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Braquage G4S à Gasperich : ces détails que les auteurs auraient négligés


Dans la nuit du 2 au 3 avril 2013, vers 3h40, une bande lourdement armée d'au moins six personnes attaquait le siège du transporteur de fonds G4S, situé dans la rue du Père-Raphaël à Gasperich. (photo archives François Aussems)

Selon le représentant du parquet général, les auteurs du braquage G4S ont commis des erreurs qui ont permis aux enquêteurs de remonter vers eux.

« Je ne dirai pas qu’à côté de l’ADN, il y a 100 000 autres preuves contre les prévenus. Mais il y a d’autres indices. » Mardi au sixième jour du procès des quatre prévenus du braquage G4S, la parole était au représentant du ministère public. Après les dix heures de plaidoiries tenues par les huit avocats de la défense, le représentant du parquet général avait matière à répliquer. «Il est faux de regarder indice par indice», estime Serge Wagner selon lequel il est nécessaire de mettre ensemble et confronter les indices des trois personnes qui ont été condamnées à 22 ans de réclusion en première instance. Les avocats à la défense des prévenus ont plaidé que les pistes contre d’autres suspects ont été abandonnées. Sa réplique : «C’est faux.»

Dans la nuit du 2 au 3 avril 2013, vers 3h40, une bande lourdement armée d’au moins six personnes attaquait le siège du transporteur de fonds G4S, situé dans la rue du Père-Raphaël à Gasperich. L’attaque avait été très violente. Les auteurs n’avaient pas hésité à mitrailler les policiers avec leurs armes automatiques pour couvrir leur fuite. Au moins 85 coups de feu avaient été tirés. «Les auteurs sont extrêmement bien organisés. C’est une sorte de commando militaire. Ils sont prêts à tuer toute personne qui se trouve sur les lieux», récapitule l’avocat général.

Mais au cours de l’opération, les auteurs auraient aussi commis des erreurs. «Ils ne s’attendaient pas à ce que leur pneu crève. Ils ont oublié qu’ils avaient laissé deux bidons à Garnich. Ils ont pris le chemin qu’ils connaissaient et sont revenus sur les lieux.» Pour l’avocat général, les bidons d’essence, sur les bouchons desquels les traces ADN de Cihan G. et Dogan S. ont été retrouvées, ont servi à faire le plein avant le braquage afin de ne pas tomber en panne d’essence et ne pas devoir faire le plein sous les caméras dans une station-service. «Les bidons n’étaient pas givrés. Si l’on met cela en relation avec les conditions météorologiques, les bidons ont été entreposés la nuit des faits», note l’avocat général en balayant ainsi l’argument de la défense selon lequel les bidons ont pu être entreposés à un autre moment.

La fin du réquisitoire mardi prochain

Pour le parquet général, les traces ADN de Cihan G. et Dogan S. se trouvent bien sur l’objet de l’infraction : «Les bidons d’essence ont servi à remplir leur réservoir. Ils se trouvent non loin des lieux des faits.» «C’est à la défense de prouver le contraire ou de donner une explication plausible», conclut-il.

Dans son réquisitoire, l’avocat général s’est également attaqué aux alibis des prévenus : «Il y a une chronologie dans les alibis. Cihan G. est le seul à l’invoquer en juin 2014 : le match de Champions League Paris Saint-Germain contre le FC Barcelone visionné le soir du 2 avril 2013 dans un café de la région de Herstal (Belgique). Deux mois après, Anouar B. et Dogan S. viennent avec le même alibi. Ils n’ont même pas pris la peine d’en trouver un autre.»

Bref, pour l’avocat général «il y a un faisceau d’indices graves et concordants». Les trois heures n’auront toutefois pas suffi pour faire le tour des deux derniers prévenus, Anouar B. et Simon S. L’avocat général terminera mardi prochain à 14h son réquisitoire qui sera suivi des répliques de la défense.

Fabienne Armborst

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