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Deux ans ferme pour avoir dérobé l’héritage d’une mère en deuil


Le trentenaire va devoir rembourser les 427 575 euros dont la victime a été dépossédée. (illustration Didier Sylvestre)

Alessandro S., reconnu coupable d’avoir raflé l’héritage d’une mère en état de faiblesse, a été condamné jeudi à 4 ans de prison dont 2 avec sursis. Placé sous le régime du sursis probatoire pendant la durée de cinq ans, il a l’obligation de rembourser intégralement la victime.

Près de 500 000 euros, c’est la somme que le parquet reprochait au prévenu Alessandro S. d’avoir empochée entre juillet 2015 et début 2017. «Sans le moindre scrupule, il a exploité la détresse de Madame. Il ne fait preuve d’aucun repentir. Il se borne à contester l’incontestable», avait récapitulé son représentant lors de son réquisitoire. Au moment de l’intervention de la police, la quinquagénaire se trouvait avec un verre de rosé dans sa chambre d’hôtel. «Il avait tout, elle n’avait plus rien.»

Placée sous curatelle et souffrant d’un trouble bipolaire, elle avait déposé plainte début 2017. Elle se sentait grugée par l’homme qui accompagnait son fils sur le banc des prévenus. Les déclarations faites dans le cadre du procès du fratricide d’Esch avaient également alerté le parquet. Alessandro S., poursuivi alors pour recel de malfaiteur (entretemps il a été condamné), y avait en effet lâché que la mère de la victime lui avait offert gracieusement la somme de 180 000 euros pour l’achat d’un appartement.

L’enquête diligentée avait permis de retracer d’autres flux financiers faramineux : il n’y avait pas eu que l’appartement. Il y avait également eu l’histoire des voitures, l’achat d’une prétendue maison à Goebelsmühle… En gros, il s’agissait de la somme dont la mère avait hérité après que son fils eut tué son autre fils fin 2014. «Cette somme qui n’a porté bonheur à personne», comme l’avait qualifiée le parquetier.

La perquisition au domicile d’Alessandro S. avait permis aux enquêteurs de saisir toute une série de documents faisant état d’un certain nombre de virements. Ses communications téléphoniques avaient aussi attiré leur attention. Ils avaient notamment pu retracer un échange de SMS où quelqu’un avait écrit à Alessandro S. : «Grâce à tout ton effort, tu as réussi (…)» Un indice, selon l’enquêteur entendu, que l’abus de faiblesse était bien préparé.

Confiscation de l’appartement

À la barre, le prévenu, âgé aujourd’hui de 37 ans, avait contesté haut et fort avoir abusé de la faiblesse de la quinquagénaire. Le trentenaire avait brandi aux juges les billets d’avion qui l’auraient conduit le 23 février 2017 à Londres. «Au lieu d’abuser d’une prétendue faiblesse, Alessandro S. était en Angleterre», avait-il argué. Il avait aussi nié les autres infractions de faux et escroquerie qui lui étaient reprochées : «Je conteste le terme de falsification. J’ai reproduit sa signature après concertation avec elle.»

Pour le parquet, la conclusion de l’expertise psychiatrique était cependant claire. «Au moment des faits, Madame se trouvait dans un état de particulière vulnérabilité.» Décrivant une femme souffrant de gros troubles psychiatriques avec une tendance dépressive depuis plus de 30 ans, l’expert estimait qu’elle ne pouvait échapper à Alessandro S.

Jeudi après-midi, la 16e chambre correctionnelle l’a reconnu coupable. Le trentenaire, qui se trouve depuis deux ans à Schrassig, écope de quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et d’une amende de 2 500 euros. Placé sous le régime du sursis probatoire pendant la durée de cinq ans, il a l’obligation de rembourser intégralement la victime. La demande de la partie civile a été déclaré fondée pour le montant de 427 575 euros. De cette somme sera déduit l’appartement dont le tribunal a ordonné la confiscation. Enfin, la victime se voit allouer une indemnité de procédure de 1 500 euros.

Alessandro S., qui avait déclaré à la barre «Je suis un combatif», a 40 jours pour interjeter appel contre le jugement. À la sortie du prononcé, son avocat, Me Roby Schons, a annoncé vouloir lire ce dernier à tête reposée avant de prendre une quelconque décision.

Fabienne Armborst

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