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Coups, menaces et tentative de viol : 3 ans requis contre l’«homme possessif»


Le prévenu de 50 ans se trouve actuellement sous contrôle judiciaire. Le dernier incident remonte à début mars 2017. Depuis juillet 2017, le couple est divorcé. (Photo : archives lq/Isabella Fnizi)

«La victime dans cette affaire, c’est moi.» Voilà les derniers mots du quinquagénaire mardi matin à la barre de la chambre criminelle. Jusqu’au bout, il aura nié avoir frappé, violé… et menacé de mort son épouse. Dans son réquisitoire, le parquet l’avait qualifié d' »homme possessif, jaloux et agressif » et demandé à ce que sa peine soit assortie d’un sursis probatoire.

«À 1 h du matin personne ne va voir sa femme pour lui parler de décomptes bancaires ou de pension alimentaire. En cas de rupture, les finances cela se discute au téléphone ou via son avocat, mais pas lors d’une course poursuite jusqu’à Wickrange.» Dans son réquisitoire mardi matin, le substitut principal Laurent Seck a parlé d’une «scène» digne «d’un film» qui avait eu lieu début mars 2017. Il n’aura pas non plus hésité à qualifier le prévenu de 50 ans d’«homme possessif, jaloux, agressif et dangereux» : «il ne digère pas la rupture, il suit donc sa femme en voiture, l’attend à la sortie de son travail…»

Dans cette affaire complexe, les faits de harcèlement obsessionnel avaient été les derniers incidents signalés à la police. Ensuite tout semble s’être calmé pour de bon. Et depuis juillet 2017, le couple est divorcé.

Pour le début de l’enquête du SREC Esch, il faut remonter au 24 janvier 2016. C’est la date où l’épouse avait une première fois appelé le 113. Expliquant avoir réussi à s’échapper de la chambre conjugale de leur appartement à Schifflange, elle avait déclaré avoir été victime de coups et blessures, d’insultes et de menaces et d’une tentative de viol. Elle s’était saisie de l’occasion pour sortir de son silence : en plus de 20 ans de mariage, ce n’était pas la première fois que son époux abusait d’elle. Elle avait notamment parlé d’un «couteau de cuisine contre la tête», de menaces de mort… et du fait qu’il aurait profité qu’elle prenait des somnifères pour la violer au moins à deux reprises à l’automne 2015. À l’entendre, c’est à cette époque que tout avait empiré.

Des accusations que le prévenu expulsé du domicile et placé sous contrôle judiciaire conteste en bloc. Sa position n’avait pas changé à l’ouverture de son procès devant la 13e chambre criminelle fin mai. Selon lui, elle a inventé toute cette histoire pour pouvoir vivre avec son nouvel petit ami…

«Pas un malentendu, mais une menace»

Interrogé, mardi matin lors de la suite des débats, plus particulièrement sur les accusations de harcèlement après son expulsion, le prévenu parlera de rencontres «par hasard» ou de problèmes à régler «à cause de l’argent».

«Après plus de 20 ans de mariage, la rupture a été certes compliquée, mais au niveau pénal, il faudra clarifier quelles charges sont punissables», a renchéri Me Gennaro Pietropaolo. Pour l’avocat du quinquagénaire, «difficile de retenir que l’épouse a subi des coups et blessures en continu depuis leur mariage au Portugal jusqu’à leur emménagement au Luxembourg». Faute de preuves. Le certificat médical établi le 24 janvier 2016 à l’hôpital, relève des hématomes et griffures, mais en aucun cas il ne démontrerait que son client avait l’intention d’infliger des blessures. Le dossier fait également état de SMS troublants qu’il avait envoyés à sa femme. «Après la rupture, il y a eu une certaine frustration dans l’air», poursuit l’avocat. «Mais de là à parler de menaces…»

Il rappellera aussi que, depuis janvier 2016, son client se trouve sous contrôle judiciaire. «Il y a eu quelques dérapages. Il est aussi passé par la case prison pendant cinq jours. Mais il a saisi la deuxième chance que la chambre du conseil lui a donnée.» Voilà pourquoi il demande d’assortir la peine d’un sursis pour qu’il puisse continuer son travail.

Une demande sur laquelle le rejoindra le représentant du parquet. Afin de s’assurer que le quinquagénaire reste «calme», il demandera d’assortir la peine de prison de 36 mois d’un sursis probatoire avec l’obligation de fréquenter le service de consultation et d’aide pour auteurs de violences «Riicht eraus» et qu’il se tienne éloigné de madame.

La désormais ex-épouse réclame 32 300 euros

Pour le substitut principal, les messages dans lesquels le prévenu demande à son épouse de retirer sa plainte sont plus que clairs. «Écrire que « sinon une tragédie allait arriver », ce n’est pas un message sur un malentendu. C’est bien une menace!» Le parquet estime également qu’il y a bien eu tentative de viol le 24 janvier 2016. En témoignerait le certificat médical retraçant des blessures au niveau des cuisses. Pour les viols présumés de l’automne 2015, il se rapporte à sagesse du tribunal.

Le parquet n’a pas requis d’amende. Il considère que le prévenu aura suffisamment à dédommager avec la demande de la partie civile. Son épouse, devenue entretemps son ex-épouse, réclame en effet via son avocat Me Catia Oliveira un total de 32 300 euros de dommages et intérêts.

Jusqu’au bout, le prévenu aura clamé son innocence. «La victime dans cette affaire, c’est moi. Madame a fait exprès pour qu’elle ait tous les biens…» C’étaient ses derniers mots mardi avant que la 13e chambre criminelle ne prenne l’affaire en délibéré.

Prononcé le 2 juillet.

Fabienne Armborst

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