Les avocats des six prévenus sont convaincus que le tribunal ne pourra pas passer à côté d’un acquittement. Le dossier serait vide. L’enquête reposant sur un parti pris a été mal menée.
Pourquoi les enquêteurs modernes avec leurs nouvelles méthodes d’enquête n’ont-ils pas obtenu de meilleurs résultats que leurs prédécesseurs de l’époque ?
Parce qu’ils sont partis de l’a priori que les anciens officiers mentaient pour «saboter la première instruction» d’il y a 40 ans. «Le vers était dans le fruit», indique Me Entringer qui dénonce une enquête manquant de neutralité. «Les enquêteurs ont tenté de prouver la théorie du complot.»
Les enquêteurs, mais aussi le parquet qui a livré un réquisitoire de 25 pages dans lequel l’avocat d’Armand Schockweiler n’a «pas trouvé un seul parjure ou faux témoignage».
«Mon client n’a juste pas donné les réponses que certaines personnes attendaient» partant de la théorie du complot pour préserver l’identité du ou des poseur(s) de bombes. L’avocat espère que la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg ne suivra pas ce parti pris.
«Six hommes doivent se justifier pour des faits remontant à 40 ans. Quarante ans! Quelque chose a dû mal tourner dans la gestion du dossier», constate l’avocat avant de se plonger dedans pour démonter les accusations du parquet. Il lui est notamment reproché de ne plus se souvenir du nom des agents du FBI venus enquêter au Luxembourg.
«Est-ce un parjure? Un faux témoignage? Armand Schockweiler n’a jamais dit qu’il ne les avait jamais rencontrés ou n’avait jamais travaillé avec eux», souligne Me Entringer. «En quoi cela démontre-t-il la culpabilité ou l’innocence des deux prévenus de l’affaire principale?»
Comme ses confrères avant lui toute cette semaine, l’avocat critique le travail du parquet peut être un peu trop zélé à son goût. De la genèse de la commission rogatoire internationale à Bruxelles, à l’observation de Ben Geiben à Luxembourg, en passant par leur exécution et leur abandon qui «n’est pas venu du jour au lendemain», Me Entringer décortique tout.
«À Bruxelles, pas à Knokke»
«Il est prouvé au dossier que mon client n’avait pas été informé de l’observation. Penser que c’était une suite logique de là CRI est une erreur», s’emporte l’avocat.
Armand Schockweiler en avait fait la demande et s’était rendu dans la capitale belge. «Une opération de longue haleine qui nécessitait une préparation. Le contraire de ce qui s’est passé au Luxembourg», selon l’avocat.
Il s’agissait de vérifier les contact de Geiben dans le milieu, pas de suivre un Bommeleeër présumé. «Ce n’étaient pas des vacances. Les enquêteurs étaient à Bruxelles. Sinon ils seraient allés à Knokke.»
Pour lui, les enquêteurs de l’époque auraient «papillonné» entre les pistes et les suspects. «Mon client n’a pas menti. Le dossier ne contient rien qui puisse prouver le contraire. Les reproches faits à mon client n’ont aucune influence sur l’issue du procès principal», répète Me Entringer.
«On accuse mon client de quelque chose qu’il n’a pas commis. Armand Schockweiler mérite d’être acquitté. C’est clair et je suis persuadé à 100 % que la chambre criminelle ira dans cette direction.»
Pour lui, le doute n’est pas permis quant à la bonne foi de son client. Le dossier est vide. Tout ce que l’enquête aurait permis de démontrer est que l’enquête de l’époque a été mal menée. Elle n’aurait cependant pas démontré que l’enquête aurait été sciemment sabotée dans l’intention de cacher un complot.
Me Assa, interrogé à l’issue de l’audience de ce jeudi critique lui aussi l’enquête. «Il n’y a rien. Il appartient au parquet de prouver les faits, leurs conséquences et leurs répercussions à charge ou à décharge sur le procès de Wilmes et Scheer.
Et puis, le point de d’achoppement, prouver que les affirmations des prévenus étaient de mauvaise foi et criminelles.»
L’avocat de Pierre Reuland est curieux d’entendre les répliques du parquet lundi prochain. «À savoir si sa représentante apportera des preuves» qui feront avancer l’affaire et le sort des deux anciens gendarmes.
«Leurs avocats trouvent aussi que le dossier est vide.» C’est à se demander à quoi le procès a servi. Me Pierret est d’avis qu’«on s’est perdu en route».
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