Le 29 janvier 2018, deux hommes armés braquent une station-service à Mertert. Hans et David ont reconnu les faits, mercredi. C’était leur tout premier braquage, disent-ils.
«Il était 21 h 15. Il n’y avait plus de clients. Nous n’étions plus que deux à l’intérieur du magasin. Ma collègue était dans le stock quand deux hommes masqués et armés sont entrés et m’ont dit que si je leur donnais l’argent, tout se passerait bien», se souvient une des vendeuses présentes le soir des faits. Les deux collègues se sont exécutées.
«Un des hommes a vidé le contenu des deux caisses dans un sac à dos pendant que l’autre nous menaçait d’une arme.» Ensuite, les deux hommes ont quitté les yeux. «Ils n’ont pas été brutaux avec nous. Ils ne nous ont pas fait de mal», précise le témoin à la barre de la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier après-midi.
Il ne leur aura fallu que 49 secondes pour repartir avec un butin de 4 810 euros, indique l’enquêteur de la police. Il explique qu’une voiture blanche de la marque Volkswagen immatriculée en Allemagne arrive sur le parking du supermarché Copal à Mertert à 20 h 26 ce soir-là avant de repartir quelques minutes plus tard et de revenir.
À 21 h 16, deux hommes armés de pistolets en sortent, se dirigent vers la station-service et la braquent avant de repartir. Nous sommes alors le lundi 29 janvier 2018.
Aussitôt après les faits, la police grand-ducale contacte son homologue allemande pour tenter de retrouver le propriétaire de la voiture blanche. Les enquêteurs allemands pointent immédiatement deux hommes, Hans et David, les deux prévenus qui comparaissaient ce mercredi 2 février.
Ils sont à l’époque des faits dans le collimateur des policiers de Kaiserslautern qui recherchent des cambrioleurs et ont équipé la voiture d’un de leurs suspects d’un GPS. Il s’agissait de la même voiture que celle utilisée pour le braquage de la station-service de Mertert.
Le parcours effectué par la voiture le jour des faits peut ainsi être précisément reconstitué. Entre autres mouvements, selon la police, elle s’arrête dans un grand magasin de bricolage et chez un marchand d’armes de Kaiserslautern où Hans et David achètent deux pistolets à air comprimé identiques de marque Colt.
Les deux trentenaires doivent laisser des copies de leurs papiers d’identité au vendeur. Ce qui laisse peu de doutes aux policiers sur l’identité des deux braqueurs présumés. Les deux hommes sont arrêtés en mars 2018.
Toute première fois
Hans et David reconnaissent les faits qu’ils avaient jusqu’alors niés et s’excusent sincèrement auprès des deux employées de la station-service. Hans dit avoir agi dans une «phase d’autodestruction». C’était leur tout premier braquage, dit-il, avant ce jour-là, ils n’avaient commis que des cambriolages. Ils ont agi spontanément.
L’argent, ils l’ont partagé et dépensé. Hans et David disent avoir travaillé ensemble pendant un mois de janvier à février 2018.
Le procureur estime que le duo a bien commis les faits. Ils s’y sont préparés toute la journée et ont acheté le matériel nécessaire. Il écarte la prévention de séquestration, les faits s’étant produits trop rapidement, mais retient le vol à l’aide de violences et de menaces, l’association de malfaiteurs et l’importation d’armes illégales sur le territoire luxembourgeois.
Le parquetier cite comme circonstances aggravantes que les faits ont eu lieu pendant la nuit dans un lieu considéré par la loi comme un domicile. Il requiert une peine de 8 ans de prison ferme contre David, qui n’en est pas à son premier délit, et une peine de 7 ans de prison assortie du sursis partiel contre Hans.
Les avocats des deux prévenus insistent sur le caractère spontané des faits pour tenter d’écarter la prévention d’association de malfaiteurs et obtenir l’acquittement des prévenus sur ce point. Ils plaident également l’acquittement pour la séquestration et rappellent que Hans et David n’ont pas fait de mal aux deux femmes.
Ils rejettent les circonstances aggravantes. L’avocat de David demande qu’il puisse bénéficier d’un sursis partiel étant donné qu’il n’avait, selon lui, été jugé pour aucun délit au Luxembourg au moment des faits. Celui de Hans demande du sursis – intégral ou partiel –, arguant que le jeune homme a repris sa vie en main et qu’une peine de prison ferme viendrait mettre à mal ses efforts de réinsertion.
Le prononcé est fixé au 24 mars.
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