Ils auront attendu un an. Les proches de victimes de l’attentat du marché de Noël de Berlin sont reçus lundi après-midi par Angela Merkel, critiquée pour son manque d’empathie et des négligences de la part des autorités.
Cette rencontre à huis clos, à la veille des cérémonies du premier anniversaire de l’attaque au camion-bélier, réunira autour de la chancelière allemande plus de 80 personnes, des blessés et des proches des 12 morts.
Angela Merkel sera donc face à certains des signataires d’une lettre ouverte qui début décembre lui reprochait son manque de compassion.
« Nous notons que vous ne nous avez pas adressé de condoléances, ni en personne, ni par courrier », y était-il écrit notamment.
S’exprimant lundi lors d’un point presse, la chancelière a répliqué en soulignant que l’État avait déjà exprimé sa douleur, les proches ayant été reçus en début d’année par le chef de l’État de l’époque, une fonction essentiellement honorifique.
« Je pense que la rencontre d’aujourd’hui va montrer que nous (les autorités) souffrons avec ces personnes et nous l’avons déjà clairement exprimé de différentes manières. En début de l’année, il y a eu la rencontre avec le président fédéral, c’est-à-dire le chef de l’État, et maintenant il y a la rencontre avec moi », a-t-elle dit.
Respect et décence
Aucune cérémonie d’hommages, comme par exemple celle en France après les attentats islamistes du 13 novembre 2015, n’a par ailleurs eu lieu en Allemagne après cette attaque du marché de Noël revendiquée par le groupe État islamique et qui reste la pire jamais commise sur le sol allemand.
C’est pourtant « une question de respect, de décence et même une évidence », soulignaient les familles de disparus dans leur missive.
Un récent rapport officiel commandé et remis au gouvernement déplore d’ailleurs qu’ « on a (ait) refusé aux personnes concernées une reconnaissance nationale ».
Ce document relève aussi des erreurs particulièrement malvenues. Ainsi, les proches des victimes ont reçu des factures pour les frais d’autopsie avec injonction de paiement sous 30 jours.
Berlin s’est en retour engagé depuis à améliorer « rapidement » la prise en charge des victimes et de leurs proches, notamment en ce qui concerne le montant des dédommagements.
Avant les commémorations de mardi, devant un petit parterre de fleurs, de bougies, de photos et de croix déployées sur le marché de Noël, certains passants fustigent d’ailleurs l’attitude des autorités.
« Je trouve que c’est très dommage car elle (Angela Merkel) porte aussi quelque part la responsabilité de ce qui s’est passé », regrette Marcel Knauer, 29 ans, venu de Bielefeld déposer quelques fleurs avec sa mère.
Graves négligences
Le 19 décembre 2016, le Tunisien Anis Amri, 24 ans, fonce avec un camion volé sur un marché de Noël emblématique et très fréquenté du centre de Berlin. Il est abattu quatre jours plus tard par la police en Italie, après une cavale à travers les Pays-Bas et la France.
L’enquête a montré de graves négligences en amont de l’attentat, notamment parce qu’Anis Amri avait réussi à déposer des demandes d’asile sous diverses identité et aurait dû être expulsé de longue date.
Il avait aussi réussi à passer entre les mailles du filet, bien qu’il ait été repéré comme extrémiste islamiste et trafiquant de drogue.
Dans un autre rapport au vitriol sur les agissements des autorités berlinoises, le rapporteur a assuré qu’il existait « une chance réelle » d’interpeller le Tunisien, qui fréquentait notamment une mosquée salafiste de Berlin, avant l’attaque.
Il avait aussi été classé par les autorités comme personne dangereuse en lien avec la scène jihadiste allemande.
« Dans presque tous les domaines, il y a eu des erreurs, des négligences et des irrégularités », souligne le rapport.
A posteriori aussi le comportement de certaines autorités à fait scandale. La police berlinoise est ainsi soupçonnée d’avoir falsifié a posteriori certains rapports de surveillance d’Anis Amri alors que ses activités auraient sans doute justifié son arrestation.
Le Quotidien/ AFP