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Contrôles de police : «Ce n’est pas l’heure de faire des grillades entre amis»


Durant le confinement les regroupements entre personnes qui ne vivent pas dans le même ménage sont interdits. La police veille au grain. (Photo : police grand-ducale)

Depuis près de trois semaines, le Grand-Duché vit confiné. L’état de crise a aussi un impact sur les interventions de la police sur le terrain. Les rassemblements sont dans le viseur. Mais pas que… Tour d’horizon.

D’habitude ce sont les contrôles d’alcoolémie et les retraits de permis de conduire qui remplissent une bonne partie du bulletin de la police grand-ducale. Aujourd’hui, ce sont les infractions concernant les limitations de déplacement et des activités commerciales qui dominent.

Pour endiguer la propagation du Covid-19, les aires de jeu sont fermées. (Photo : police grand-ducale)

Pour endiguer la propagation du Covid-19, les aires de jeu sont également toutes fermées. (Photo : police grand-ducale)

La lutte contre la propagation du Covid-19 a un impact sur le travail de la police luxembourgeoise. «Depuis que l’état de crise a été déclaré, nos deux priorités principales sont le maintien de la sécurité et de l’ordre public ainsi que le contrôle des mesures prises par le gouvernement», explique le porte-parole de la police Frank Stoltz. La dernière semaine de mars, ce sont ainsi plus de 1 100 contrôles qui ont été effectués dans des commerces, restaurants et lieux publics, ainsi que sur les routes du pays. Au total, plus de 200 avertissements taxés et procès-verbaux ont été établis. Durant le week-end ce sont même quelque 150 infractions concernant les limitations de déplacement qui ont été constatées par les agents. «Cette semaine, on tourne autour des 30 avertissements et procès-verbaux par jour, principalement à cause des déplacements non permis», nous précisait jeudi notre interlocuteur.

Moitié moins d’accidents, de vols, de cambriolages…

La population étant invitée à rester chez elle et à limiter ses déplacements au strict nécessaire, la circulation dans le pays a fortement diminué. Ce qui se répercute sur le nombre d’accidents. «On se situe à moins de la moitié de ce qui se passe normalement sur nos routes», indique Frank Stoltz. Si la police est aujourd’hui à pied d’œuvre pour traquer les regroupements et déplacements interdits par les mesures de confinement, ce n’est pas pour autant que les contrôles habituels sont délaissés. «Quand une patrouille constate une autre infraction, cela est bien évidemment acté.»

(Photo : police grand-ducale)

Ce week-end aussi, la police sera présente à travers tout le pays pour contrôler les limitations de déplacement. Le code de la route non plus ne tombe pas aux oubliettes. (Photo : police grand-ducale)

On se souvient notamment de la folle course poursuite dans les rues de Bonnevoie lundi. Dans son bulletin, la police rapportait que compte tenu des restrictions de déplacement en vigueur, une patrouille avait voulu contrôler les trois occupants de la voiture. Ces derniers ont pris tous les risques et multiplié les manœuvres dangereuses. Mais une fois arrêté, il s’est avéré que le trio séjournait illégalement au Grand-Duché. Le département de la police des étrangers en a informé le service compétent du ministère des Affaires étrangères pour les suites à donner.

… mais vers plus de disputes familiales

Dimanche dernier à Cessange, un conducteur a perdu le contrôle de son véhicule et a endommagé plusieurs voitures stationnées route d’Esch. Sur place, les policiers ont rapidement compris qu’il était sous l’influence de l’alcool. Le test rapide de dépistage des stupéfiants s’est également révélé positif. «Le code de la route n’est pas abrogé par la crise du corona», souligne Frank Stoltz. Et d’insister : «Les radars automatiques continuent également à fonctionner!»

Autre constat de la police dans cette période de confinement : ses interventions pour cambriolages, rixes et vols ont chuté de moitié. Ce qui augmente par contre, ce sont les signalements pour disputes familiales. «Nous constatons une hausse par rapport à la moyenne. Au mois de mars, nous en avons reçu plus qu’en décembre. Sachant que le mois de décembre avec Noël et la Saint-Sylvestre est généralement celui avec le plus de signalements en la matière.» Ce qui permet à la police de parler d’une tendance à la hausse. Entre un signalement et ce qui est constaté sur place et la rédaction du procès-verbal (PV) il peut toutefois y avoir des différences. Les chiffres des violences domestiques retenus par procès-verbal en 2019 n’ont pas encore été publiés. Les derniers qu’on a pu nous communiquer, à titre de comparaison, datent de 2018. Sur toute l’année, la police avait dressé 739 PV. Ce qui faisait en moyenne deux situations de violence par jour.

Piqûre de rappel avant le week-end ensoleillé

La police compte aujourd’hui autour de 1 500 policiers opérationnels. Sur le terrain ils peuvent affronter des conditions de travail délicates. Ce n’est pas leur arme qui les protégera contre le Covid-19. «Pour les agents sur le terrain, on a des masques, gants, lunettes de protection et produits désinfectants à disposition. Nous essayons de nous réapprovisionner en permanence», explique le porte-parole. Via son système intranet, les policiers sont aussi quotidiennement tenus au courant de l’évolution de la situation et des nouvelles mesures. Comme l’avait annoncé le directeur général de la police, Philippe Schrantz, lors de la conférence de presse avec le ministre de la Sécurité intérieure et de la Défense, François Bausch, la police dispose aussi de près de 300 agents des services administratifs et judiciaires pour venir épauler leurs collègues sur le terrain.

La police contrôle aussi les magasins, les cafés, les restaurants... et les chantiers. (Photo : police grand-ducale)

La police contrôle aussi les magasins, les cafés, les restaurants… et les chantiers. (Photo : police grand-ducale)

Dans la lutte du Covid-19, la police ne désarme pas. Loin de là. Les rassemblements de personnes – qui ne cohabitent pas dans le même ménage – restent dans le viseur de la police. Avec le beau temps annoncé pour ce week-end, elle n’a, d’ailleurs, pas manqué de lancer une piqûre de rappel, vendredi, au sujet des mesures de confinement. «Ce n’est pas l’heure de faire des grillades entre amis», nous donnait comme exemple le porte-parole de la police. Autrement l’addition risque d’être salée. Car un avertissement taxé de 145 euros attend les personnes qui entravent les règles en vigueur. Et d’ajouter : «Même si on est seul sur la route, le code de la route est à respecter.» La police veillera au grain. Cafés, restaurants, chantiers,… seront aussi contrôlés.

Fabienne Armborst

E-plainte : moins de vols de carburant à la pompe

Dans le cadre de la lutte du Covid-19, la police a adapté l’accueil physique du public. Quatre commissariats (Luxembourg, Diekirch, Esch-sur-Alzette et Grevenmacher) restent ouverts 24 h/24 et 7 j/7. Même si leurs guichets sont fermés, les autres commissariats sont opérationnels et joignables. Sans oublier le numéro d’appel 113 en cas d’urgence.

Mais le service de l’e-commissariat reste aussi opérationnel. En fonction depuis fin juillet 2018, il est possible d’y déposer une plainte en ligne pour des vols simples (portefeuille, bagage, sac à main, vélo, portable, bijou…) sous trois conditions : quand l’auteur n’est pas connu, qu’il n’y a pas de blessé à déplorer et qu’il n’y a pas eu de recours à la violence. Et il ne faut pas non plus qu’il y ait des traces matérielles exploitables par la police technique. En cette période de confinement, la police constate une légère hausse des déclarations pour les vols de vélos. Par contre, elle enregistre un recul des plaintes pour vols de carburant à la pompe. Ce qui ne surprend guère au vu de la diminution du trafic sur les routes du pays.