En juin 2013, une automobiliste de 29 ans avait perdu la vie dans un tragique accident sous le rond-point de la Biff, à Bascharage. La benne relevée d’un camion avait heurté plusieurs poutrelles d’acier dont deux étaient tombées sur la voie.
Le quinquagénaire au volant du poids lourd au moment du drame avait comparu au début du mois à la barre du tribunal correctionnel pour homicide involontaire. Le parquet avait requis une interdiction de conduire de six mois ainsi qu’une amende à l’encontre du conducteur.
Y a-t-il eu erreur technique ou erreur de manipulation ? C’est la question qui se trouvait au cœur des débats. En principe, pour lever la benne, il y a deux manipulations à effectuer : d’un côté, il faut actionner un interrupteur au niveau du tableau de bord (avec un témoin lumineux) et, de l’autre, tirer un levier situé à gauche du siège conducteur. «L’ordre n’est pas important», avait précisé le policier chargé de l’enquête.
Le 10 juin 2013, vers 8h45, le conducteur du camion et son collègue de travail étaient en train de rejoindre un chantier. Ils roulaient sur la collectrice du Sud (A13) depuis Pétange et s’étaient engagés dans le tunnel qui passe sous le rond-point de la Biff, à Bascharage. À cet instant, la benne du poids lourd était relevée. Elle avait percuté plusieurs poutrelles d’acier situées de façon perpendiculaire au-dessus de la chaussée. En raison du choc, trois poutrelles avaient alors été descellées. Deux d’entre elles avaient chuté sur la voie de circulation. Une automobiliste de 29 ans venant d’en face s’était retrouvée prise au piège. Après avoir frôlé une première poutrelle, la voiture était venue s’encastrer sous la seconde.
«La benne ne s’est pas levée toute seule»
Le parquet estimait qu’ «il y a eu faute dans ce dossier : le quinquagénaire a pris le volant d’un véhicule dont il ne maîtrisait pas tous les aspects techniques.»
D’après les éléments de l’enquête, avant l’entrée du tunnel, le conducteur avait demandé à son collègue comment s’allumaient les feux de croisement. Ce dernier n’avait pas encore répondu que, déjà, la benne avait heurté la première poutrelle.
De l’enquête, il ressortait aussi que c’était la première fois que le quinquagénaire se trouvait au volant de ce camion qui avait déjà plus de 609 000 km au compteur. «Ce n’est pas possible que la benne se soit levée toute seule. Il y a manifestement eu une erreur de manipulation humaine dans la cabine, avait conclu l’expert entendu. Aucune erreur technique n’a été détectée.» Il notait toutefois qu’au moment de l’accident le témoin de l’interrupteur à bascule ne fonctionnait pas. Il n’est donc pas certain que le conducteur ait pu s’apercevoir de la levée de la benne quand il s’est introduit dans le tunnel.
Le tribunal correctionnel n’a finalement pas suivi les réquisitions du parquet : le prévenu de 53 ans a été acquitté jeudi après-midi. Le camion, quant à lui, a été confisqué.
Au cours de sa plaidoirie, l’avocat à la défense du quinquagénaire avait constaté que «c’était le seul camion de la société qui n’avait pas de système de sécurité empêchant une quelconque mauvaise manipulation de la benne quand le camion est en train de rouler.» Me Valente avait, par ailleurs, soulevé que l’enquête n’avait pas permis d’établir que le conducteur ait actionné quoi que ce soit : «Donc, on ne peut pas retenir sa faute.» Il avait plaidé l’acquittement. Enfin, Me Valente avait précisé que «la troisième hypothèse, celle qui consiste à dire que la benne a pu se déclencher à retardement, n’a pas non plus été écartée par l’expert.» «Beaucoup de questions restent ouvertes», avait conclu l’avocat en donnant encore à considérer que, vu que le témoin lumineux était défectueux, le conducteur n’avait à aucun moment pu intervenir pour éviter ce tragique accident.
Reste à voir si le parquet interjette appel. Il a un délai de 40 jours.
Fabienne Armborst