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Attouchements : un alibi sexuel de dernière minute


Christian continue de nier les faits qui lui sont reprochés et de crier au complot. (Photo : archives lq/julien garroy)

La défense a plaidé l’acquittement de Christian, suspecté d’attentats à la pudeur sur ses neveux et nièces. L’avocate a pointé des ajouts dans les témoignages et un revirement en sa faveur.

Mardi, le parquet avait requis une peine de six années de réclusion criminelle à l’encontre de Christian, 33 ans. Le jeune homme d’origine italienne est accusé d’attouchements sur ses nièces et un neveu mineurs, malgré la volte-face de ce dernier quelques mois avant le début de l’affaire. La commission des faits est indiscutable, selon la représentante du ministère public qui a demandé dans son réquisitoire à la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg de ne pas retenir les déclarations faites par le neveu dans une attestation testimoniale ou à la barre, mais de privilégier sa version des faits initiale à la police et à l’expert judiciaire.

La présidente de la chambre criminelle avait marqué sa surprise face à ce revirement de dernière minute et aux explications du témoin qui évoquait un malentendu. Me Muller, l’avocat des victimes présumées, a pointé l’adresse particulière où le témoin a rédigé l’attestation. Il s’agit du domicile du prévenu. La chambre criminelle avait craint que quelqu’un ait pu influencer le témoin. Le doute reste entier.

L’avocate de la défense, dans ses plaidoiries, a demandé quel aurait été l’intérêt du jeune homme de faire un faux témoignage pour lequel il peut être poursuivi. Elle a plaidé en faveur de l’acquittement du prévenu sur ce point, avant de décortiquer un dossier qu’elle prétend à charge. L’avocate estime qu’il aurait dû être considéré avec plus de nuance. Son client «est resté constant dans ses contestations», contrairement aux deux victimes présumées qui, selon elle, auraient «ajouté des éléments» inédits lors de leur témoignage à la barre. Une des filles a accusé le prévenu de lui avoir touché le vagin et sa sœur de l’avoir embrassée. L’avocate cherche à mettre en avant des «contradictions» dans le dossier. La présidente de la 9e chambre criminelle n’hésite pas à la reprendre.

Avant de demander l’acquittement du prévenu de toutes les infractions retenues à sa charge ou un sursis intégral si le tribunal se décidait à le condamner, elle tire une dernière carte assortie d’un certificat médical de la manche de sa robe d’avocate. Christian est atteint de phimosis, un rétrécissement de l’extrémité du prépuce, qui lui ferait honte et l’empêcherait de se masturber. Une des victimes présumées l’accuse de l’avoir forcée à le masturber. Le parquet ne croit pas à l’explication de l’avocate et rétorque que le prévenu a précisé à l’expert médical «se masturber une fois par semaine» et «avoir des relations sexuelles normales» avec sa compagne.

«Pleine connaissance de ses actes»

La magistrate n’admet pas non plus le délai raisonnable avancé par l’avocate au motif que si le procès a pris du retard depuis la clôture du dossier il y a six ans, c’est en partie dû aux nombreuses remises demandées par la défense.

Les faits dont Christian est accusé se seraient produits entre 2011 et 2014. Ses nièces, mineures au moment des faits, ont raconté qu’il les avait touchées dans le bas du dos et avait caressé leurs lèvres avec son doigt mouillé à deux ou trois reprises alors qu’il s’occupait d’elles au domicile des grands-parents ou au domicile familial. Il aurait également guidé la main d’une des filles sur son sexe. L’expert judiciaire avait conclu que les faits relatés par les victimes présumées reposaient sur du vécu véritable.

Pourtant, ces trois derniers jours, Christian a nié les faits, se disant victime d’un complot de la part des deux sœurs qui n’auraient plus souhaité être gardées par leurs grands-parents quand leurs parents travaillaient de nuit. La famille du prévenu et des enfants se déchire et les accusations ont volé bas lors des trois audiences. Les parties s’accusent de mensonges et accablent la maman des deux victimes présumées qui n’aurait jamais apprécié sa belle-famille, selon les frères du prévenu.

Le tribunal a tenté de démêler le vrai du faux de ces affirmations. La représentante du parquet n’avait pas cru du tout au revirement du témoin ni à la théorie du complot. Elle avait établi que Christian a porté atteinte à la pudeur des trois enfants «en pleine connaissance de ses actes».

Le prononcé est fixé au 14 juillet prochain.