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Capellen : 11 ans de prison ferme pour avoir ligoté une octogénaire


La cité judiciaire à Luxembourg. (Photo : Archives LQ)

En avril 2015, en pleine nuit, le quadragénaire s’était introduit dans la maison de la victime. Le cambrioleur ne s’était pas contenté de voler des bijoux.

«C’est un type dangereux avec une énergie criminelle», avait martelé le représentant du parquet avant de requérir entre 13 et 14 ans de réclusion criminelle contre le quadragénaire qui se trouve depuis son arrestation en détention préventive. Mercredi, la chambre criminelle l’a finalement condamné à 11 ans de réclusion ferme.

Dans la nuit du 10 au 11 avril 2015, une octogénaire avait vécu un véritable cauchemar dans sa maison, route d’Arlon à Capellen. Un cambrioleur s’était introduit dans sa maison. Il ne s’était pas contenté de voler ses bijoux, mais l’avait ligotée, frappée et menacée de mort. La victime couverte d’hématomes avait été retrouvée au petit matin par une aide-soignante lors de sa tournée. Pendant plusieurs heures, l’octogénaire maculée de sang et couverte d’hématomes était restée à son domicile sans pouvoir appeler à l’aide. Le cambrioleur avait en effet pris le soin d’arracher le câble du téléphone. À l’arrivée des secours, la mémoire de l’habitante de Capellen était toutefois intacte.

Plusieurs fois, l’individu avait sonné avant de s’attaquer à la fenêtre de la porte d’entrée pour enfin s’introduire par une fenêtre latérale de l’habitation. Une fois à l’intérieur, il ne s’était pas contenté de voler des objets, mais s’était d’abord rendu dans la chambre de l’octogénaire. Il l’avait sortie du lit, lui avait ligoté les mains, lui avait scotché la bouche, l’avait prise par le bras et traînée d’une pièce à l’autre. Tout en la menaçant dans un mauvais allemand – «Dis-moi où est l’argent, sinon tu vas mourir!» –, il avait fouillé armoires et tiroirs. Le sang retrouvé par les agents de la police technique sur certains rideaux et un abat-jour témoignait de la brutalité de l’acte. Avant de s’enfuir avec plusieurs bijoux fantaisie et une bague sertie d’une turquoise, il avait remis l’octogénaire dans son lit en lui libérant toutefois les mains.

L’auteur avait finalement été arrêté le 7 octobre 2015. Toute une série d’indices avaient mené les enquêteurs vers Elver R. (43 ans). À côté de ses traces ADN relevées sur le câble du téléphone et du scotch retrouvé dans le salon et la chambre, c’est le numéro de portable du quadragénaire qui avait guidé les enquêteurs de la police judiciaire. Dans la maison, ils avaient saisi un petit livret dans lequel étaient inscrits tous les contacts des personnes qui avaient déjà effectué des travaux pour l’octogénaire. «Tous les numéros de portable connectés entre 20h et 7h45 au pylône à proximité du lieux du crime ont été analysés, avait rapporté l’enquêtrice. Parmi eux se trouvait aussi le numéro d’Elver R. D’après le livret, en août 2013, il avait fait des travaux de jardinage dans la propriété.»

Il s’était trahi par son appel au 112

Il s’était avéré que ce même numéro avait composé deux fois le 112. «Il semble que le portable dans sa poche s’est actionné tout seul lors du vol, avait commenté l’enquêtrice. C’est un fait exceptionnel. Je n’ai jamais vu ça.» Sur les sept secondes d’appel enregistrées par le 112, on entendait un homme demander «Où est l’argent?» et une femme gémir. Ce numéro avait finalement pu être attribué à Elver R. Lors de son arrestation, il était toujours en possession de l’appareil. Mais il contestait l’ensemble des faits. À la barre de la 13e chambre criminelle, il avait toutefois changé de position : «Tout est vrai. Mais je ne me souviens de rien à cause de l’alcool.» «Je regrette de tout cœur…» «Ce n’est pas en vous excusant une demi-douzaine de fois que ça va passer», l’avait coupé la présidente.

Alors que l’avocat à la défense du prévenu avait insisté sur son aveu, le représentant du parquet avait sèchement rétorqué : «Pour moi, ce n’est pas un aveu. Aujourd’hui, il ne conteste plus l’incontestable.» La 13e chambre criminelle a condamné, mercredi après-midi, le quadragénaire à onze ans de réclusion ferme. «C’est un an de plus que le minimum», lui a fait remarquer la présidente.

Depuis le drame, la victime âgée aujourd’hui de 84 ans n’est pas retournée habiter chez elle : elle vit dans une maison de soins. «Elle se remet doucement du traumatisme», avait noté Me Sonja Vinandy, son avocate tutrice. Elver R. a été condamné à lui verser près de 16 500 euros de dommages et intérêts. Lors du procès, le prévenu avait accepté la demande de la partie civile. Il a 40 jours pour interjeter appel.

Fabienne Armborst