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Dix ans requis contre le cafetier


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Selon le parquet, le quadragénaire patron de café a profité de la situation de détresse de ses serveuses pour abuser d’elles.

« Mon client conteste avoir pénétré la victime. Je demande qu’on acquitte mon client », a plaidé Me Vanessa Hayo. La demande pour la série de faits qui lui sont reprochés entre avril et août 2011 est la même. « Rien n’est matériellement prouvé. Rien ne permet de conclure qu’il y a eu un viol .»

Du côté du parquet, c’est toutefois un autre son de cloche. L’ancien patron (49 ans) de café à Niederkorn est poursuivi pour viols, attouchements, séquestration et coups et blessures sur deux serveuses en 2010 et 2011.

Le substitut principal, Gilles Herrmann, a qualifié le comportement du prévenu d’ « extrêmement dangereux. Il ne conteste pas les attouchements, mais les banalise. »

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Au cours de son réquisitoire, il est revenu sur les deux séries de faits reprochés au prévenu. « Il a profité de la situation de détresse des victimes », a-t-il soulevé. Mercredi, la victime, âgée aujourd’hui de 24 ans, avait expliqué avoir été violée par son patron le 25 juillet 2010. Cela se serait passé alors que tous les clients avaient quitté le café et qu’elle attendait d’être payée pour le travail qu’elle avait presté. Le tout avait commencé par des attouchements. « Elle pensait être maîtresse de la situation. Elle a accepté dans le but d’obtenir son argent », a récapitulé, jeudi, le substitut principal.

La deuxième serveuse avait témoigné avoir été victime d’abus sexuels entre avril et août 2011, lorsqu’elle logeait dans la chambre au-dessus du café mise à sa disposition par son patron. « Il savait dès le début qu’elle était dans la misère, qu’elle n’avait plus de contact avec ses parents, qu’elle n’avait pas d’argent et pas de logement », a noté le substitut principal. Ce dernier estime que les dépositions de la victime sont «claires et concordantes et ne laissent aucun doute : ce ne sont pas des faits uniques.»

Du dossier il ressort que la serveuse, âgée à l’époque de 22 ans, avait fini par incendier le bâtiment. « L’acte incendiaire est un acte de désespoir. Elle ne supportait plus la situation. Elle a mis le feu. »

«Il banalise tous les attouchements»

Après le viol du 25 juillet 2015 reproché, un prélèvement ADN avait été effectué. L’experte en génétique avait conclu que les résultats étaient plutôt en faveur d’une absence de pénétration, sans toutefois exclure une brève pénétration. « C’est ce que la victime a dit tout au long de l’instruction », a rappelé le substitut principal. Le parquet note, par ailleurs, que le quadragénaire n’a pas d’explication sur le fait que son ADN soit arrivé à cet endroit.

Enfin, Gilles Herrmann n’a pas manqué de revenir sur les témoignages d’autres serveuses entendues dans le cadre de l’enquête : « Des serveuses affirment qu’il fallait se défendre avec toutes ses forces pour qu’il s’arrête. »

« L’inculpé avait une image irrespectueuse des femmes. Il ne loupait pas une occasion de toucher les femmes aux endroits intimes. Il conteste les viols, la séquestration. Il banalise tous les attouchements », a conclu le substitut principal.

Le parquet ne constate aucune circonstance atténuante : « Il n’y a pas d’aveu, il n’y a pas de regrets et il n’y a pas d’excuses. » Le parquet finit par requérir dix ans de réclusion à l’encontre du prévenu.

Les avocats représentant les deux victimes ont soulevé le fait que ces dernières souffraient toujours de troubles post-traumatiques. « Jusqu’à aujourd’hui, ma cliente ne va pas bien. Elle est toujours en traitement », a plaidé Me Caroline Stirn, avant de réclamer 32 280 euros pour la première victime. Me Marc Lentz, qui représente la deuxième victime, demande autour de 267 000 euros de dommages et intérêts : « Depuis 2011, la vie de Madame n’est plus la même. »

Le 10 février, la chambre criminelle rendra son jugement.

Fabienne Armborst