Lynn aurait encaissé les coups jusqu’au jour où Félix serait allé trop loin. Depuis, il est en détention préventive et elle panse ses plaies. Félix a été jugé ce jeudi.
Ce n’était pas la première fois. C’était peut-être la neuvième ou la dixième fois. Lynn ne sait plus exactement. Le petit bout de femme aurait perdu le compte à force. Une chose semble certaine, c’était la dernière fois. Et aussi la pire de toutes.
Lynn aurait été régulièrement victime de violences domestiques, «toutes les deux semaines environ ou au moins une fois par mois», par Félix, son premier amour rencontré sur un réseau social. Le jeune homme de 20 ans partageait sa vie entre la rue, un foyer pour sans-abri et le domicile de la jeune femme à Esch-sur-Alzette. Après une année de relation, Lynn aurait une nouvelle fois décidé d’y mettre un terme. Le couple se serait disputé et la jeune femme aurait refusé qu’il passe la nuit chez elle. Félix ne pouvant regagner le foyer duquel il avait été expulsé, elle aurait finalement accepté de l’accueillir à condition qu’il s’en aille au matin.
Ce 19 juillet 2021, le couple se serait disputé à nouveau «pour rien», a témoigné la toute jeune femme. Félix aurait été violent et l’aurait frappée au visage avec le poing, lui brisant le nez, touchant l’œil et l’arcade sourcilière. Il aurait également utilisé ses pieds. Réalisant ce qu’il venait de faire, il aurait prévenu les secours.
Jusqu’alors, la toute jeune femme n’avait jamais porté plainte contre lui. À la barre, ce jeudi, elle a invoqué l’enfance difficile du jeune homme et ne voulait pas en rajouter. «Dans un couple, quand ce genre de choses se produit, il faut dire stop immédiatement, sinon les faits risquent de se reproduire et de s’aggraver», lui a conseillé la présidente de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Il me forçait à lui redonner une chance, a expliqué la jeune femme. Il revenait sans cesse.
«Pour le moment, elle n’a plus peur»
Son avocat a produit des photographies montrant certaines blessures que le prévenu aurait infligées à la jeune femme avant qu’elle se constitue partie civile, ainsi que dix mémoires d’honoraires provenant de divers médecins, ORL et dentistes, entre autres. «Ces violences ne se limitent pas à un incident isolé, a noté l’avocat. Pour le moment, elle n’a plus peur parce que le prévenu est incarcéré en détention préventive. Pour le moment.» Insinuant qu’il finira par sortir de prison un jour. C’est pourquoi il a demandé au tribunal, si la peine qu’il sera amené à prononcer contre Félix devait être accompagnée d’un sursis, qu’il opte pour un sursis probatoire assorti de conditions. «Il devra régler ses problèmes avec un suivi psychologique ainsi qu’être interdit d’approcher sa victime», a précisé l’avocat.
Interrogé à son tour, le prévenu a succinctement raconté son parcours de vie à la barre. Depuis son plus jeune âge, il serait passé de foyer en internat avant d’être placé dans une famille d’accueil. Au moment des faits, il avait été expulsé du foyer Ulysse pour une raison qu’il a refusé d’évoquer face aux juges. Il a reconnu avoir du mal à maîtriser son agressivité.
«Il regrette, a tempéré son avocate. Il est conscient de la gravité des faits commis et du fait que son comportement est inacceptable.» Elle a avancé que Félix a du mal à exprimer et à gérer ses émotions et qu’il «a perdu le contrôle». Elle a demandé qu’une peine la plus basse possible soit prononcée à son encontre et a plaidé, comme son confrère de la défense, en faveur d’un sursis probatoire avec obligation de suivre une thérapie pour régler ses problèmes de comportement.
La procureure a estimé que les faits de coups et blessures volontaires étaient donnés avec la circonstance aggravante que le prévenu vivait sous le même toit que la victime présumée au moment des faits. Félix aurait infligé des «blessures graves» à Lynn, qui lui aurait été soumise. Elle a requis une peine de 24 mois de prison ferme, dont une partie sans sursis.
Le prononcé est fixé au 24 février.