Accueil | Police-Justice | Assassinat de Haller : « Il devait être torturé, pas tué »

Assassinat de Haller : « Il devait être torturé, pas tué »


Depuis hier, les quatre prévenus de l’assassinat de Haller du 20 novembre 2010 comparaissent devant la Cour d’appel.

490_0008_14125664_Moment

D’après les déclarations des trois premiers prévenus entendus, hier, à la barre, il ne s’agissait de tuer l’homme retrouvé dans une forêt près de Haller, mais de le torturer. (Photo : archives Le Quotidien)

La victime de 65 ans avait été retrouvée, le 28 novembre 2010, soit huit jours après les faits, par un promeneur dans une forêt près de Haller. Elle était vêtue d’un pyjama, ligotée avec du film alimentaire et sa tête recouverte d’un sac plastique.

Dans son jugement du 27 février 2014, la chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Diekirch avait retenu les deux infractions suivantes : tentative de meurtre et assassinat. D’après les déclarations des trois premiers prévenus entendus, hier, à la barre, il n’y avait pas l’intention de tuer l’homme : « Il devait être torturé, pas tué. » Parmi les quatre prévenus, figure Giuseppina T. (43 ans), qui, au moment des faits, vivait depuis un an sous le même toit à Haller avec Raymond G., la future victime. En première instance, elle a été condamnée à 28 ans de réclusion.

Le 20 novembre 2010, le jour des faits, Giuseppina T. avait demandé à son fils de venir à l’appartement afin de donner à Raymond G. une bonne leçon. Selon ses dires, il l’avait une nouvelle fois harcelée et « tripotée ». Voilà pourquoi elle avait appelé son fils Eric T. pour « clarifier la situation ». « Ce n’était pas le but de l’affaire de le tuer », a-t-elle répété, hier, à maintes reprises. La relation avec Raymond G., quant à elle, n’aurait été « ni bonne ni mauvaise ».

Son fils avait donc débarqué vers 18h avec sa clique à l’appartement à Haller. À leur arrivée, elle leur avait offert une bière. La victime avait ensuite été une première fois torturée dans sa chambre. Guiseppina T. a toutefois indiqué à la barre que ce n’est pas elle qui les avait incités à la violence.

Il avait ensuite été question d’emmener la victime à la clinique. Cela n’aurait toutefois été qu’un moyen pour faire monter Raymond G. dans la voiture et l’amener dans la forêt. Dans les bois, la séance de torture s’était poursuivie. La victime avait reçu des coups de pied avant d’être enveloppée dans du film alimentaire et se voir enfiler un sac plastique sur la tête. Avant leur départ, les quatre l’avaient portée quinze mètres plus loin dans la forêt. « C’est là que nous lui avons donné le coup de branche sur la tête », a précisé le fils de la concubine de la victime, Eric T. (24 ans), hier.

> « Nous devions éviter qu’il porte plainte »

Le prévenu Eric T., condamné à 25 ans de prison, a déclaré hier qu’au téléphone, sa mère lui avait juste demandé de sortir l’homme de l’appartement et de « le faire disparaître ». À ses copains qui l’avaient accompagné, il avait parlé d’une bagarre. Comme sa mère, il n’avait, hier, pas de réponse à la question du président de la Cour d’appel, Michel Reiffers : « Pourquoi la situation a-t-elle dégénéré ? »

« Il avait mérité une bonne leçon, mais pas la mort », a enfin laissé entendre le prévenu.

Le troisième prévenu, Sven R., condamné à 30 ans de réclusion, quant à lui, rejette les faits qui lui sont reprochés : « je suis venu à Haller, car cela ne devait être qu’une bagarre. Il n’a jamais été question de tuer quelqu’un », explique la connaissance d’Eric T. « Je n’ai pas agi une seule fois dans l’appartement, j’étais dans la cuisine, pas dans la chambre », poursuit-il.

Dans la forêt, tous auraient frappé la victime, sauf lui. C’est bien lui qui lui aurait enfilé le sac sur la tête, « mais pas dans l’intention de le tuer. J’ai percé un trou dans le sac ». À la suite de quoi, Giuseppina T. aurait dit : « Il faut qu’il crève. Nous devons éviter qu’il porte plainte. » Et elle aurait pincé le nez et la bouche de la victime pendant plusieurs minutes.

Le procès se poursuit demain avec l’audition du quatrième prévenu, mineur au moment des faits.

De notre journaliste Fabienne Armborst