Selon la victime entendue mardi, son agresseur avait pris le couteau derrière le comptoir où ils étaient assis.
« J’étais ivre ce soir-là, je ne me rappelle plus les faits. » Le prévenu de 29 ans a maintenu mardi matin, à la barre, qu’il ne se souvient pas du coup de couteau porté le 27 janvier 2014 vers 23h30 dans un bar-restaurant du centre-ville à Luxembourg. «C’est un peu la solution de facilité», lui a fait remarquer la présidente de la chambre criminelle, Sylvie Conter. À noter qu’à l’époque, sa première déclaration à la police avait été : «Je suis un ancien militaire. Je sais me défendre. Il a voulu me voler mon portefeuille. J’ai donc pris le couteau.»
Retour sur les faits. Le 27 janvier 2014, le prévenu avait porté à sa victime un coup de couteau au niveau du thorax, causant une plaie profonde passant à trois millimètres de la carotide. L’agresseur comme sa victime avaient été mis immédiatement à la porte du bar-restaurant. À leur arrivée sur les lieux, les agents de la police avaient retrouvé le couteau maculé de sang dans la poubelle. Mais le fait de savoir comment il a atterri à cet endroit reste un mystère. L’agresseur n’avait pas pris la fuite, avait été arrêté et placé quatre mois en détention préventive.
C’est avec beaucoup de chance que la victime a survécu. En effet, d’après le rapport du médecin, si le couteau avait touché la carotide, la victime se serait vidée de son sang. Elle avait néanmoins dû être opérée d’urgence.
Devant les juges, la victime, âgée aujourd’hui de 25 ans, a expliqué hier avoir fait connaissance de son agresseur quelques instants plus tôt, à l’arrêt de bus. Il explique avoir voulu aider cet homme «bien habillé» qui semblait assez ivre. Ainsi lui avait-il conseillé de ne pas faire des signes à la police dans son état. Mais quand il avait voulu s’en aller, il se serait mis à ses trousses.
C’est ainsi qu’ils s’étaient retrouvés à l’heure de fermeture dans le bar pour boire un verre. La victime affirme avoir reçu le coup de couteau au moment de dire au revoir. Son agresseur aurait pris le couteau derrière le comptoir. «Il n’y a pas eu de dispute auparavant», assure la victime. Ce que d’autres témoins, entendus mardi, ont également confirmé.
La partie civile réclame aujourd’hui autour de 23 000 euros de dommages et intérêts. L’avocat à la défense du prévenu, quant à lui, parle d’ «une bagarre d’ivrognes qui a mal tourné».
Douze ans de réclusion requis par le parquet
Or, pour le parquet, il n’y a aucune raison de mettre en doute le déroulement des faits. «La victime arrive à se souvenir de tous les détails. C’est un récit minutieux qui n’est contredit par rien dans le dossier», note le premier substitut, Patrick Konsbrück. Dans son réquisitoire, il a également soulevé que la lame du couteau de 12 cm avait été enfoncée de 10 cm : «Le geste a été mené jusqu’à sa fin. C’est probablement le manche qui a arrêté le geste.»
Le parquet a fini par requérir douze ans de réclusion contre le prévenu pour tentative de meurtre. Il n’est toutefois pas opposé à ce que la peine soit assortie d’un sursis simple ou sursis probatoire. Le tribunal rendra son jugement le 15 octobre.
Fabienne Armborst