Un délit de fuite présumé, un jeune conducteur qui veut se faire justice lui-même et cause un accident : une affaire en deux parties dont le premier volet a été jugé vendredi.
Mélanie est accusée d’avoir commis un délit de fuite vers 23 h, le 21 novembre 2019, dans la rue Wenzel à Beringen. La jeune femme aurait été sous l’influence de l’alcool. Elle revenait avec une collègue de la fête du personnel de son entreprise. Elles auraient dû passer la nuit dans un hôtel, mais il n’y avait plus de chambre libre.
L’accident serait survenu au moment où la jeune femme aurait fait demi-tour dans l’entrée de garage du propriétaire de la voiture endommagée. Ce dernier serait alors arrivé en voiture.
À la barre vendredi, le jeune conducteur dit être monté avec sa voiture sur le trottoir de devant chez son voisin pour laisser la place à la conductrice de manœuvrer. Il se souvient du bruit de l’impact entre les deux véhicules. Après le choc et voyant que la conductrice reprenait sa route comme si de rien était, il l’aurait suivie.
«Les témoins disent que vous l’avez presque poussée de la chaussée», note la présidente de la 19e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «J’avais la voiture depuis deux mois et déjà on me l’endommageait, explique le jeune homme, dépité. Je sais que je n’aurais pas dû le faire. Je pensais pouvoir dépasser sa voiture et la contraindre à s’arrêter.»
«Vous auriez pu noter le numéro d’immatriculation de la voiture de la prévenue et appeler la police. Il y a toujours des patrouilles en route. Vous n’avez pas besoin de faire justice vous-même», conseille la présidente. Ce deuxième volet de l’affaire sera jugé un autre jour.
La passagère de la jeune femme dit ne pas avoir senti de choc au moment de l’impact présumé. Par contre, elle aurait bien senti le choc de l’impact de la voiture du jeune homme quand il a essayé de les arrêter et les a heurtées par l’arrière.
«Si j’avais eu conscience d’avoir commis un délit de fuite, je n’aurais pas pris l’initiative de prévenir la police», se défend Mélanie.
Le jeune homme lui aurait proposé de lui payer la somme de 6 000 euros pour réparer les dommages qu’elle aurait occasionnés à la portière gauche de son véhicule et taire l’affaire. «Le soir des faits, il m’a dit avoir tout vu depuis la fenêtre de son domicile. À la police, quand elle est arrivée sur les lieux du deuxième accident, il a dit qu’il écoutait de la musique dans sa voiture dans la rue. Aujourd’hui, il dit encore autre chose», a pointé la prévenue.
Pas de délit de fuite pour le procureur
«Le parechoc de ma voiture traînait au sol», se souvient Mélanie, qui a essayé de mettre toutes les chances de son côté. «Tous les dégâts sur mon véhicule proviennent de l’accident qu’il a causé quand il m’a percutée», a-t-elle prétendu en tentant de montrer sa bonne foi.
La voiture du jeune homme aurait été sérieusement endommagée à la portière avant gauche. Au total, il en aurait eu pour plus de 5 000 euros de réparation. Des frais que son père aimerait voir remboursés en se portant partie civile.
Le procureur semble accréditer la version de Mélanie. «L’attitude du jeune homme a donné un goût amer» à l’affaire. De plus, aucune trace directe correspondant aux dégâts prétendument causés à la voiture du jeune homme n’aurait été relevée sur la voiture de Mélanie.
Il a requis l’acquittement pour le délit de fuite et 18 mois d’interdiction de conduire ainsi qu’une amende à l’encontre de la jeune femme notamment pour avoir circulé en état d’ébriété et avoir causé des dommages à la propriété d’autrui.
L’avocat de la jeune femme était quant à lui d’avis que rien ne permettait de conclure qu’elle est bien à l’origine des dégâts sur la voiture du jeune homme dont il a mis en doute la crédibilité et rappelé qu’il aurait par la suite créé un accident plus grave que celui dont est suspectée sa cliente.
«Il ne dit pas la vérité, estime l’avocat. Il a vu l’opportunité de cacher et de se faire rembourser les dégâts sur sa voiture causés par un autre accident.» Après avoir plaidé l’acquittement pour le délit de fuite, l’homme de loi a finalement demandé que Mélanie puisse bénéficier d’un sursis ou à ce qu’elle puisse être autorisée à conduire uniquement pour ses trajets professionnels.
Le prononcé est fixé au 3 février.
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