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«Dorivaldo n’avait pas conscience qu’il commettait un viol»


Le 16 mai dernier, Carla avait évoqué avec beaucoup de pudeur sa relation avec Dorivaldo.

Pas de menaces, pas de violences, pas de viol. Dorivaldo conteste toutes les accusations en bloc. Son ancienne compagne reconnait ne pas avoir émis d’opposition aux relations sexuelles.

«Dorivaldo n’avait pas conscience qu’il était en train de commettre un viol», a affirmé Me Knaff. «Carla reconnait elle-même ne pas lui avoir opposé de résistance. Comment pouvait-il le savoir ? Il ne peut pas avouer des viols alors qu’il n’en avait pas conscience.»

Le couple était séparé, mais le jeune homme de 37 ans ne l’aurait pas entendu de cette oreille. La mère de ses trois enfants l’accuse de viols, de coups et blessures volontaires, de menaces verbales et avec un couteau ainsi que du vol de 190 euros en mars et en mai 2023. Sidérée par la peur que le jeune homme lui aurait inspirée, Carla a reconnu s’être soumise à son désir sans piper mot.

Qui ne dit mot consent, dit le proverbe. La défense le connait et l’utilise pour disculper le prévenu. «Comment a-t-il pu croire qu’elle était consentante ?», s’est offusquée la juge. Pour Me Knaff au contraire, «Carla ne savait pas dans quoi elle se lançait en l’accusant de viols.»

«La dépendance de mon client à la cocaïne la dérangeait. Elle voulait le forcer à se soigner pour qu’il redevienne celui dont elle était tombée amoureuse », a développé l’avocat. «Elle ne s’imaginait pas l’envoyer devant une chambre criminelle.»

Le parquet a retenu des circonstances aggravantes que l’avocat a tenté de balayer. «Ils ne vivaient pas ensemble habituellement. Il rentrait au gré de la volonté de Carla», précise-t-il avant d’ajouter que le dossier ne relève pas de traces matérielles de coups et blessures volontaires et que les menaces proférées par son client n’étaient pas en lien avec l’acte sexuel qui a suivi. «Il ne lui a pas dit : « Si tu ne consens pas, je te ferai ceci ou cela.« »

Le procès a débuté il y a deux semaines face à la 13ᵉ chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg avant d’être interrompu. Il a repris hier après-midi avec l’interrogatoire du prévenu qui a eu bien du mal à se dépêtrer face à une juge offensive qui connait le dossier sur le bout des doigts et soulève les incohérences de son discours.

Dorivaldo reconnait uniquement avoir cassé une porte de rage. «Elle ne m’a rien dit. Elle m’a laissé la déshabiller et m’a même fait une fellation. Elle a participé activement lors de la relation sexuelle», rapporte le prévenu qui refuse de «se mettre à la place de votre ancienne compagne».

«Elle dit, elle dit, elle dit…»

«Les personnes présentes le soir de mai ont témoigné avoir été terrifiées par votre attitude et par les menaces proférées», lui oppose la présidente. «Carla a raconté que votre comportement change, que vous devenez incontrôlable, ingérable et imprévisible quand vous consommez de l’alcool et des stupéfiants.» Dorivaldo ne relève pas. Il prétend être un père et un ancien compagnon aimant. «Je l’aime» et «mes enfants me manquent».

Dorivaldo reproche à Carla de ne pas non plus être un ange quand elle a consommé de l’alcool. «Avec tout le respect que je vous dois, je la connais», affirme le jeune homme qui campe sur ses positions. «Elle dit, elle dit, elle dit…» La juge lui conseille d’essayer de se mettre à la place de son ancienne compagne. «Elle a reconnu ne rien avoir dit et elle nous a expliqué pourquoi.» Il ne s’agissait pas de réconciliations sur l’oreiller pour mettre fin à une situation conflictuelle.

Le prévenu cause, cause, cause. Il se lance dans des explications de plus en plus tirées par les cheveux pour se dédouaner. Notamment que les accusations seraient une vengeance à son encontre parce qu’il lui a été infidèle à plusieurs reprises. Cette théorie est démontée par un expert judiciaire qui avait estimé que les accusations de la victime présumée étaient tout à fait crédibles et appuyées par les témoins qui ont attesté du comportement agressif du prévenu.

La gentillesse de Carla envers le prévenu était tout à son honneur, mais Dorivaldo a pu mal interpréter cet élan de solidarité et ne pas avoir compris quand il n’était pas le bienvenu à son domicile. «Elle était obligée de le laisser rentrer à cause des enfants et elle avait pitié parce qu’il vivait dans la rue», a estimé la magistrate.

«Après une telle altercation, il est peu crédible qu’elle ait consenti à une relation sexuelle avec lui alors qu’elle avait demandé à une proche de rester avec eux et à une autre de prévenir la police», selon la représentante du ministère public qui a soulevé les incohérences et explications divergentes du prévenu au fil de l’enquête.

«Il se perd dans ses différentes déclarations.» Le parquet lui reproche d’avoir imposé des viols aggravés à son ancienne compagne avec laquelle «il séjournait encore régulièrement», étant donné les éléments objectifs du dossier. Elle a demandé au tribunal de retenir les infractions à sa charge et a requis une peine de 8 ans de réclusion à son encontre.

Le prononcé est fixé au 20 juin prochain.