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Dix ans requis contre un cuisinier jugé pour viols sur la fille de ses patrons


La jeune fille avait expliqué que dans le contexte familial tendu, le cuisinier de ses parents était devenu son confident. (illustration Didier Sylvestre)

L’ex-employé d’un restaurant du sud du pays était convoqué jeudi au tribunal. Il est poursuivi pour viols et attentats à la pudeur sur la fille des ses patrons.

« Je ne l’ai obligée à rien. Ça s’est passé. C’était réciproque. » À la barre de la 13e chambre criminelle jeudi après-midi, le prévenu âgé aujourd’hui de 52 ans n’a pas contesté avoir eu des relations sexuelles avec la mineure de 14 ans fin 2015. Tout en insistant : «Je n’ai jamais profité d’elle.»

«Le problème c’est que la jeune fille avait 14 ans à l’époque. La loi luxembourgeoise prévoit qu’avant l’âge de 16 ans on ne peut donner valablement son consentement», l’a rapidement recadré la présidente.

– «Aujourd’hui, je connais la loi luxembourgeoise. C’était la première fois…»

Les faits remontent à fin 2015 et ont eu lieu dans le sud du pays. À l’époque, l’homme originaire du Brésil travaillait comme cuisinier dans le restaurant que tenaient les parents de la jeune fille.

C’est d’une manière un peu particulière que l’affaire avait éclaté au grand jour. Début décembre 2015 lors d’une dispute avec ses parents, l’adolescente avait appelé la police. La jeune fille reprochait à sa mère une relation extraconjugale. Quand la police est arrivée, la mère a tenté de dévier du sujet en lui reprochant à son tour de mener une liaison avec leur cuisinier…

Il prétend qu’elle l’avait « aguiché »

Le service protection de la jeunesse de la police judiciaire avait finalement été chargé de l’enquête. Car il n’y avait pas eu qu’un simple bisou comme l’avait laissé croire dans un premier temps la jeune fille. Au cours du mois de janvier 2016, l’adolescente de 14 ans avait constaté qu’elle était enceinte.

La jeune fille avait expliqué que dans le contexte familial tendu, le cuisinier de ses parents était devenu son confident. Il y avait eu une sortie en discothèque, un bisou… leurs premières relations consentantes avaient eu lieu à la maison quand ses parents étaient absents. Et puis il y avait eu une seconde fois dans une voiture près du restaurant.

Il avait fallu attendre près de trois ans et demi jusqu’à ce que le prévenu puisse être entendu une première fois par les autorités. Après les événements de décembre, il avait été licencié et avait quitté rapidement le pays. C’est finalement en juin 2018 alors qu’il comptait se rendre en avion à Londres que le quinquagénaire, contre lequel un mandat d’arrêt international avait été décerné, a pu être interpellé.

À part qu’il s’agissait de relations consentantes, sa version diverge quelque peu de celle de la jeune fille. Dès sa première audition, il a prétendu que c’est elle qui l’avait aguiché. Si elle n’avait pas fait cela, tout cela ne se serait pas passé…

«J’étais faible… j’avais bu quelques bières»

«Si vous dites qu’elle vous faisait toujours des avances, pourquoi n’avez-vous pas fait demi-tour quand vous avez vu que ses parents n’étaient pas à la maison la première fois ?», a tenté de creuser la présidente jeudi. Son refrain : «J’étais faible» et «j’avais bu quelques bières.»

Son avocat, Me Santos Mendes, a estimé qu’il y a lieu de prendre en compte la «divergence culturelle importante» de son client. Originaire du Brésil, il se serait marié à l’âge de 15 ans dans son pays. Quand, en 2014, il avait mis la première fois les pieds au Grand-Duché, il ne parlait pas les langues du pays.

«Ce n’était pas la petite aguicheuse version Lolita, mais une fille un peu perdue», a martelé le représentant du parquet au début de son réquisitoire. «Les infractions sont graves», a-t-il insisté en rappelant l’écart d’âge entre les deux protagonistes. «Elle est tombée enceinte à 14 ans. Elle a dû avorter.»

Le parquet requiert dix ans de réclusion contre le prévenu actuellement en détention préventive. Mais comme le quinquagénaire n’a pas d’antécédents judiciaires, il ne s’oppose pas à un large sursis.

La mère de la jeune fille s’est constituée partie civile. Elle réclame 5 000 euros de dommages et intérêts pour le compte de l’adolescente. Prononcé le 30 janvier.

Fabienne Armborst