Le parquet a requis contre une éleveuse une amende et une «interdiction de tenir» des animaux qui avait laissé deux chiens dans son véhicule en plein soleil, sur le parking de Luxexpo.
« Le bouledogue français a frôlé le coup de chaleur. C’était une situation d’urgence. » Le témoin entendu lundi matin à la barre n’est pas près d’oublier ce 7 avril 2018. À l’époque, raconte-t-il, les organisateurs de l’évènement de l’International Dog Show avaient décidé de renforcer les contrôles. Ce samedi en fin de matinée, ce vétérinaire avait donc assisté à un tour de contrôle au parking de Luxexpo lorsqu’ils avaient découvert la camionnette en plein soleil avec deux chiens en cage à l’intérieur. Il était autour de 11h15. Et aucun propriétaire à l’horizon.
Par micro, une annonce avait donc été passée à l’intérieur de l’expo demandant de libérer les chiens de ladite camionnette, dont la plaque d’immatriculation avait été communiquée. Toujours aucune réaction… Les agents de la douane avaient donc décidé de contacter la police. Cette dernière avait donné son feu vert pour qu’on intervienne. Un agent de société de sécurité s’était chargé de casser une vitre latérale. Les deux chiens prisonniers avaient pu être libérés peu avant midi.
«Le second chien dans la cage était plus calme. Il était moins mal en point que le bouledogue français.» Toujours d’après le témoin, les deux auraient immédiatement reçu quelque chose à boire afin de leur permettre de se rafraîchir.
La propriétaire de la camionnette, quant à elle, avait fini par être retrouvée. «La conversation s’est avérée compliquée, car elle parlait seulement espagnol. Mais tous ses papiers semblaient être en ordre», se souvient le témoin.
On n’aura pas entendu la version de l’éleveuse à la barre de la 18e chambre correctionnelle. Le parquet lui reproche notamment d’avoir délaissé les deux chiens dont elle avait la garde. Habitant actuellement en Espagne, la prévenue, Sarai C., s’est fait représenter par son avocat.
« Elle n’a pas compris l’annonce »
À la police, la jeune femme avait reconnu avoir laissé ses chiens dans la camionnette vers 11h. En assurant toutefois ne pas les avoir laissés seuls plus de 15 minutes. Elle avait également déclaré avoir ouvert les fenêtres afin de permettre que l’air circule à l’intérieur de l’habitacle. Or tel n’était pas le cas, si l’on suit les dépositions du témoin.
Me Daniel Noël a parlé d’un concours de circonstances malencontreux : «Comme ma cliente ne comprend que l’espagnol, elle n’a pas compris l’annonce.» Ce matin-là, l’éleveuse aurait voulu sortir ses affaires. Avec ses cinq chiens, cela aurait été compliqué. Voilà pourquoi elle en aurait laissé deux dans la camionnette. D’après la défense, qui demande de limiter la peine au strict minimum, la prévenue a déjà dû faire face à un certain nombre de frais à la suite de cette affaire. Les deux chiens ayant été saisis, il a fallu qu’elle revienne spécialement d’Espagne pour les récupérer. Visiblement, la chambre du conseil lui a accordé cette remise. Le bouledogue appartenait à un ami.
«C’est malheureux que Madame n’ait pas compris l’annonce à cause de la langue», a considéré le représentant du parquet. Mais il constate que les déclarations faites à l’audience ne correspondent pas tout à fait à celles faites devant la police. «À l’époque, elle a affirmé ne pas les avoir laissés plus de 15 minutes dans sa camionnette.»
«En laissant ses chiens dans une camionnette en plein soleil sans système d’aération et sans eau, elle n’a pas pris soin de ses chiens comme elle aurait dû», conclut-il. Étant donné qu’elle n’a d’antécédents ni au Luxembourg ni en Espagne, le parquet réclame une amende et une «interdiction de tenir des animaux d’une durée de deux ans». Une peine à laquelle la défense n’a pas manqué de réagir : «Avec une telle interdiction, sa situation professionnelle serait compromise.»
Le tribunal rendra sa décision le 13 décembre.
Fabienne Armborst