Lundi, les enquêteurs avaient décortiqué le faisceau d’indices incriminant les prévenus Cihan G. (31 ans) et Dogan S. (44 ans). Mardi après-midi, lors de la sixième journée du procès du braquage de G4S, les enquêteurs se sont penchés sur les deux autres prévenus, Anouar B. (35 ans) et Simon S. (26 ans). Ce dernier a toujours contesté son implication.
« Anouar B. a été décrit comme une figure du grand banditisme de Liège », a récapitulé l’enquêtrice. Ses liens avec Marcel Habran lui ont coûté de nombreuses années de prison. Condamné en première instance, il a finalement été acquitté en deuxième instance après six années de détention (2004-2010). Anouar B. a par ailleurs dû comparaître deux fois pour coups et blessures. Une autre affaire, où il aurait tabassé la mère de son enfant, est encore en cours. Voilà pour ses antécédents judiciaires.
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Pour le dossier G4S, le trentenaire a été interpellé la première fois le 25 février 2014. « À l’époque il n’a pas voulu faire de déclarations sur les faits du 3 avril 2013. Car il disait ne pas faire confiance à la justice », a rapporté l’enquêtrice. C’est finalement le 1 er mai 2014 qu’il est arrêté à Verviers, puis le 18 juin extradé au Grand-Duché. Devant le juge d’instruction il déclarera que c’est impossible que son ADN ait été détecté sur les lieux du crime au Luxembourg. Il prétendra ne jamais avoir eu la batterie en question en main.
«C’est une pure coïncidence»
Comme alibi, Anouar B. a indiqué qu’il est possible qu’il se soit trouvé à l’heure du braquage aux urgences de la clinique Sainte-Elisabeth à Verviers, à cause de médicaments qu’il devait prendre. Or selon l’enquêtrice, son alibi ne marche pas : « La dernière fois qu’il a quitté les urgences c’était le 14 février 2013 à 19 h 26 .» Parmi le faisceau d’indices, les enquêteurs relèvent encore les liens d’Anouar B. avec les autres prévenus.
Le quatrième prévenu Simon S. a été arrêté le 25 février 2014. Parmi ses antécédents judiciaires figurent le recel, le dopage et la détention d’armes prohibées. Une perquisition au domicile du joueur de foot a entre autres mis au jour deux gilets pare-balles et des chargeurs de munitions pour kalachnikov. Ces derniers étaient scotchés de la même manière que ceux captés par les caméras de surveillance lors du braquage de G4S. Lors de son interrogatoire, il a affirmé les avoir achetés dans un stock américain. À la question de savoir pourquoi il a collé les chargeurs ensemble, il a répondu : « C’est moi qui les ai scotchés ensemble comme ça. »
L’enquêteur note qu’au cours de ses auditions, Simon S. a essentiellement parlé de coïncidences. Ainsi a-t-il commenté le fait que le morceau d’accoudoir manquant à l’Audi garée dans son box a été retrouvé à Jumet dans un box abritant une BMW X6 M. Or il s’avère que cette dernière a servi pour attaquer un centre fort à Best, aux Pays-Bas le 20 mars 2013.
Même conclusion pour les munitions retrouvées chez lui. D’après l’enquête, il s’agit du même type que les douilles qui ont été retrouvées sur les lieux du crime : « C’est une pure coïncidence. Il y a un milliard de munitions avec cette mention. »
Enfin, lors de la perquisition avait également été découverte sous une poubelle une cagoule emballée. Sur les images de la caméra de surveillance, l’un des braqueurs portait une telle cagoule. « Tout le monde a ce genre de cagoule à Charleroi. On peut en acheter pour six euros », avait soulevé Simon S. pendant son interrogatoire.
Le procès se poursuit ce mercredi après-midi avec l’audition des agents de la police technique.
Fabienne Armborst