d’un sursis probatoire avec l’obligation suivante : «Qu’il prouve qu’il a tiré une leçon de cet accident et qu’il ne consomme plus de drogue et d’alcool.»
Me Steve Rosa l’avocat de la partie civile représentant le jeune homme qui a survécu a estimé le dommage à 100 000 euros et demandé une expertise afin d’évaluer le préjudice exact. Me Claude Schmartz représentant la mère de la victime, pour sa part, a réclamé près de 55 000 euros au titre du préjudice moral et matériel. Or pour Me Da Silva il y a lieu de retenir un partage des responsabilités : «Quand on monte dans la voiture de quelqu’un avec lequel on a passé la soirée, on accepte les risques.»
La 12e chambre correctionnelle rendra son jugement le 24 octobre.
Fabienne Armborst