À la barre vendredi, le prévenu Lee K. a médit l’enquête policière. À part lui-même et le coprévenu, personne ne saurait comment le dealer retrouvé dans la forêt de Leudelange fin 2016 est mort.
«Pour vous c’est facile. Vous prenez votre voiture et vous vous garez dans le parking. Pour ma part, je dois me lever à 6h, prendre une douche, m’habiller… puis traverser la prison et venir ici… Et tout cela pour la 15e fois aujourd’hui.» Vendredi matin, un certain agacement était palpable du côté du prévenu Lee K. (36 ans). Après l’avoir interrogé trois longues heures la veille, sur la mort du dealer nigérian retrouvé dans la forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff, la 13e chambre criminelle ne l’a de nouveau pas lâché d’une seconde. Cette fois-ci, c’était le deuxième fait que le parquet lui reprochait : la jeune prostituée tuée découverte sur le parking du Fräiheetsbam, le 14 novembre 2016 au petit matin.
«Je n’ai rien à voir avec Flori. Trois ans après, ma position n’a pas changé.» Lee K. campe sur sa position que c’est le coprévenu Alden S., donc celui qui aurait également tué le dealer, qui lui aurait emprunté la Mercedes A170 le soir du 13 novembre 2016. Il aurait voulu aller chercher quelqu’un à l’aéroport. C’est lui qui aurait ramené le véhicule avec la vitre cassée.
Une version sur laquelle la présidente a quelques doutes : «Vous auriez prêté la voiture avec vos armes à l’intérieur à celui qui avait tué le dealer quatre jours plus tôt ?»
De l’enquête, il ressort qu’à l’heure de la disparition de la prostituée, des images de vidéosurveillance dans le quartier de la Gare avaient fait apparaître un homme de la stature de Lee K. au volant de la Mercedes A170. Or pour Lee K., ceci n’est pas une preuve. «Je ne suis pas la seule tête chauve dans la salle», a-t-il lancé en se retournant vers le public. Stupéfaction dans la salle.
Le rendant attentif sur le fait qu’il avait annoncé avoir beaucoup de choses à dire, la présidente a fini par lui remarquer : «Pour l’instant on n’a rien entendu de neuf !»
Énervé, il a martelé : «Je n’ai rien à avoir avec Flori.»
Le constat de la présidente : «On aura appris que quand vous vous énervez un peu, vous explosez. On vous dit merci pour cela.
– Je suis toujours en prison. J’ai une autre pression que d’autres personnes. J’essaie de me défendre.» Que le coprévenu Alden S. ne se trouve plus en détention préventive depuis le printemps 2017, il ne l’a toujours pas digéré. «C’est injuste.»
Deux victimes, un même refrain
«Si vous croyez toute la merde qui est écrite dans le dossier… Les seuls qui savent ce qui s’est passé, ce sont Alden S. et moi-même», dira-t-il encore.
Présidente : «Mais vous ne le dites pas. Théoriquement, vous devriez avoir la même histoire tous les deux. Ce qui n’est toutefois pas le cas.»
«Pourquoi avez-vous rédigé, le 9 novembre 2016, le message « T’as envie d’aller tuer quelqu’un ? »», a tenté de le relancer le procureur d’État adjoint. À part qu’Alden S. en était le destinataire, Lee K. n’apportera pas plus de détails. Mais le représentant du parquet n’a pas désarmé : «Donc c’était planifié d’avance.
– Je ne l’ai pas tué.»
Même refrain lorsqu’il lui a remémoré que d’après les traces de sang sur son jean, il ne pouvait pas se trouver au volant au moment du tir et que c’est donc seulement lui qui peut avoir tué le dealer.
«– Comment se fait-il que celui qui tue la prostituée ait pris exactement la même arme ?, a encore soulevé le procureur adjoint.
– Je n’étais pas là. Je ne peux pas vous donner d’explication.»
N’empêche que l’arme ne contient que les traces ADN de Lee K. et celles des deux victimes, mais pas celles d’un tiers.
«Pourquoi Christopher O. et Florentina E. ont-ils dû mourir ?, voulait enfin savoir le représentant du parquet
– Pour Florentina, je ne peux vous le dire. Pour Christopher O., je peux juste vous dire qu’il y a eu une dispute avec Alden S. au sujet des 5 g de cocaïne, et que le coup de feu est tombé.
– En tant que parquet, je suis déçu que tous deux n’ayez pas eu le courage de dire, par respect pour les victimes, comment cela s’est vraiment passé.»
Suite du procès le mardi 19 novembre avec les plaidoiries de la défense.
Fabienne Armborst