En Chine, le confinement lié au coronavirus a eu raison de nombreux couples. Au Luxembourg, l’Unité médico-légale de documentation des violences (Umedo) n’a pas encore été sollicitée, mais cela peut changer…
Pas toujours facile pour une victime de violences corporelles ou sexuelles de sortir de son silence ou de porter plainte quand l’auteur fait partie de son entourage proche. Cette période de confinement liée au coronavirus ne facilite pas la donne…
En France, une tendance à la hausse des violences conjugales a pu être constatée. On parle d’une augmentation de plus de 30 % des signalements. Au Luxembourg, pour l’heure, pas de chiffres officiels communiqués.
Dans tous les cas, du côté l’Unité médico-légale de documentation des violences (Umedo), qui s’adresse aux adultes victimes de violences, on reste bien opérationnel. «Pour l’instant, on n’a pas reçu d’appel pour des incidents liés au confinement», nous informait, mardi après-midi, le médecin légiste, le Dr Andreas Schuff. Il avertit toutefois : «Si c’est un fait qu’ici à l’Umedo on n’a encore rien ressenti, cela ne veut pas dire que le nombre de violences n’augmente pas.» Et de poursuivre : «Et bien évidemment tout peut encore changer. On est seulement à deux semaines de confinement. Et on a vu l’évolution des chiffres en Chine…»
L’Umedo, basée au Laboratoire national de santé (LNS) à Dudelange, est une option qui s’offre aux victimes adultes de violences qui hésitent à porter plainte. Car elle propose une documentation des blessures totalement indépendante du dépôt d’une plainte pénale. Le service établit un constat médical des blessures visibles et relève des traces biologiques pour que la victime ait ces preuves à sa disposition dans une éventuelle poursuite judiciaire ultérieure.
Joignable par téléphone 24 h/24, 7 j/7
En ces temps de crise, la procédure pour contacter l’équipe de l’Umedo n’a pas changé. Elle est toujours joignable par téléphone, 7 j/7, 24 h/24. Après une prise de rendez-vous, un examen gratuit de la victime est réalisé. Bien évidemment, on s’adapte aux mesures de précaution actuelles en vigueur. «Par voie de téléphone, on peut se renseigner s’il y a un risque d’infection au Covid-19. Et ensuite, on prend les mesures de précaution nécessaires tant pour le médecin que la personne qu’on examine», explique notre interlocuteur. En général, les examens médico-légaux sont effectués au LNS ou dans l’un des hôpitaux partenaires (CHdN, CHEM, CHL, HRS). «La suite de la procédure est toujours définie au cas par cas.» Une réorientation vers des services d’assistance selon les besoins de la victime est également possible.
Opérationnelle depuis l’été 2018, l’Umedo compte actuellement trois médecins légistes et deux collaboratrices administratives. Depuis ses débuts, l’équipe médicale a examiné 35 personnes. La plupart des examens ont eu lieu dans les locaux du LNS. Mais elles sont bien plus à l’avoir contactée par téléphone. «Du moment qu’il y a déjà eu plainte à la police, l’Umedo n’est plus compétente. Il arrive aussi qu’une personne nous appelle quatre semaines après l’incident. Là non plus, on ne peut rien faire. Car les blessures guérissent et les traces s’estompent. On peut alors seulement lui donner la consigne de nous contacter dès que cela se reproduit», rappelle le Dr Andreas Schuff. Il complète : «D’autres personnes appellent juste pour obtenir un renseignement.»
La documentation de l’examen et les échantillons sont toujours archivés sous forme pseudo-anonymisée. C’est la victime qui garde le contrôle et la maîtrise de la documentation médico-légale. Tant que cette dernière n’enclenche pas les démarches, les éventuelles preuves restent donc au sein du service au LNS et ne sont pas transmises à un tiers.
Fabienne Armborst
Prise de rendez-vous à l’Umedo au 621 85 80 80 (7 j/7, 24 h/24)
www.umedo.lu