Un ancien patron de café de Niederkorn, poursuivi pour abus sexuels sur deux serveuses en 2010 et 2011 a écopé de seize ans de prison, dont six avec sursis. Il doit, en outre, verser 30 000 euros de dommages et intérêts.
À la barre, l’ancien patron de café avait fermement contesté les viols et la séquestration. Quant aux attouchements, il les avait banalisés. « L’ADN retrouvé sur le prélèvement ne provient pourtant pas de mains baladeuses », avait interpellé la présidente de la chambre criminelle, Sylvie Conter, le quadragénaire.
Deux séries de faits étaient reprochées à cet ancien patron de café (49 ans), situé rue de Longwy à Niederkorn. Le premier remonte au 25 juillet 2010. Devant la chambre criminelle, la victime, âgée aujourd’hui de 24 ans, avait déclaré avoir été violée par son patron lors de son premier jour de travail. Cela s’était passé alors que tous les clients avaient quitté le café et qu’elle attendait d’être payée pour le travail qu’elle avait presté. Le tout avait commencé par des attouchements. « J’ai toujours rejeté ses avances », avait-elle témoigné en ajoutant qu’elle pensait avoir le contrôle. Elle avait accepté dans le but d’obtenir son salaire : « Je voulais avoir l’argent et rentrer. »
Il «banalise» les attouchements
La deuxième série de faits concerne la période entre avril et août 2011. La deuxième serveuse avait affirmé avoir été victime d’abus sexuels, à l’âge de 22 ans, lorsqu’elle logeait dans la chambre au-dessus du café mise à sa disposition par son patron. En lui enlevant régulièrement les clés, il l’aurait également empêchée de quitter l’établissement. « Le fait qu’elle ait fini par incendier la maison peut être interprété comme un appel à l’aide. Car les abus n’ont pas seulement eu lieu une seule fois », avait interprété l’expert-psychiatre qui a examiné la jeune femme.
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« Il a profité de la situation de détresse des victimes », avait soulevé le substitut principal, Gilles Herrmann, dans son réquisitoire en qualifiant le comportement du prévenu d’« extrêmement dangereux : il ne conteste pas les attouchements, mais les banalise ». Le représentant du parquet n’avait pas manqué de revenir sur les témoignages d’autres serveuses entendues dans le cadre de l’enquête : « Des serveuses affirment que le patron du café avait les mains baladeuses et qu’il fallait se défendre avec toutes ses forces pour qu’il s’arrête. »
Un prélèvement ADN avait été effectué après que la première serveuse avait porté plainte le 25 juillet 2010. L’experte en génétique avait conclu que les résultats étaient plutôt en faveur d’une absence de pénétration, sans toutefois exclure une brève pénétration. « C’est ce que la victime a dit tout au long de l’instruction , avait soulevé le substitut principal. Il n’y a pas d’aveu, il n’y a pas de regrets et il n’y a pas d’excuses. » Le parquet avait fini par requérir dix ans de réclusion à l’encontre du prévenu.
La 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement a reconnu coupable le quadragénaire et l’a condamné, mercredi, à seize ans de prison dont six avec sursis. Une peine assortie d’un suivi psychiatrique et d’une obligation d’indemniser les victimes. Aux parties civiles, qui souffrent, d’après l’expert, toujours de troubles post-traumatiques, il doit ainsi verser 30 000 euros au total. Pour rappel, la première victime réclamait 32 280 euros de dommages et intérêts et la deuxième 26 700 euros.
Le quadragénaire a 40 jours pour faire appel.
Fabienne Armborst