Accueil | Police-Justice | Alcool au volant, déboires au tribunal

Alcool au volant, déboires au tribunal


Boire ou conduire, les prévenus jugés vendredi n'ont pas su choisir. (illustration Isabella Finzi)

Ils sont nombreux à comparaître toutes les semaines à la barre pour alcool au volant. Voici un échantillon d’affaires passées devant le juge, vendredi.

Il est autour de 18h, ce 28 novembre, quand la police l’interpelle avec 2,17 g d’alcool par litre de sang à une station-service à Contern. Cigarillo en main, Victor est muni d’un bloc et est en train de noter ses idées. À la sortie de son travail, le jeune salarié n’a pas seulement acheté une salade… C’est la bouteille de whisky qui est la cause de sa convocation au tribunal. «Vous pouvez réfléchir sur vos problèmes. Mais la prochaine fois restez bien loin de votre voiture », lui a conseillé vendredi le représentant du parquet. Il réclame une amende et une interdiction de conduire de 16 mois. Vu son casier judiciaire vierge, la peine pourrait toutefois être assortie d’un sursis intégral.

« Cela veut dire que je peux prendre normalement le volant ? », se réjouit le prévenu. – « Oui. » Le parquet le met toutefois en garde : « Mais si on vous attrape encore une fois, le sursis tombera et la nouvelle peine s’ajoutera .» – « Vous ne me reverrez plus ici », assure-t-il.

Ce discours ne peut être tenu par tout le monde. Fernando (38 ans) n’en est pas à sa première affaire de circulation au tribunal. La dernière remonte à il y a deux mois à peine. Le président l’interroge : « Est-ce qu’on vous a déjà expliqué que vous encourez jusqu’à trois ans de prison ? »

«Je pensais que mon assurance était valable»

Les faits pour lesquels il comparaissait, vendredi matin, devant le tribunal correctionnel remontent au 18 novembre. Sans permis de conduire, sans contrat d’assurance et avec un taux d’alcool de 1,46 g par litre de sang, il s’était fait arrêter par la police, boulevard Hubert-Clément à Esch-sur-Alzette.

« Je pensais que mon assurance était valable », murmure le trentenaire. «Si vous ne la payez pas, elle n’est pas valable, rétorque sèchement le président. Il insiste : « De toute façon, vous n’avez plus de permis. Pourquoi vous mettez-vous derrière le volant ? »

« J’ai perdu tous mes points. Et quand on boit un peu… », poursuit le prévenu. « Quand on est ivre, on ne peut plus conduire même avec un permis », tente de le raisonner le président. Le parquet a fini par requérir une amende appropriée et une interdiction de conduire d’un total de 4,5 ans à son encontre. « À la prochaine infraction, le parquet sollicitera une peine d’emprisonnement », l’a prévenu son représentant. Mais il n’a pas évoqué la possibilité d’excepter les trajets professionnels, comme l’avait plaidé son avocat : « Mon client a besoin du permis pour le travail. Il est chauffeur dans une entreprise de matériel. »

«Pendant 32 ans, j’ai piloté des avions»

Le troisième prévenu qui a défilé, vendredi matin, à la barre a connu sa première affaire de circulation à l’âge de la retraite. Soutenu par sa canne, Fridrik (72 ans) a pris place sur le banc des prévenus. Le parquet lui reproche d’avoir circulé avec 1,58 g d’alcool par litre de sang et d’avoir commis un délit de fuite après avoir accroché le pare-chocs d’une voiture en se garant sur le parking du centre commercial à Niederanven.

« J’étais en train de ranger mes courses dans mon coffre quand Monsieur a percuté ma voiture », se souvient l’automobiliste présente le 23 août 2016 au matin. Aucun doute sur son état d’ébriété : « J’ai senti l’alcool. J’étais enceinte. Comme on ne boit pas pendant la grossesse, j’étais un peu sensible. »

Le septuagénaire conteste tout. Impossible, selon lui, d’avoir percuté la voiture du témoin. « Dans ma Touareg, une alarme se déclenche quand je me rapproche trop d’une voiture, se défend le retraité. Pendant 32 ans, j’ai piloté des avions. Je connais bien les mouvements des véhicules. »

Quant au taux d’alcool constaté par la police à son domicile, il se défend : « Je n’étais pas ivre au volant. C’est seulement de retour à la maison que j’ai bu deux Leffe brunes à 6,5%.» Le parquet constate toutefois que lors de sa première déclaration à la police, il avait dit avoir bu un fond de bière avec sa salade de thon. « Je suis d’avis qu’il a bien bu », conclut le parquetier. Il demande une amende et une interdiction de conduire de 15 mois assortie du sursis intégral.

« On m’a déjà retiré le permis pour dix jours, je pensais que l’affaire était close », a encore objecté le prévenu en fin d’audience. Rendez-vous les 2 et 5 mars pour les différents prononcés.

Fabienne Armborst