Amavel est suspecté d’avoir agressé un toxicomane au couteau dans le quartier de la Gare à Luxembourg. Une dette pourrait être à l’origine de la rixe.
Le 24 août 2018 au soir, un agent de sécurité prévient la police : une bagarre au couteau serait en cours dans la rue du Fort-Neipperg à Luxembourg. Trois agents de police arrivent sur les lieux et trouvent la victime en train de se remettre de ses émotions.
Légèrement blessé à l’épaule, l’homme explique avoir été frappé et poussé au sol, puis avoir reçu un coup de couteau après que l’auteur présumé a projeté une poubelle dans sa direction. À cet instant, ce dernier, Amavel, un homme d’origine portugaise d’une petite cinquantaine d’années, repasse justement dans la rue avec Olga à son bras.
L’affaire aurait pu être simple. La police menotte Amavel, le fouille pour trouver le couteau par mesure de sécurité et embarque les trois protagonistes au commissariat de police. Le prévenu n’est pas en état d’être entendu. Il est placé en cellule de dégrisement et convoqué à témoigner dans les jours suivants. Mais il se serait contenté de téléphoner aux policiers pour leur annoncer n’avoir rien à dire au sujet des faits.
Et puis, plus rien jusqu’à hier matin. Amavel a été jugé en l’absence de sa victime présumée qui ne s’est pas présentée à l’audience. Une audience qui a commencé fort. Après que l’avocate a demandé la nullité de trois procès-verbaux rédigés le soir des faits, étant donné que les droits de la défense n’auraient, selon elle, pas été respectés, le témoin principal, Olga, n’est pas passée inaperçue.
En détention pour une autre affaire, elle semblait ne pas se souvenir de la raison de sa présence à la barre et s’est montrée agressive et vindicative. Elle a commencé par refuser de conserver son masque et par clamer que «c’est une erreur, je n’ai rien à faire ici!».
Le président de la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a tenté en vain de lui expliquer qu’elle était convoquée comme témoin d’une agression, pas en tant que prévenue.
Mais elle vocifère et ne se laisse rien dire, puis s’énerve parce que son avocat n’est pas présent. «Vous n’en avez pas besoin, vous êtes là pour témoigner», répète le président avant de lui demander de «fermer sa bouche» et de l’écouter.
«Je lui ai donné le premier coup»
Peine perdue! «Des agressions, j’en ai vécu trois en six ou sept ans. Je ne sais pas de quoi vous parlez», s’est-elle énervée à la barre ne laissant pas le temps au président de lui faire jurer de «dire toute la vérité, rien que la vérité». Le procureur tente lui aussi de lui faire comprendre qu’elle est là pour témoigner et non pas dans le cadre d’une affaire qui la concernerait directement.
«Écrivez-le-moi!», demande-t-elle au magistrat. Exaspéré, il a décidé de renoncer à son témoignage et a demandé aux agents qui l’accompagnaient de la raccompagner en prison. Cela n’a pas calmé Olga qui s’est lancée dans un marathon de noms d’oiseaux à l’adresse du tribunal. Tout comme le prévenu et sa présumée victime, elle serait connue pour être une figure du milieu de la toxicomanie dans le quartier de la Gare à Luxembourg.
L’incident clos et les menaces d’Olga se dissipant dans les couloirs du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, la parole a été donnée au prévenu. Il dit ne pas se souvenir d’avoir fait usage d’un couteau, mais ne l’exclut pas étant donné que sa victime présumée aurait été plus imposante physiquement que lui.
Elle aurait demandé une cigarette à Olga qui lui aurait tendu son paquet. La victime présumée ayant une dette d’argent envers Amavel, ce dernier lui aurait arraché le paquet des mains. «Il s’est énervé et est devenu agressif. C’était moi qui avais acheté les cigarettes», a témoigné le prévenu et de reconnaître que «je lui ai donné le premier coup. Tout est allé très vite. Je ne me souviens plus… je ne voulais pas le blesser. Juste lui faire peur».
Le procureur a requis une peine de prison ferme de six mois à son encontre pour coups et blessures volontaires. Il a rejeté l’intégralité des moyens mis en avant par l’avocate de la défense pour obtenir la nullité des procès-verbaux.
Le prévenu, sous l’effet de la cocaïne et d’alcool, n’aurait pas été en état d’être auditionné le soir des faits et de comprendre ses droits. En outre, des agents de police peuvent procéder à une fouille corporelle et à une saisie sans être en présence d’un officier de police judiciaire dans le cadre de la loi sur les stupéfiants et dans un but sécuritaire dans le cadre d’un possible homicide.
L’avocate a noté que la blessure infligée n’a été que superficielle et ne permettait pas de prouver une intention de blesser la victime présumée. Elle a demandé que la peine de son client soit assortie d’un sursis intégral ou probatoire.
Amavel sera fixé sur son sort le 20 janvier prochain.
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