Une trentaine de personnes ont été tuées par les feux de forêt qui ont embrasé dimanche le Portugal et la région voisine de Galice, en Espagne, après plusieurs mois de sécheresse et le passage de l’ouragan Ophelia.
Selon un nouveau bilan établi lundi par la protection civile portugaise, ces incendies ont fait 27 morts à Coïmbra, Castelo Branco, Viseu et Guarda, dans le centre et le nord du pays. Les feux ont fait également 51 blessés, dont 15 dans un état grave, a précisé la porte-parole de l’Autorité nationale de protection civile, Patricia Gaspar, lors d’une conférence de presse à Lisbonne.
Une trentaine de foyers jugés « importants » étaient toujours actifs, mobilisant plus de 5.800 pompiers. Le foyer le plus important faisait rage près de Lousa, dans la région de Coïmbra, mobilisant à lui seul 650 soldats du feu. « On a vécu un véritable enfer, c’était horrible. Le feu est venu de partout et les flammes sont passées juste au dessus des maisons », a témoigné à la télévision publique RTP une habitante de la commune de Penacova, située près de Coïmbra et où deux frères d’une quarantaine d’années sont morts alors qu’ils tentaient de combattre les flammes.
En Galice, les autorités recensaient une quinzaine de foyers actifs pouvant représenter un risque pour les populations et les habitations. Confirmant un bilan provisoire de trois personnes tuées, le chef du gouvernement régional, Alberto Nunez Feijoo, a indiqué dans la matinée que la situation était toujours « très préoccupante » et a annoncé que la Galice observerait trois jours de deuil. Les autorités des deux pays espéraient que la météo, qui annonce pluie et températures plus douces à partir de lundi, aiderait les pompiers à venir à bout des brasiers encore actifs.
‘Sécheresse sévère’
Ces incendies, dont une partie a « pour la première fois » traversé la « frontière naturelle » du nord du Portugal vers l’Espagne, ont été attisés par des rafales de vent allant jusqu’à 90 km/h liées à l’ouragan Ophelia, qui passait au large de la péninsule ibérique et se dirigeait vers l’Irlande, a expliqué Alberto Nunez Feijoo à la chaîne La Sexta. « Nous sommes frappés par une sécheresse sévère et le pays a été balayé hier (dimanche) par des vents très forts, en raison de l’ouragan Ophelia qui est passé tout près », a également souligné la ministre portugaise de l’Intérieur, Constança Urbano de Sousa.
Le Portugal a enregistré dimanche 524 incendies ou départs de feux, du jamais vu depuis 2006, a souligné le Premier ministre Antonio Costa, qui a déclaré « l’état de catastrophe publique ».
Le pays avait déjà été frappé à la mi-juin par l’incendie le plus meurtrier de l’histoire du Portugal, qui a fait 64 morts et plus de 250 blessés près de Pedrogao Grande (centre). Entre début janvier et fin septembre, près de 216.000 hectares de végétation étaient déjà partis en fumée, selon une estimation de l’Institut de la conservation de la nature et des forêts.
Contrairement à la tragédie de Pedrogao Grande, où les victimes ont toutes péri dans un seul brasier d’une violence inouïe, les personnes tuées dans la nuit de dimanche à lundi ont péri dans plusieurs incendies différents à travers le centre et le nord du pays. Les districts de Viseu (nord) et Coïmbra (centre) sont les plus touchés, avec respectivement 16 et dix morts.
En Galice, deux personnes ont péri piégées dans leur véhicule près de Nigran, alors qu’elles essayaient de fuir, a annoncé le maire de cette ville à la télévision: « Cela a été très soudain, c’était fou », a-t-il commenté. Un homme âgé a aussi été trouvé mort dans un hangar derrière sa maison, à Carballeda de Avia.
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy devait se rendre lundi en Galice, dont il est originaire, après avoir exprimé ses condoléances sur Twitter.
Dans la nuit, cinq incendies près de la ville portuaire de Vigo, qui compte environ 300.000 habitants, ont provoqué l’évacuation d’un centre commercial et d’une usine PSA Peugeot Citroën, où le travail a toutefois pu reprendre normalement lundi matin. Des résidents avaient dû fuir leur maison et se réfugier dans deux centres sportifs et trois hôtels de la ville.
Le Quotidien / AFP