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Braquage d’une ferme à Berg : « Ne me racontez pas des salades »


Si les trois prévenus reconnaissent aujourd'hui avoir braqué la ferme dans la nuit du 21 au 22 avril 2014, les versions quant à l'origine de ce projet divergent fortement. (illustration Fabrizio Pizzolante)

Mardi, au menu du procès du braquage de la ferme à Berg en 2014 se trouvait l’audition du trio de prévenus. La chambre criminelle a entendu trois histoires différentes.

Jusqu’à présent, seuls les prévenus Florin S. (42 ans) et Zoltan G. (23 ans) reconnaissaient avoir participé au braquage de la ferme à Berg. Malgré ses traces ADN retrouvées sur les lieux du crime Mihail M. (37 ans) clamait son innocence. Mardi après-midi, il a fini par passer aux aveux en précisant toutefois qu’il n’a pratiquement rien fait sur les lieux du crime. «Pendant huit ans, j’ai fait partie de l’équipe nationale de boxe en Roumanie. Donc, moi je ne frappe pas les gens, car je sais que j’ai trop de force.» Voilà l’explication du trentenaire.

Si les trois prévenus reconnaissent aujourd’hui avoir braqué la ferme dans la nuit du 21 au 22 avril 2014, les versions quant à l’origine de ce projet divergent fortement. Zoltan G. et Mihail M. prétendent ainsi qu’ils se sont rendus en voiture à la ferme à Berg, Florin S., lui, parle d’un voyage en train. Mais quant à savoir qui a roué de coups la victime au moyen d’une barre de fer et l’a ligotée, là, cela se complique. Personne ne veut en effet endosser ces méfaits. Tous les trois se renvoient la balle.

«Ce que déclare Zoltan G. n’est pas vrai. Je ne me suis pas rendu à la ferme à Berg avec l’intention de voler ou d’agresser quelqu’un. J’ai déjà eu assez de condamnations par le passé», s’est ainsi défendu Florin S. La veille, le quadragénaire avait prétendu ne pas être au courant de ce qui allait se passer. Il aurait été entraîné dans ce vol avec violence. Une version que la chambre criminelle a dû mal à croire, vu les 17 années que Florin S. a déjà passé en prison en Roumanie.

D’après les déclarations du prévenu Zoltan G., c’est Florin S. qui aurait monté l’idée du braquage. «Il m’a dit que je ne devais pas me faire du souci, car il avait de l’expérience. Le but était de prendre l’argent à la ferme et de repartir, appuie Zoltan G. Florin S. m’avait promis entre 150 et 200 euros si je l’accompagnais.» Dans son récit qui a duré plus d’une heure, pas toujours facile de suivre toutes les péripéties. «Ne me racontez pas des salades. Cela n’a aucun sens !», a fini par lui lancer la présidente de la 9e chambre criminelle. Toujours selon Zoltan G., c’est Florin S. qui aurait ligoté la victime à la chaise avec du ruban adhésif, avant qu’ils ne prennent la fuite.

«La victime devait avoir 100 000 euros de cash»

Le problème de la version de Zoltan G., c’est qu’elle diffère énormément de celle de la victime. «Pourquoi la victime vous a décrit comme le meneur ? Selon la victime, c’est vous qui avez manié la barre de fer et brandi le couteau», l’a questionné le représentant du parquet. La réponse, il l’attend toujours…

«Je ne me sens pas coupable de ce qui s’est passé», s’est enfin empressé de dire aux juges le troisième prévenu Mihail M., mardi après-midi.

Certes c’est lui qui aurait avec sa voiture occupé le rôle du chauffeur le soir du braquage. Mais c’est Zoltan G. qui aurait concocté le plan. «La victime doit avoir au moins 100 000 euros d’argent liquide dans sa maison», leur aurait-il fait savoir dans un café. Une fois sur place, Zoltan G. aurait commencé par frapper le quinquagénaire, Florin S. l’aurait pris par les épaules… «Et vous, vous faisiez quoi ?», s’est intéressée la présidente. Le trentenaire a reconnu avoir frappé une fois la victime. Sur le chemin du retour, il dit s’être fâché avec Zoltan G. : «Car même pas un 1% de ce qu’il a raconté ne correspond à la vérité. Quand on a sorti entre 700 et 800 euros d’une boîte sur l’armoire, je voulais déjà partir.»

Comme les deux autres prévenus, Mihail M. a un casier judiciaire bien rempli. Et ce n’est pas sa première affaire au Grand-Duché.

Le procès se poursuit ce mercredi après-midi avec les plaidoiries de la défense et le réquisitoire du parquet.

Fabienne Armborst