Plusieurs témoins avaient vu comment le convoyeur de fonds avec la mallette s’était fait attaquer au City Concorde, avant d’être abattu, en juin 1997. Ils ont fait le récit mardi.
Plusieurs témoins avaient assisté au sanglant hold-up sur un convoyeur de fonds le 24 juin 1997, en fin d’après-midi, au City Concorde. L’un d’entre eux était en train de ranger ses courses, avec sa femme, quand son attention avait été attirée par trois hommes. «D’abord, j’ai cru qu’on était en train de tourner un film. Puis j’ai compris que c’était sérieux : deux hommes étaient en train d’essayer d’arracher une mallette à un convoyeur de fonds», se souvient le témoin.
Une jeune femme, âgée à l’époque de 25 ans, qui venait d’entrer dans le centre commercial, ajoutera : «L’un a assommé le convoyeur de fonds, l’autre a pris la mallette et s’est sauvé.» Le troisième témoin oculaire, entendu par la 13e chambre criminelle, travaillait à l’époque pour le supermarché Match. Il avait observé la fin de l’altercation quand les auteurs s’étaient déjà emparés du butin. Le temps qu’il comprenne ce qui se passait, ils avaient déjà passé la porte tournante. À l’extérieur, sur le parking, il avait vu «le convoyeur essayer de retenir la voiture» des malfrats. Ensuite, il l’avait vu s’écrouler. «Je n’ai pas entendu de coups de feu», précise-t-il. Mais il pense que les tirs sont partis de «l’arrière de la voiture».
Tout comme les deux premiers témoins, il ne pouvait pas livrer de description exacte des auteurs. Il se souvient néanmoins que «la plus grande personne était armée» et qu’elle portait vraisemblablement une perruque. Vingt et un ans après les faits, les détails précis intéressant particulièrement la défense échappaient aux témoins. «Est-ce que l’un des trois auteurs portait une barbe, une moustache ou une perruque ? Est-ce qu’un pull bleu vous dit quelque chose ?», voulait notamment savoir Me Philippe Penning. Il s’agit des fameux objets sur lesquels les traces ADN du prévenu, Joël C. (64 ans), ont été relevées, lors des expertises réalisées en 2008.
En fin de la cinquième audience, l’enquêteur de la police judiciaire est revenu sur les déclarations d’un ex-complice de Joël C., en Dordogne. Au cours de son audition en 2017, ce témoin avait ainsi dit avoir «compris que Joël était en colère pour des faits commis à l’étranger». Joël en aurait voulu à la personne qui avait tiré. Confronté à ces déclarations, Joël C. avait répondu que ce n’était pas vrai: «Pour moi, c’est parce qu’il m’en veut. Il est convaincu que les cinq ans qu’il a dans le casier, c’est à cause de moi. La dernière fois que je lui ai parlé, c’était en 2005.»
Un second ex-complice charge Joël C.
L’enquêteur a aussi exposé les «déclarations peu favorables» d’un second ex-complice. Ce dernier avait été condamné avec Joël C. pour une série de vols à main armée perpétrés dans des supermarchés du sud-ouest de la France, en 2009. En 2017, il avait déclaré que Joël C. lui avait parlé du braquage au Grand-Duché en 1997. Un certain Michel aurait commis le braquage avec lui. «Je pense qu’ils étaient à trois à commettre ce braquage. Il m’a dit que quelqu’un avait été tué», avait-il par ailleurs affirmé. Ce Michel avait également été évoqué par le prévenu en 2015. Selon ses dires, ce dernier aurait été le chauffeur lors du braquage au City Concorde. Et c’est lui qui aurait tiré sur le convoyeur de fonds. Mais ce Michel n’a jamais pu être entendu. Il est décédé en novembre 2003, lors d’un accident de moto.
Durant de longues heures, la chambre criminelle a entendu les développements de l’enquêteur. Ce mercredi après-midi, elle s’attaquera à l’audition du prévenu. Elle ne se fait pas trop d’illusions que le dernier témoin fasse apparition d’ici-là. Il s’agit de l’un des ex-complices du prévenu.
Pour l’ouverture du procès, l’homme, qui habite dans le centre de la France, avait fait parvenir un courrier dans lequel il évoquait des problèmes financiers pour venir jusqu’au Luxembourg. Sur quoi un courrier lui avait été adressé, disant qu’il pouvait se faire rembourser ses frais de déplacement… La défense avait également abordé la solution de la vidéoconférence à distance. «J’ai plutôt l’impression qu’il n’a pas envie de venir et qu’il sait que l’on n’a pas de moyen de le forcer, comme il habite en France», notait la présidente.
Fabienne Armborst