Une enquête préliminaire a été ouverte à Metz après le dépôt d’une plainte fin décembre pour « harcèlement moral » par cinq militaires de la base 133 de Nancy-Ochey, dont un pilote, a-t-on appris, ce mardi, de source judiciaire.
L’enquête sur cette plainte, qui concerne trois hommes et deux femmes de tous les grades, a été confiée à la Section de recherche de la gendarmerie de l’air, a précisé le procureur de la République de Metz Christian Mercuri.
« Je suis ravi. L’affaire semble être prise au sérieux », a réagi Me Berna, avocat des plaignants, souhaitant que les gendarmes parviennent à « travailler sans subir de pression ». « J’ai transmis d’autres pièces et preuves à l’appui des plaintes », a-t-il ajouté. Dans leurs plaintes, les victimes avaient évoqué de multiples brimades, des reproches injustifiés, des insultes, des privations de missions, des dénigrements, de l’ostracisme, selon leur défenseur qui avait dénoncé « le côté institutionnalisé des pratiques de harcèlement ».
Les plaignants avaient également fait part de propos inappropriés à l’adresse des femmes, notamment lorsqu’elles étaient enceintes. Il faisaient état aussi de participations forcées à des réunions au milieu de photos de femmes dénudées.
Me Berna avait relevé « des bizutages appelés ‘bahutages' » qui ont le même objet, à savoir « humilier les gens », ou encore « des reproches quand les victimes ne participaient pas aux « beuveries organisées dans la caserne pour la cohésion du groupe ». Il avait ainsi donné l’exemple d’un militaire qui s’était vu reprocher son absence à une soirée alors que ce sportif ne souhaitait pas s’y rendre.
« Groupes de dénigrement »
Sur les cinq plaignants, deux ont quitté l’armée avant la fin 2020 tandis que les trois autres étaient, au même moment, « soit en arrêt maladie, soit placardisés », avait précisé leur avocat. La plainte visait à faire ouvrir une enquête et à déterminer les responsabilités » mais également à permettre de vérifier si certains actes pourraient être considérés comme sexistes voire relever d' »agressions sexuelles ».
Au moment du dépôt de plainte, Me Berna avait annoncé vouloir demander une audience à la ministre des Armées, Florence Parly, requête qu’il n’a pas encore présentée. « Je recueille des témoignages qui arrivent d’un peu partout. Quitte à demander et à obtenir une audience, autant qu’on ait un maximum d’informations », a-t-il fait valoir, soulignant toutefois ne pas tenter « d’aller chercher un moyen de pression sur l’autorité judiciaire et les enquêteurs » par ce biais.
Me Berna a en outre dénoncé « de multiples pressions et groupes de dénigrement » visant ses clients. « Ça démontre surtout comment l’institution Armée de l’air est en panique », a-t-il estimé, précisant avoir fait établir des constats d’huissier.
« Un des plaignants a écrit un livre Sale Pim (NDLR : surnom des jeunes pilotes). Il est diffusé en PDF et en violation des droits d’auteur par des membres de l’armée avec des informations selon lesquelles celle-ci compte l’attaquer en diffamation », a constaté l’avocat, assurant « rêver de ce procès » qui « permettra de mettre en avant tous les manquements ».
Aucun porte-parole de la base militaire de Nancy-Ochey n’a pu être joint.
AFP/LQ