Un oncle est suspecté d’avoir attouché sexuellement ses neveux et nièces. Un neveu s’est rétracté à la barre, lundi. Les deux nièces maintiennent leurs accusations.
La maison relais de Differdange a donné l’alerte auprès du service de protection de la jeunesse en 2015 : une petite-fille confie avoir été victime d’attouchements de la part de son tonton. Les faits auraient eu lieu dans une chambre à coucher chez ses grands-parents qui la gardaient la nuit avec son petit frère et sa sœur, ainsi que dans le salon ou dans la maison familiale. Cette confession fait boule de neige. Le tonton est accusé d’avoir également commis des attouchements sur une autre de ses nièces et sur un neveu.
Mais à part leurs parents, personne ne croit les deux gamines, selon un enquêtrice du service de protection de la jeunesse de la police. Leur grand-mère qui est aussi la maman du prévenu, avance que les deux gamines ont «inventé les faits pour ne plus avoir à passer les nuits chez leurs grands-parents ou attirer l’attention de leurs parents». L’enquêtrice estime que les faits se seraient produits à plusieurs reprises entre 2009 et 2013. Les deux sœurs se sont confiées à leurs parents le 28 avril 2014. «Pour moi, les victimes présumées sont absolument crédibles», conclut l’enquêtrice face à la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier.
Un expert psychologue chargé de l’expertise de crédibilité des deux victimes présumées confirme cette impression. Le prévenu leur aurait touché le torse, le dos, les fesses et la bouche. Une unique fois, il aurait guidé la main d’une des fillettes sur son sexe et aurait imprimé un mouvement de va-et-vient avant de la relâcher quand la grand-mère est entrée dans la pièce. «Les propos des trois enfants sont cohérents et reposent sur un vécu authentique», estime l’expert.
Le témoignage de Fabrizio, le cousin, sème cependant un doute. À la barre, le jeune homme de 21 ans raconte : «Mon oncle m’a juste demandé de me déshabiller avant d’aller me coucher, mais j’ai raconté autre chose à mes cousines. C’était une erreur. J’ai prétendu qu’il m’avait aussi fait des trucs.» À la barre, il dit avoir menti pour rassurer ses cousines. Pourtant, comme le lui rappelle la présidente de la chambre criminelle, il a maintenu cette version face aux policiers et à l’expert psychologue ainsi que dans une attestation testimoniale. «J’avais 14 ans. Je suis adulte à présent et j’ai pris conscience des conséquences», indique le jeune homme pour justifier ce revirement de dernière minute. La présidente, incrédule, lui demande si «quelqu’un n’aurait pas fait pression sur vous pour que vous racontiez une autre histoire à l’approche du procès». Le témoin assure que non.
«Plus d’une fois, peut-être trois»
«Il me touchait», assure quant à elle Luisa, une des victimes présumées, après que la présidente lui a rappelé comme à sa sœur les conséquences d’un faux témoignage. La jeune fille de 19 ans ne se souvient plus quand les faits présumés ont débuté. Elle estime que ce devait être avant ses 9 ans. «C’est la seule et unique fois que cela s’est produit au domicile familial», se souvient-elle. «La première fois chez mes grands-parents, c’était sur le canapé du salon. On regardait la télévision. Ma grand-mère dormait. J’étais assise sur les genoux de mon oncle.»
Luisa raconte les trois fois où son oncle est soupçonné de s’en être pris à elle. La présidente prend le temps de l’interroger pour clarifier les moindres détails. «Ma sœur ne m’a pas expliqué précisément ce qui lui était arrivé ni à combien de reprises», note la jeune fille. Luisa a pris l’initiative d’évoquer les faits avec leurs parents. S’en est ensuivi une confrontation avec le prévenu qui, comme aujourd’hui encore, a nié les accusations portées à son encontre.
Cristina, comme sa jeune sœur, est à son tour formelle. Le prévenu est l’auteur des attouchements, pas son grand-père comme le suggère l’avocate de la défense qui pointe des éléments ajoutés par les deux sœurs à leurs témoignages à la barre : le prévenu aurait touché les parties génitales de Luisa et embrassé Cristina. La victime présumée éclate en sanglots : «Avec moi, c’était plus qu’une fois. Peut-être trois.» Les circonstances de temps restent floues. Sans doute parce que dans cette famille déchirée, une fois les faits révélés, on s’est empressé de les occulter.
Le procès se poursuit aujourd’hui et demain après-midi. De nombreux témoins, dont les principaux protagonistes, doivent notamment être entendus.