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Assassinat de Haller : de lourdes peines requises


Le parquet requiert la perpétuité pour l’instigatrice de l’assassinat et la confirmation des peines de prison (30, 25 et 15 ans) pour les trois autres prévenus.

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Dans son réquisitoire hier devant la Cour d’appel, l’avocat général a encore utilisé les termes d' »exécution » et de « torture » pour qualifier la violence exercée par les quatre prévenus, huit jours auparavant. (Image d’illustration) (Photos : archives Le Quotidien)

Le soir du 20 novembre 2010, après avoir reçu des coups et avoir été étranglée une première fois dans son appartement à Haller, la victime âgée de 65 ans avait subi une deuxième séance de torture dans la forêt. Elle y avait de nouveau été mise à terre, puis ligotée au moyen d’un film alimentaire. Pour finir, elle avait été étranglée une dernière fois, un sac plastique sur la tête, avant d’être frappée avec une branche.

Dans son jugement du 27 février 2014, la chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Diekirch avait retenu les deux infractions suivantes : tentative de meurtre (dans l’appartement) et assassinat (dans la forêt). Dans son réquisitoire devant la Cour d’appel, l’avocat général, Martine Solovieff, a parlé hier d' »une seule intention criminelle en deux phases ».

Selon Martine Solovieff, l’idée de l’assassinat vient de Giuseppina T., qui vivait au moment des faits avec la victime : « Elle a appelé trois fois son fils pour qu’il vienne à Haller. Elle a donné le premier signal dans l’appartement. Elle a fourni le film alimentaire et le sac plastique. Elle a conduit la voiture dans la forêt. Elle a fermé la bouche et pincé le nez à la victime dans la forêt. »

Dans cette « action collective », Giuseppina T. serait à considérer comme l’auteur et coauteur des faits. Son fils Eric T. et ses deux collègues Sven R. et Tom K. qui l’avaient accompagné seraient à considérer comme coauteurs.

> « L’intention de tuer est établie »

Le parquet conclut également de retenir l’infraction de l’assassinat : « L’intention de tuer est établie. La préméditation est la condition de l’assassinat. » Entre la première phase de torture dans l’appartement et la deuxième dans la forêt, il y aurait eu au moins trente minutes. Il avait par ailleurs été question d’emmener la victime à la clinique. Cela n’avait toutefois été qu’un moyen pour faire sortir la victime de l’appartement.

Martine Solovieff a encore cité plusieurs déclarations des prévenus traduisant l’intention de tuer. « Il faut qu’il crève. Nous devons éviter qu’il porte plainte », avait ainsi lâché Giuseppina T. dans la forêt.

L’avocat général requiert donc la confirmation du jugement en première instance, sauf pour Giuseppina T., considérée comme « l’instigatrice des faits ». Alors que la chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Diekirch avait condamné la femme de 43 ans à 28 ans de prison, le parquet a demandé, hier, la réclusion à perpétuité pour la prévenue « qui a joué avec les sentiments de son fils ».

Dans sa plaidoirie, Me Claudia Monti, l’avocate à la défense de Giuseppina T., avait parlé d' »une histoire affreuse » et d' »une affaire qui aurait pu être empêchée si certaines instances avaient fait leur travail ». Me Monti était entre autres revenue sur la situation de sa cliente « laissée en rade toute sa vie ».

Me Monti a répliqué au réquisitoire en demandant « au pire des cas la confirmation du jugement en première instance ».

Pour les trois autres prévenus, le réquisitoire s’aligne sur le jugement en première instance. Le parquet demande la confirmation des 25 ans de réclusion pour le fils de l’instigatrice de l’assassinat, Eric T., et 30 ans de réclusion pour le troisième prévenu, Sven R.

Le plus jeune des prévenus, mineur au moment des faits, Tom K., avait été condamné à 15 ans de prison, dont 10 avec sursis. Dans sa plaidoirie, son avocat, Me Henri Frank, avait demandé que son mandant ne soit pas condamné à la prison ferme afin qu’il puisse poursuivre ses études.

Le parquet n’est toutefois pas d’accord avec la demande de son avocat et requiert cinq ans de prison ferme. L’avocat général a néanmoins évoqué la possibilité que Tom K. purge sa peine pendant les vacances. À la barre, Tom K. avait déclaré ne pas avoir eu la force de dire non avant l’action.

Le prononcé de l’arrêt de la Cour d’appel est fixé au 4 mars.

De notre journaliste Fabienne Armborst


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