Paula a le nez cassé dans une dispute familiale. Elle affirme avoir été frappée par son beau-frère, qui n’en serait pas à son coup d’essai. Lui accuse le mari de la victime.
«Je me suis défendu avec mes bras comme j’ai pu, mais je n’ai agressé personne», a assuré hier Lino. L’homme de 44 ans est suspecté de coups et blessures et de menaces de mort ainsi que d’avoir craché sur Paula, la compagne de son frère, les 23 et 24 juillet 2018.
«Il a commencé à m’accuser de choses que je n’avais pas faites à la machine à laver le linge. Lino me reprochait d’enlever le tiroir pour que sa compagne et lui ne puissent pas l’utiliser», avait expliqué Paula, la victime présumée, le 29 mars à la barre de la 7e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Lino m’a craché dessus et m’a menacée.» Le ton est monté. Son compagnon, le frère de Lino, a pris sa défense. «J’ai senti un coup. J’ai senti le sang qui coulait. Je ne sais pas avec quoi j’ai été frappée», avait poursuivi la femme de 50 ans. Son nez est cassé à la suite du coup et elle doit être hospitalisée. Le lendemain, alors qu’elle revenait de l’hôpital, Lino l’aurait menacée de mort et l’aurait attrapée par le cou.
Lino nie en bloc
La précédente audience avait été interrompue faute de temps. Les débats ont repris hier. Lino a raconté sa version des faits. Le prévenu assure que son frère l’a attaqué avec une batte de base-ball après avoir cassé son lave-linge. À l’époque, il vivait dans le même immeuble que son frère et sa belle-sœur. Les relations familiales n’étaient pas au beau fixe. Lino a déjà été condamné pour des faits de coups et blessures volontaires à l’encontre de Paula, antérieurs à ceux pour lesquels il comparaissait hier. De plus, selon l’avocate de la partie civile, deux autres faits de violence contre sa belle-sœur n’auraient pas encore été jugés. Lino nie en bloc. «Je ne suis pas quelqu’un d’agressif», assure le prévenu. «Vous avez pas mal de condamnations pour quelqu’un qui n’est pas violent», constate le président de la 7e chambre correctionnelle.
Ces condamnations ne jouent pas en faveur du prévenu et le placent en situation de récidive pour le procureur, qui estime que «les faits résultent à suffisance du dossier répressif». Les infractions sont, selon le magistrat, établies et il a demandé au tribunal de les retenir. «Il est inacceptable de s’en prendre à une femme», indique-t-il. De ce fait, il a requis «la peine la plus élevée possible», 24 mois de prison et une amende appropriée, et s’est opposé à tout sursis.
Paula, victime collatérale ?
Un voisin intervenu pour calmer les esprits avait confirmé la version des faits avancée par la victime présumée. «J’ai cru que Lino voulait la tuer. J’ai dit à Paula et Paulo de sortir de la maison et à Lino de monter à l’étage», avait-il notamment témoigné en mars dernier.
Pour Me Pim Knaff, l’avocat de Lino, «les faits ne sont pas établis», de même que la nature des blessures. En outre, Paula aurait varié de version à la barre, selon lui. Lino n’a pas frappé sa belle-sœur, a plaidé l’avocat. Il explique que la victime présumée, contrairement à ce qu’elle affirme, ne se serait pas trouvée seule avec le prévenu lorsqu’elle a reçu le coup de poing sur le nez. Paulo, le frère de Lino, a pu lui porter le coup de manière involontaire. Il joue sur le fait que la victime n’a pas vu Lino lui porter le coup. Elle serait une victime collatérale de la bagarre. «Il s’agissait d’une nouvelle dispute entre les membres d’une même famille», précise-t-il avant de contester toutes les infractions à la charge de son client, y compris les menaces de mort, les crachats et la tentative de strangulation.
«Le fait qu’il ait déjà été condamné pour des faits similaires ne constitue pas une preuve de sa culpabilité», souligne Me Knaff, et de rappeler que Lino ne se trouvait pas en état de récidive, puisqu’il n’avait pas encore été condamné au moment des faits. Il plaide l’acquittement pour son client et le dépassement du délai raisonnable. Il demande également à la chambre correctionnelle de se déclarer incompétente en ce qui concerne la constitution de partie civile ou tout du moins de réduire les montants demandés. L’avocate de Paula avait demandé la somme de 10 000 euros.
Le prononcé est fixé au 19 mai.