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Deux jeunes accusés de cambriolages : «désorganisation» criminelle


Les deux prévenus sont en détention provisoire depuis près d’un an. (photo archives LQ)

À peine majeurs et sans papiers, ils vivent du produit de leurs délits. Hamza et Nouh disent vouloir retrouver le droit chemin et ont demandé une chance d’y parvenir.

Qui sont Hamza et Nouh ? Les deux jeunes hommes à peine majeurs ont plusieurs identités, plusieurs dates de naissance et plusieurs alias. Pour la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, ils sont entre autres les auteurs présumés, seuls ou en duo, d’une série de cambriolages, de tentatives de cambriolages et d’un vol avec violence d’une montre de luxe. Le tout sur le territoire de la ville de Luxembourg entre février et avril 2021. «Un cas classique» lié à «l’échec de l’Europe à gérer son immigration», selon l’enquêteur de la section de répression du grand banditisme de la police judiciaire, jeudi après-midi.

Le 24 avril 2021, il est contacté par la police suisse. Les deux jeunes hommes ont été arrêtés dans la région de Neuchâtel la veille à la suite d’un cambriolage. Sur leurs téléphones, les policiers suisses ont trouvé des preuves de délits commis au Luxembourg. «Le 19 avril, ils étaient dans un commissariat au Luxembourg après avoir été arrêtés dans un squat de la route d’Arlon où un grand nombre d’objets volés ont été retrouvés», explique le policier. «Ils se sont filmés avec des liasses de billets plein les mains, en sniffant des benzodiazépines, entourés de guitares et de valises pleines de choses volées. Ces valises, nous ne les avons jamais retrouvées.»

Contrairement aux traces d’ADN retrouvées sur différents lieux de cambriolages ou aux photographies compromettantes. Ce qui n’a pas empêché Hamza et Nouh de contester certains faits ou de les mettre à leur sauce au fur et à mesure des interrogatoires. Nouh a obtenu un non-lieu pour deux cambriolages commis seul par son compère pendant qu’il se trouvait au centre de rétention. «En tant qu’illégaux, ils étaient en situation de détresse, c’est vrai», concède l’enquêteur. Cependant, étant donné la valeur des objets volés et les images des valises, il pense qu’ils ont pu tirer profit des vols. «Mais où est l’argent ?» L’enquête n’a pas permis de le découvrir.

Hamza avance avoir commis les délits pour payer son loyer. Dans une des maisons visitées, ils auraient volé pour près de 100 000 euros de biens. Notamment une valise d’une marque de luxe qui apparaît sur les photos. «Ils ont volé bien plus que ce dont ils avaient besoin pour vivre. Ils pensaient obtenir quoi en échange d’une médaille de l’ordre du mérite ? (…) Ils ont voulu prendre le plus de choses possible, le plus rapidement possible», rétorque la présidente qui conteste leur stratégie de défense et ne veut plus entendre «d’histoires» de leur part. Elle veut la vérité, mais Hamza la contourne avec plus ou moins d’habileté.

Rien de structuré

Trente minutes plus tard, Hamza reconnaît avoir vendu leur butin «à n’importe qui dans le quartier de la gare» et fait des aveux partiels. Les valises auraient contenu leurs effets personnels pour les transporter à la laverie, mais elles auraient été volées par d’autres squatteurs. «Que vouliez-vous que nous fassions avec des valises ?», lance le jeune homme, bravache. «Il y a beaucoup de choses que vous n’avez pas trouvées.»

Pour ce que la police a trouvé, le procureur a requis des peines de 38 mois de prison à l’encontre d’Hamza et de Nouh. Il n’a pas retenu l’association de malfaiteurs, faute de preuves en ce sens, et a souligné «la grande énergie criminelle» des deux jeunes gens qui voyageraient en Europe pour commettre des délits. «Ils n’avaient pas de planque» et «ils gardaient fièrement les photographies de leur butin», a avancé Me Wies, l’avocat d’Hamza, pour tenter de justifier d’une «désorganisation» plutôt que d’une organisation de malfaiteurs. Il a prié le tribunal de faire preuve de clémence en raison de leur jeune âge, notamment.

Me El Handouz, l’avocate de Nouh, plaide également en faveur de l’acquittement de son client du chef d’association de malfaiteurs. «Il n’y a rien de structuré dans leur manière de fonctionner», souligne-t-elle. Quant au faux nom, le jeune homme étant sans papiers et en l’absence d’acte de naissance, il serait impossible de le déterminer avec certitude. Nouh aurait, selon elle, choisi ce chemin en raison du covid qui l’a empêché de travailler au noir. «Cela n’excuse rien, mais cela explique son parcours jusqu’à ce jour.» Après avoir énuméré les circonstances atténuantes qui jouent en faveur de son client, elle a demandé que la peine prononcée ne dépasse pas les 30 mois de prison pour lui permettre de «se construire un avenir». Tous deux ont juré de ne pas recommencer à voler.

Le prononcé est fixé au 16 mars.

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