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Assassinat de Porto Seguro : la perpétuité requise


En première instance, les deux prévenues avaient écopé de 30 ans de réclusion. (photo archives LQ)

Le 25 octobre 2011 au soir, le Luxembourgeois Henri Z. (71 ans) était assassiné de cinq coups de feu dans la tête alors qu’il se trouvait en voyage de noces à Porto Seguro, au Brésil. Mardi après-midi, au bout de trois audiences devant la Cour d’appel, le parquet général a requis la perpétuité pour les deux prévenues, qui avaient écopé de 30 ans en première instance.

En faisant appel, l’épouse du feu Henri Z., Brigitte D. (62 ans), souhaitait obtenir « une peine plus douce ». Tania M. (54 ans), quant à elle, demandait à être acquittée. En première instance, toutes les deux avaient été condamnées par la chambre criminelle à 30 ans de réclusion pour avoir fait assassiner Henri Z. Une chose est sûre, la peine requise, mardi, par le parquet général est plus lourde que celle prononcée en première instance.

« Au vu du caractère particulièrement crapuleux des deux prévenues, elles ne méritent pas de circonstances atténuantes », a estimé Marc Harpes, l’avocat général, hier après-midi avant de requérir la réclusion à vie à l’encontre des deux prévenues.

Devant les juges de première instance, Brigitte D. avait fini par reconnaître avoir comploté avec Tania M. pour toucher l’héritage de Henri Z. Pour ce faire, le fils de cette dernière, Diego M., résidant au Brésil, aurait engagé des hommes de main.

Pour le parquet général, le mobile de l’assassinat est clair : « C’était bien l’argent. On a persisté malgré deux échecs.» En effet, après une première tentative d’assassinat dans les Vosges, Henri Z. avait été la cible d’une attaque au couteau sur la plage à Porto Seguro. Quatre jours avant d’être finalement abattu de cinq balles dans la tête.

L’attaque sur la plage avait été perpétrée le jour où Henri Z. avait acheté les billets d’avion du retour. Contre l’avis des médecins, Brigitte D. et Tania M. avaient insisté pour qu’il reste hospitalisé. « Elles ont fait en sorte qu’il ne quitte pas le pays pour préparer la deuxième attaque », remarque l’avocat général. C’est le soir même de sa sortie qu’il avait été assassiné.

Même si Tania M. a clamé jusqu’au bout son innocence, pour l’avocat général, les faits à l’égard de la quinquagénaire sont établis : « Il n’est pas crédible qu’elle n’ait rien su du plan meurtrier. » Cette dernière affirme que c’est Brigitte D. qui appelé son fils au Brésil pour organiser l’assassinat. Et qu’elle en ignorait toute l’organisation jusqu’à son retour du Brésil.

«C’est Tania qui parle sans cesse d’argent»

Au cours de son réquisitoire, l’avocat général Marc Harpes est, entre autres, revenu sur les écoutes téléphoniques qui figurent dans le dossier. Il note qu’à aucun moment on n’a exprimé la moindre compassion ou le moindre deuil. Au contraire, les discussions sur l’argent ont dominé : « C’est Tania M. qui parle sans cesse d’argent avec Diego M. Pourquoi Diego ne s’adresse-t-il pas tout de suite à Brigitte D.? Dans le dossier, il y a seulement deux conversations entre Brigitte D. et Diego M. »

Toujours selon le parquet général, au moment de l’assassinat, cela faisait au moins cinq ans que Brigitte D. n’avait pas revu Diego M. résidant au Brésil : « Pourquoi donc devrait-elle l’appeler pour l’idée de l’assassinat? »

Autre point relevé par l’avocat général : Si vraiment Tania M. est hors de cause en ce qui concerne l’organisation du crime, pourquoi Brigitte D. a-t-elle insisté pour qu’elle vienne au Brésil? « Cela aurait pu être très dangereux d’emmener un témoin qui n’est pas dans la confidence. » À la fin de son réquisitoire, Marc Harpes a émis des doutes quant à la sincérité de Brigitte D. : « Elle n’a admis les faits qu’au bout de trois ans .»

Arrêt le 8 mars

Lors de son dernier passage à la barre hier, Tania M. a une nouvelle fois clamé son innocence : « Je n’ai pas organisé l’assassinat. C’est elle qui a téléphoné à mon fils. Je ne veux pas payer pour un crime que je n’ai pas commis », a-t-elle terminé, les larmes aux yeux. Brigitte D., quant à elle, tout en exprimant ses regrets, n’a pas manqué de pointer du doigt son ex-meilleure amie : « Elle ne peut pas dire qu’elle n’était pas au courant. »

Le 8 mars, la Cour d’appel rendra son arrêt.

Fabienne Armborst