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Braquage de G4S : « L’ADN ne dit pas que j’étais là »


Sur les bouchons des deux bidons retrouvés à Garnich ont été relevées les traces ADN de Dogan S. et Cihan G. (photo police grand-ducale)

À la barre, le prévenu Cihan G. a clamé son innocence dans l’affaire du braquage du transporteur de fonds G4S, jeudi. Son ADN avait été retrouvé sur un bouchon de jerricane.

Après Anouar B. (35 ans) et Dogan S. (44 ans) mercredi, c’était jeudi, au 15e jour du procès du braquage de G4S, au tour des prévenus Cihan G. (31 ans) et Simon S. (26 ans) de s’expliquer à la barre.

« Je n’étais pas là pour le braquage. Je ne peux pas donner une réponse sur quelque chose que je n’ai pas commis.» Comme Anouar B. et Dogan S. la veille, Cihan G. a contesté, jeudi, son implication dans le braquage du siège de G4S à Luxembourg-Gasperich, le 3 avril 2013.

Ses traces ADN avaient été retrouvées sur les lieux du crime, plus précisément sur le bouchon d’un bidon d’essence à Garnich à côté d’un autre bidon qui recueillait celles de Dogan S. « C’est bizarre que l’ADN d’une personne que je ne connais pas se retrouve sur le bidon d’à côté », a soulevé le prévenu avant d’insister sur le fait qu’il ne connaît nullement Dogan S.

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« Vous ne trouvez pas que c’est un peu déconcertant que trois ADN aient été retrouvés sur les lieux du crime, celui d’Anouar B., celui de Dogan S. et celui de Cihan  G? Et ces trois personnes sont toutes connues par les autorités belges », l’a repris la présidente de la chambre criminelle.

« L’ADN ne dit pas que j’étais là. L’ADN dit que j’ai touché un bouchon », a contesté Cihan G. avant de remarquer qu’il n’a pas l’historique des bidons qu’il a touchés dans sa vie, que ce soit pour remplir la moto, la tondeuse ou la tronçonneuse pour couper les arbres au fond de son jardin… «Certainement, quelqu’un a donné un bidon à quelqu’un d’autre. »

Mais qu’en est-il de son ADN retrouvé sur un gilet pare-balles saisi chez Simon S.? Sur ce point, Cihan  G. a parlé d’une « histoire ancienne » et rendu attentif à la date de péremption du gilet qui est 2006.

« Il faut être fou pour faire un hold-up au Luxembourg. C’est connu que c’est un pays très sévère en ce qui concerne les peines », a conclu Cihan G. en insistant une nouvelle fois sur son innocence.

Même refrain du côté du dernier prévenu, Simon S., entendu hier. « Je n’ai rien à voir avec le braquage. J’espère être acquitté. » Voilà ses derniers mots à la barre après avoir tenté d’esquiver toute une série de questions.

Lors d’une perquisition à son domicile en juin  2013, avaient notamment été saisis deux gilets pare-balles, des chargeurs pour kalachnikov ainsi qu’un kit de nettoyage pour arme. Un de ces gilets comportait l’ADN de Cihan G. Logique donc que la chambre criminelle l’interroge à ce sujet. « Pour moi, Cihan, c’est un gros nounours. C’est quelqu’un de bien. J’adore m’amuser avec lui .»

«Je ne fais pas 400 km pour vous mentir»

La chambre criminelle ne l’a pas lâché aussitôt. Sa première réponse à la question de savoir pourquoi il avait à l’époque deux gilets pare-balles chez lui était  : « J’ai été condamné pour cela. » Sur l’insistance du tribunal, il a ajouté : « J’en ai deux, point à la ligne. » Puis  : « Chez nous, à Farciennes, on craint pour sa sécurité. » Il terminera en disant que les gilets n’avaient rien à voir avec l’attaque à Gasperich. Quant aux chargeurs de kalachnikov scotchés de la même manière que ceux utilisés à Gasperich, il finira par répondre qu’il est « fan d’accessoires militaires ».

Une observation avait révélé que le 24  janvier  2014 Simon S. s’était rendu en compagnie de Serdar E. en Allemagne, en passant par le Grand-Duché. Interrogé sur ce qu’il faisait au petit matin dans une zone industrielle à Trèves près d’un bâtiment d’une société de transports de fonds, il a évoqué « une balade en voiture ». Quant au bonnet qu’il ne fallait pas oublier, cela aurait été « parce qu’il faisait froid ».

« Je fais 400  km par jour. Ce n’est pas pour vous mentir », a poursuivi Simon S. qui prétend ne rien à voir avec le braquage du 3  avril  2013.

Lors de son passage à la barre, le prévenu a également tenté de convaincre la chambre criminelle que trois semaines après le décès de sa mère, il était impossible pour lui d’avoir participé au braquage. Le procès se poursuit lundi avec les plaidoiries des avocats de la défense.

Fabienne Armborst