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Attouchements sur deux fillettes : il écope de 8 ans de prison


photo AFP

Vendredi, la chambre criminelle a reconnu le quinquagénaire coupable d’attentats à la pudeur sur deux fillettes. Six ans de sa peine ont été assortis du sursis. Jusqu’au bout, le quinquagénaire avait clamé son innocence : ni en 2007 ni fin 2013-début 2014, il n’aurait abusé sexuellement des deux fillettes. L’experte en génétique avait toutefois relevé ses traces ADN dans les sous-vêtements portés par la fillette de 10 ans.

C’est en janvier 2014 que la fillette de 10 ans s’était confiée à sa mère. Elle se plaignait de douleurs en bas du ventre et indiquait avoir subi des attouchements de la part du père de ses copines voisines chez qui elle allait souvent jouer.

Après l’appel de la mère en pleine nuit, le service protection de la jeunesse de la police judiciaire avait été chargé de l’enquête. Au cours de l’audition vidéo de l’enfant, il était ressorti que lors du réveillon de Noël 2013, le quinquagénaire avait abusé d’elle une première fois. En janvier, il aurait commis de nouveaux attentats à la pudeur et lui aurait fait mal avec son ongle.

L’examen médical effectué dans la foulée attestait d’une égratignure de 15  millimètres au niveau de ses parties intimes.

Tout au long de l’instruction, le prévenu de 59  ans avait clamé son innocence  : « Je n’ai rien fait de ce qu’on me reproche. » Mais l’experte en génétique avait relevé ses traces ADN dans la culotte portée par la fillette de 10  ans. La présidente de la 13 e  chambre criminelle n’avait pas manqué d’interroger le quinquagénaire sur cet indice compromettant  : « Comment votre ADN est-il donc arrivé à l’intérieur de la culotte? »

Il s’était défendu avec son dentier

Par tous les moyens, le prévenu avait tenté de convaincre les juges : « Ce jour-là, j’ai dormi sur le divan. Je me suis levé et j’ai mis dans la bouche mon dentier que j’avais entreposé pendant la nuit sur une serviette. La fille a pris la serviette pour s’essuyer les mains et ensuite aller aux toilettes. » Trois fois, la présidente avait repris son élan  : « Pourquoi aurait-elle utilisé la serviette où vous posiez votre dentier? » La chambre criminelle n’avait toutefois pas obtenu plus d’explications. « Elle s’est couchée où j’avais dormi. Elle a pris la serviette. Elle s’est grattée, ou je ne sais quoi… »

Le deuxième fait pour lequel le prévenu était poursuivi remonte à fin 2007. C’est un peu par hasard qu’il avait éclaté au grand jour, sept ans plus tard. Dans le cadre de l’enquête ouverte en 2014, la police judiciaire était en effet tombée sur un procès-verbal du 26  décembre 2007. Ce jour-là, le quinquagénaire avait été verbalisé pour avoir conduit sous l’influence de l’alcool. À l’époque, une enfant de 11  ans se trouvait sur le siège passager. Sa position avait intrigué les agents. Mais elle leur avait alors assuré avoir juste ramassé un objet par terre.

L’enquêtrice avait décidé de convoquer la fille, âgée entretemps de 17  ans. Lors de l’audition, elle avait expliqué qu’il avait glissé sa main dans sa culotte. À l’époque, elle n’avait pas dénoncé les faits. « Je voulais tout simplement oublier cela. Je voulais n’avoir plus rien à voir avec cela », avait témoigné à la barre la jeune femme, âgée aujourd’hui de 21  ans, les larmes aux yeux. Elle avait ajouté que son agresseur l’avait aussi menacée  : si elle parlait, cela pourrait causer des problèmes à sa mère. Celle-ci logeait à l’époque au-dessus du café du quinquagénaire et y travaillait.

Alors que la défense avait plaidé l’acquittement pour cause de doute, le parquet avait estimé que les faits reprochés au prévenu pouvaient bien être qualifiés d’attentats à la pudeur. Conformément à ses réquisitions, la chambre criminelle a reconnu coupable le quinquagénaire et l’a condamné vendredi à huit ans de réclusion, dont six ans sont assortis du sursis. Le prévenu est placé sous le régime du sursis probatoire pour une durée de cinq ans avec l’obligation notamment d’indemniser les victimes. À la jeune fille abusée en 2007, il doit verser 4  000  euros pour le préjudice moral. À la deuxième fillette ainsi qu’à sa mère, il doit verser un total de 10  000  euros de dommages et intérêts. Les parties civiles ont également droit à une indemnité de procédure de 500  euros.

Le quinquagénaire, qui a passé deux mois en détention préventive avant d’être placé sous contrôle judiciaire, a 40  jours pour interjeter appel.

Fabienne Armborst