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Déboires au tribunal : «Je risque de perdre mon travail…»


Au Luxembourg, il est interdit de conduire avec une alcoolémie supérieure à 0,5 g. (Illustration : archives lq/Isabella Finzi)

Boire ou conduire? Un chargé d’affaires de chantier, un étudiant et… un majordome n’ont pas su choisir. Ils avaient rendez-vous vendredi matin devant le tribunal correctionnel.

«Prendre le taxi, c’est toujours moins cher. Car ici les amendes vont jusqu’à 10 000 euros!» La phrase retentit régulièrement au tribunal. La conduite en état d’ivresse continue à occuper la justice. Voici trois affaires jugées vendredi matin devant la 12e chambre correctionnelle. Les trois automobilistes avaient dépassé à l’automne dernier le taux autorisé par la loi de 0,5 g d’alcool par litre de sang. Sachant qu’à partir de 1,2 g une interdiction de conduire est obligatoire, cela se complique quand on tient à son permis de conduire pour aller au travail ou à l’école.

«C’est facile de regretter devant le juge…»

«Je sais que j’ai fait une grande erreur en buvant quelques verres au café…» Le quadragénaire entendu est peu fier de ce qui s’est passé le 10 octobre dernier. Peu avant 1 h du matin, il est tombé sur un contrôle de police rue de Medernach, à Larochette. Résultat du test d’alcoolémie : 1,5 g par litre de sang. «Je risque de perdre mon travail… Je suis majordome.»

«Si votre permis est important pour votre travail, pourquoi avoir pris le volant après avoir bu? C’est facile de regretter devant le juge…», constate le président en jetant un coup d’œil dans son casier judiciaire : «Vous entamez la deuxième page dans votre casier judiciaire : après un défaut d’assurance a suivi une ivresse au volant… Aujourd’hui c’est votre troisième affaire…»

Son avocat tentera de sauver les meubles : «Les derniers faits remontent à 2015. On vous prie d’accorder un aménagement de peine pour les trajets dans le cadre de son travail.» La parquetière réclamera au final une amende et une interdiction de conduire de 15 mois. «Mais sans sursis à cause de ces antécédents.» Et de l’avertir : «La prochaine fois, le parquet demandera une peine de prison.»

Ivre avec 2,56 g pour aller de Bascharage à… Bascharage

Même conclusion pour l’étudiant qui a défilé dans la foulée à la barre. À 23 ans, le jeune homme n’en est pas à sa première affaire. Lors de la Béierfest de la Brasserie nationale à Bascharage, la bière avait coulé à flots. Après avoir été mis à la porte avec son ami vers 3 h, il a eu la mauvaise idée de prendre le volant. Il avait été arrêté 50 m plus loin… avec le taux conséquent de 2,56 g par litre de sang. Le président : «Vous comptiez aller où?»

– «Juste rentrer chez moi à… Bascharage.»

– «De Bascharage à Bascharage, ça c’était intelligent…», soupire le président.

Sans permis depuis cette date, l’étudiant aimerait le récupérer. Car difficile de combiner son activité d’aide-serveur dans un café et ses cours du soir à l’ECG : «En ce moment, j’arrive en retard à l’école…» «C’est votre deuxième affaire. En 2018, vous aviez été arrêté à Liège», lui remémorera la parquetière avant de requérir une amende et une interdiction de conduire de 25 mois. Elle s’oppose à un sursis total.

«Je peux reprendre ma voiture?»

Ce n’est pas le seul prévenu à avoir dépassé de cinq fois le taux de la limite légale. Le quinquagénaire interpellé le 11 octobre vers 1 h 30 à quelques mètres de la frontière, au rond-point des Terres Rouges à Esch, n’avait pas non plus lésiné avec l’alcool : 2,4 g par litre de sang. Le seul élément qui parle en sa faveur est qu’il n’a pas d’antécédents en la matière.

Le chargé d’affaires de chantier a d’ailleurs pu récupérer son permis dès le mois de novembre pour effectuer les trajets correspondant à ses besoins professionnels. Le parquet requiert une amende et une interdiction de conduire de 24 mois : «Un sursis partiel est possible au vu de son absence d’antécédents.»

«Maintenant je peux reprendre ma voiture?», s’est empressé de demander le prévenu au juge.

– «Non. La voiture, c’est uniquement pour vos trajets professionnels! Jusqu’au 7 février, rien ne change.» C’est la date à laquelle le tribunal rendra son jugement dans cette affaire, comme dans les deux précédentes.

Fabienne Armborst