Poursuivi pour attouchements sur son filleul de 13 ans entre fin 2016 et début 2018, le trentenaire a écopé, mardi après-midi, de 4 ans de prison, dont 2 avec sursis probatoire. Il a l’obligation de suivre un traitement en relation avec ses «tendances pédophiles». Ce n’est pas sa première condamnation.
Sept ans de réclusion intégralement assortis d’un sursis probatoire. Telle avait été la peine que la 13e chambre criminelle avait prononcée le 8 novembre 2017 contre le trentenaire. Une peine qui a été confirmée par la Cour d’appel en date du 10 juillet 2019. On se souvient des mots alors de la présidente à la lecture du prononcé : «Le sursis probatoire qu’on vous accorde est une chance.»
Mais à ce moment-là la section protection de la jeunesse de la police judiciaire avait déjà été chargée d’une nouvelle enquête… Dans le cadre de la première affaire déclenchée en 2015, ce sont son ex-épouse, son ex-compagne et sa demi-sœur qui avaient porté plainte pour attentats à la pudeur sur leurs fils respectifs, âgés de 10 à 12 ans. Cette fois-ci, c’est la mère du filleul du trentenaire qui avait eu des soupçons.
Juste après le premier jugement rendu à l’automne 2017 le condamnant pour les faits commis sur les trois mineurs, elle s’était inquiétée que quelque chose de similaire ait pu arriver à son plus jeune fils. Constatant un changement de comportement de sa part, elle lui avait demandé si son parrain avait touché ses parties intimes. Il avait répondu par oui. Des affirmations que le garçon, âgé alors de 13 ans, avait confirmées à la police. Il n’y aurait pas eu qu’un fait isolé. Entre fin 2016 et le 28 janvier 2018, cela s’était produit «vingt fois».
«Quand on chahute, cela peut arriver»
Des messages étaient venus étayer le dossier. «Je ne l’ai pas fait exprès. Je m’excuse auprès de toi», avait ainsi écrit le parrain à son filleul le 30 janvier 2018. Par SMS, la mère n’avait pas manqué de confronter le parrain à ce que son fils lui avait rapporté. Il lui avait répondu que c’était en faisant des «bêtises», «rien» n’aurait été «intentionnel». À une connaissance qui lui avait aussi demandé des explications, il avait notamment dit : «J’ai merdé. C’est impardonnable…» et «comme condamné ce n’était pas approprié…»
«Quand on chahute, cela peut arriver», avait répété le prévenu de 36 ans face aux juges, en contestant en bloc les accusations. «Je savais que j’étais condamné, et cela pouvait être mal interprété.» Telle était son explication pour certains de ses messages.
«Combien de fois faudra-t-il que vous reveniez ici? Il faut qu’il y ait encore combien de victimes? Quand est-ce que vous vous laisserez aider?», lui avait lancé la représentante du parquet. Elle se rappelait bien les déclarations du trentenaire lors du premier procès : «C’était exactement la même chose. Il trouve toujours des excuses et des explications pour ses attouchements. Mais elles ne sont absolument pas crédibles. À l’époque, il justifiait son comportement par rapport aux trois garçons par des raisons hygiéniques. Aujourd’hui, il nous raconte avoir malencontreusement touché le pénis de son filleul en chahutant avec lui!»
«Tendances pédophiles» : l’obligation d’un traitement
Soulevant la «zéro prise de conscience» et «l’absence de repentir» du trentenaire, elle avait requis trois ans de prison et une amende appropriée. Au final, la 9e chambre correctionnelle a prononcé mardi après-midi une peine plus lourde : 48 mois de prison, dont 24 mois avec sursis et une amende de 2 500 euros. Placé sous le régime du sursis probatoire pour la durée de cinq ans, il a l’obligation de suivre un traitement. L’expert en neuropsychiatrie qui l’avait vu dans le cadre de la première affaire avait en effet décelé des «tendances pédophiles». Il n’a pas non plus le droit d’entrer en contact avec des mineurs d’âge en dehors de sa famille. Enfin, il lui est interdit pour la durée de dix ans de tenir école ou d’enseigner ou d’être employé dans un établissement d’enseignement.
Si pour sa première affaire, le trentenaire avait atterri devant une chambre criminelle, c’était dû à l’âge des victimes : l’une d’elles était alors âgée de moins de 11 ans. Cette fois-ci, le mineur avait 13 ans. L’avocat de la partie civile le représentant lors du procès avait demandé 3 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral. C’est la somme qui lui a été allouée par le tribunal.
Le condamné a 40 jours pour interjeter appel contre le jugement. Dans sa plaidoirie, son avocat avait plaidé l’acquittement et subsidiairement demandé une peine assortie d’un sursis : «Les faits reprochés ont eu lieu avant l’arrêt de la Cour d’appel», avait-il argué.
Fabienne Armborst