Lors d’un cambriolage à Bettembourg en janvier dernier, le trio avait notamment mis la main sur 26 litres de foin. Le soir même, ils avaient été interpellés par la police à bord de leur véhicule. Leur procès a eu lieu jeudi matin.
Le butin du trio arrêté le 20 janvier dernier peut prêter à sourire. Un sac Louis Vuitton, une lampe torche, 200 euros en billets de banque, une boîte à bijoux, un sac plastique IKEA contenant 300 euros en pièces… jusqu’ici rien de bien exceptionnel s’il n’y avait pas eu cette cage à lapins et ses 26 litres de foin!
Non, ce n’est pas une faute de frappe dans l’ordonnance de renvoi du parquet. «Madame achetait toujours du foin pour ses lapins. Il a été volé en même temps que la cage à lapins», confirmait le policer en charge du dossier, jeudi matin, à l’audience. Le tribunal avait sa petite idée : «Peut-être le foin a-t-il été pris par les cambrioleurs pour une autre herbe séchée?»
Il était autour de 19 h ce samedi soir, quand les trois Roumains, âgés de 27, 28 et 31 ans, se sont introduits dans la maison située dans un quartier résidentiel à Bettembourg. Le parquet leur reproche d’avoir forcé une porte-fenêtre donnant accès à l’habitation. Avec leur butin, ils avaient regagné leur voiture immatriculée en Angleterre.
Ils n’étaient toutefois pas arrivés bien loin. Alors qu’ils circulaient en direction de Peppange, la police avait interpellé le trio à bord de sa voiture. Cette dernière avait déjà attiré l’attention des agents en début de soirée. Mais du butin, il ne restait plus que la lampe torche et le sac IKEA… Le reste, ils l’avaient jeté le long de la route nationale qu’ils avaient empruntée.
«On voulait acheter une voiture en Belgique»
Le trio était rapidement passé aux aveux. Des aveux qu’ils ont réitérés jeudi à la barre de la 12e chambre correctionnelle. Avec la nuance près qu’ils n’auraient jamais planifié ce cambriolage au Luxembourg.
«Nous étions de passage, en route vers la Belgique pour acheter une voiture», lâche le premier. «J’avais assez d’argent sur ma carte bancaire. J’avais repéré une Peugeot pour 600 euros», complète le deuxième, assurant que le cambriolage a eu lieu de manière totalement spontanée : «On s’est arrêtés pour changer de conducteur. Alors qu’on se reposait sur un banc, on a vu la maison avec la fenêtre ouverte.»
Vol par effraction ou escalade, peu importe. Les objets ont bien été dérobés. À l’exception du sac Louis Vuitton, tout le butin a été retrouvé. Les avocats de la défense sollicitent la clémence du tribunal envers les trois prévenus qui se trouvent depuis quatre mois en détention préventive. «Mon client a reconnu avoir commis ce forfait sans passer par quatre chemins», soulève Me Philippe Stroesser. Et Me Eric Says, défendant les deux autres prévenus, d’ajouter : «Ils étaient à trois pour le cambriolage. Je propose de couper la poire en trois pour ce qui concerne la peine.»
Pour le parquet, aucun doute: les trois prévenus se sont rendus au Luxembourg exprès pour le cambriolage : «Les affirmations des prévenus selon lesquelles ils sont passés par la fenêtre ouverte servent à appuyer leur version selon laquelle ils n’auraient pas eu l’intention au début de cambrioler.»
Le représentant du parquet poursuit son raisonnement : «S’ils voulaient seulement changer de conducteur comme ils le prétendent, ils pouvaient faire cela sur une station-service sur l’autoroute. Pas besoin de s’arrêter dans un quartier résidentiel.» À cela s’ajoutent le tournevis et les deux paires de gants retrouvées dans la voiture. Une troisième paire avait été ramassée le long de la route. Pour le parquet, le compte est bon.
Il requiert 24 mois contre le plus âgé des trois prévenus. D’après son casier judiciaire, il n’en est pas à son premier cambriolage de maison. L’été dernier, il a été condamné à 20 mois de prison en Rhénanie-Palatinat. Contre les deux autres prévenus, le parquet requiert 18 mois de prison. Enfin, il demande la confiscation de leur voiture saisie. Prononcé le 21 juin.
Fabienne Armborst