C’est du moins ce que disait l’annonce. On ne sait pas si la commode a existé. L’acheteuse n’en a jamais vu la couleur. La vendeuse aurait, elle, empoché un billet orange.
Laure a mis en vente une commode sur Facebook en mai 2019. Une acheteuse potentielle se manifeste. Le meuble lui plaît. Laure lui annonce un prix de 1 000 euros. Trop cher. L’acheteuse se désiste. Quelques jours plus tard, Laure relance l’acheteuse. Elle est prête à conclure la vente pour 130 euros et demande un acompte de 50 euros pour la sceller. La belle-sœur de l’acheteuse dépose l’acompte et rendez-vous est fixé quelques jours plus tard pour récupérer la commode à Esch-sur-Alzette au domicile de Laure.
L’acheteuse arrive le jour dit à l’adresse de la vendeuse dans une camionnette de location pour réceptionner son achat, mais trouve porte close. Personne ne vient lui ouvrir. Elle téléphone à la vendeuse qui prétexte une urgence et propose de livrer le meuble au domicile de l’acheteuse le 23 mai 2019. Mais la commode n’arrivera jamais. L’acheteuse tente de contacter la vendeuse en vain. Cette dernière finit par la bloquer sur le réseau social. La vendeuse, sentant l’escroquerie, s’est finalement rendue à la police pour déposer plainte.
Il s’est avéré, après enquête, que Laure n’existe pas. Ou plutôt qu’elle est une fausse identité endossée par la prévenue. Vendredi matin, face à la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, la jeune femme de 27 ans a reconnu avoir pris l’acompte et donc accepté la vente. Elle aurait eu besoin d’argent, dit ce tout petit brin de femme.
Ni elle, ni son compagnon n’auraient travaillé à l’époque. Elle aurait emprunté un téléphone à une amie et aurait dû le lui rendre, ce qui l’aurait empêché de répondre à la vendeuse. «C’est plus facile de dire cela», a lancé la présidente de la chambre correctionnelle. «Ce n’est pas une affaire d’État, mais l’acheteuse a travaillé pour avoir ces 50 euros.» Et d’embrayer sur le port du faux nom. «C’était le profil d’une amie», a répondu la jeune femme.
Le parquet était d’avis que la jeune femme avait usé d’une manœuvre frauduleuse pour obtenir les 50 euros. «On n’est même pas certains que la commode en question a existé et qu’elle devait bien être vendue, a noté le magistrat, ni que vous n’ayez pas choisi de prendre un faux nom pour des raisons pratiques.»
Soit pour que la victime présumée ne puisse pas retrouver la jeune femme une fois son forfait commis. L’énervement enduré par la victime présumée serait, selon lui, plus «ennuyeux» que la perte des 50 euros. Il conclut en indiquant que si la prévenue n’avait pas déjà des inscriptions pour des faits de vol à son casier judiciaire, l’affaire aurait débouché sur une amende face au tribunal de police.
Il a requis, tandis que l’avocate de la jeune femme plaidait la clémence, une peine de 4 mois de prison à son encontre pour escroquerie et port public de faux nom. Une période qui pourra être remplacée par du travail d’intérêt général. Le prononcé est fixé au 24 février.
Carton jaune
Double carton jaune pour Patricio. Le carton rouge n’est pas loin. Le footballeur de 28 ans n’aurait pas respecté à deux reprises une interdiction de conduire judiciaire courant jusqu’en mars 2027. Il aurait été arrêté par la police au volant de sa voiture le 25 novembre 2020 et le 8 février 2021. À la barre de la 12e chambre correctionnelle, il a dit vendredi matin avoir «compris la leçon» lors de la semaine qu’il a passée en détention.
Conduire sans permis est passible de 3 ans de prison ferme. Son casier judiciaire peut priver le jeune homme à vie d’une possibilité de sursis. «Soit vous comprenez, soit il faudra appliquer la manière forte», l’a tancé le juge. «Si nous décidons de prononcer une peine de prison, votre carrière de footballeur va en prendre un coup. Vous cherchez les ennuis de façon idiote.»
Le procureur est revenu sur les deux condamnations précédentes de Patricio pour conduite en l’absence de permis de conduire valable et escroquerie, ainsi que sur le fait qu’il n’aurait pas respecté les conditions de son contrôle judiciaire. Il a requis une peine de 6 mois de prison ferme et deux fois 18 mois d’interdiction de conduire un véhicule.
L’avocat du prévenu, Me Scheerer, a plaidé «une dernière fois la clémence» du tribunal, convaincu «qu’on n’y reverra plus» son client. Il a demandé que la peine de prison soit commuée en peine de travaux d’intérêt général. Il a également demandé que le véhicule du jeune homme qui avait été saisi, lui soit rendu afin qu’il puisse le vendre.
La chambre correctionnelle rendra son jugement le 4 mars prochain.