On n’a rien sans rien. Trois jeunes Français l’ont appris à leurs dépens. Ils ont admis avoir braqué à main armée des prostituées à quatre reprises.
Walid, Ruda et Thomas risquent de passer les seize prochaines années en prison. Les trois jeunes hommes ont reconnu avoir commis quatre attaques à main armée contre des prostituées entre le 1er octobre et le 7 novembre 2020. La représentante du ministère public a estimé dans son réquisitoire que les infractions de vol avec violence et menaces, d’extorsion, de séquestration et d’association de malfaiteurs étaient données, de même que les infractions à la loi sur les armes et les munitions qui leur étaient reprochées.
Pour elle, les trois jeunes, âgés de 25 et 22 ans, auraient à chaque fois agi selon le même mode opératoire avec des rôles bien définis et auraient sciemment choisi des victimes vulnérables n’ayant pas pour habitude de signaler les agressions dont elles sont victimes à la police. Des actes «d’une grande lâcheté» qu’ils auraient poursuivis s’ils n’avaient pas été stoppés dans leur élan criminel. Ils auraient attaqué ces jeunes femmes dans des lieux où elles se sentaient en sécurité face aux inconnus qu’elles reçoivent. Certaines victimes auraient été maintenues au sol et battues.
La procureure ne croit pas en une prise de conscience de la part des prévenus. Le trio craindrait juste les conséquences de ses actes. «Ils étaient fiers de leurs coups et se filmaient avec leur butin et les armes comme dans les mauvais clips vidéo de rap. Qui sème le vent récolte la tempête», estime-t-elle, paraphrasant un rap de MC Solaar. Elle dit avoir la certitude qu’ils auraient commis plus de braquages que les quatre qui leur sont reprochés au Luxembourg et celui commis à Thionville.
«Ils étaient tout sauf organisés»
Les avocats des trois prévenus originaires de France ont présenté le trio comme étant des pieds nickelés. «Il n’y a plus de limites !», s’est exclamé Me Stroesser. «Je ne me rappelle pas un tel réquisitoire pour des faits beaucoup plus graves.» Comme ses confrères, il a plaidé l’acquittement du fait de séquestration passible d’une peine d’emprisonnement de quinze à vingt ans. Il s’agirait tout au plus d’une arrestation ou d’une détention au domicile qui n’aurait duré que quelques instants.
Walid, Ruda et Thomas n’auraient pas non plus formé d’association de malfaiteurs. Juste «trois idiots» qui auraient «agi dans l’instant» pour «de l’argent facile», selon l’avocat de Walid. «Les victimes ont déclaré qu’elles avaient eu affaire à des amateurs qui agissaient dans la panique.» Pour Me Says, avocat de Thomas, «ils étaient tout sauf organisés» et auraient agi de manière aléatoire. Le fait qu’ils se soient filmés avec leur butin après les faits ou qu’ils n’aient même pas pensé à louer une voiture pour commettre leurs forfaits serait une preuve de leur grand amateurisme, selon lui.
L’avocate de Ruda a rappelé qu’ils avaient commis les faits qui leur sont reprochés dans les vêtements qu’ils portaient au moment où ils ont décidé de passer à l’acte. «Il n’y a pas eu de travaux préparatoires», estime-t-elle. «Ils se sont monté le chou. Ils ont agi sous le coup de l’adrénaline, mais ce ne sont pas des voyous.» D’ailleurs, le fait qu’ils se soient servis de pistolets d’alarme prouverait que «le trio n’était pas prêt à dépasser un certain seuil de violence».
Le trio ne mériterait pas une telle peine, plaident les trois avocats. Les quinze mois passés en détention préventive leur auraient ouvert les yeux. C’est la raison pour laquelle ils devraient pouvoir retrouver leurs familles après le prononcé. Leurs avocats demandent une peine qui n’excède pas la durée de la détention préventive, donc, comme l’a suggéré Me Stroesser, une peine de réclusion qui n’excède pas les cinq ans assortie d’un large sursis. Le repentir des jeunes serait sincère.
«J’ai compris la gravité des faits», a indiqué Walid à la barre de la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, mardi. «Nous voudrions pouvoir avoir l’occasion de nous racheter pour montrer que nous ne sommes pas que de simples petits voyous.» «On est trois guignols», a lancé Ruda, le moins bavard des trois. «Je vaux mieux que cela. J’ai sali tout ce qui était important pour moi.» Thomas a, quant à lui, présenté ses excuses à sa famille assise au fond de la salle d’audience ces deux derniers jours, tout comme les mamans des deux autres prévenus. «J’espère qu’il n’est pas trop tard pour nous faire pardonner.»
Lundi, ils avaient déjà fait amende honorable auprès des deux seuls témoins présents. Les larmes d’une prostituée et le récit d’un client leur auraient ouvert les yeux sur l’ampleur du mal qu’ils ont causé en voulant profiter de l’argent facile.
Le prononcé est fixé au 28 avril.