Le quadragénaire poursuivi entre autres pour avoir filmé ses élèves nues a été condamné jeudi après-midi à huit ans de réclusion dont cinq avec sursis probatoire, avec l’obligation de suivre un traitement psychiatrique. Il écope également d’une amende de 1 000 euros et de plusieurs interdictions notamment.
«Jamais je n’ai touché les parties intimes d’un enfant.» Jusqu’au bout, le prévenu, âgé aujourd’hui de 43 ans, poursuivi pour avoir commis des attentats à la pudeur sur des élèves et avoir filmé les enfants nus lors d’excursions scolaires, avait contesté avoir des tendances pédophiles.
Les faits reprochés à l’enseignant, entretemps suspendu, s’étirent sur plusieurs années. Plus de 400 photos et sept vidéos avaient été retrouvées sur l’ordinateur et autres supports informatiques du quadragénaire, au printemps 2016. «Pendant des années, il n’a pas raté une occasion pour produire en cachette son matériel et satisfaire ses propres pulsions. Il a profité de sa fonction d’enseignant pour abuser de la confiance des enfants et de leurs parents», avait résumé dans son réquisitoire la représentante du parquet à l’issue de quatre audiences de procès.
«Inspection de tiques»
Si l’avocat de la défense, Me Jean-Luc Gonner, avait estimé que ce que l’instituteur a fait correspondrait plus à des actes de voyeurisme, pour la parquetière il s’est bien rendu coupable d’attentats à la pudeur. À part les faits de 2007 (à cause d’un changement législatif), tous les autres faits ne seraient pas prescrits.
Pour le parquet, l’enseignant a toujours agi en pleine connaissance de cause. L’explication livrée que c’était son devoir de faire une «inspection de tiques» après les sorties en forêt n’aurait été qu’un prétexte pour une action bien préparée : «Il voulait voir les parties intimes des filles !» La ribambelle de photos saisies auraient confirmé les déclarations concordantes des jeunes victimes âgées entre 9 et 12 ans.
Le fait que l’enseignant était une personne d’autorité devrait être retenu comme circonstance aggravante, avait insisté la représentante du parquet avant de requérir douze ans de réclusion : «Il est clair qu’il doit se faire soigner pour ses tendances pédophiles. Mais cela est difficile s’il ne reconnaît pas qu’il a un problème.» C’était à la chambre criminelle d’apprécier s’il peut bénéficier d’un éventuel sursis.
17 500 euros à verser aux parties civiles
Finalement, la 9e chambre criminelle a condamné, jeudi après-midi, le quadragénaire à huit ans de prison assortis de cinq ans avec sursis probatoire. Il écope également d’une interdiction de tenir école pendant 10 ans et d’une interdiction à vie d’exercer des activités impliquant un contact avec des mineurs, comme l’avait demandé le parquet.
Enfin, il est condamné à indemniser dix parties civiles à hauteur de 17 500 euros au total pour dommage moral. Dans cette affaire, il y avait eu des constitutions de onze parties civiles pour sept enfants dont une a été déboutée. Au total, près de 107 500 euros de dommages et intérêts ont été réclamés pour les victimes et leurs parents. Environ 17 000 euros leur ont été alloués.
Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel.
Avant d’être placé sous contrôle judiciaire, l’instituteur titulaire à l’époque d’une classe du troisième cycle à Bissen avait passé un certain temps en détention préventive.
Fabienne Armborst