Au deuxième jour du procès de l’affaire de l’école de police, c’était au tour des quatre prévenus, dont son ancien directeur, de s’expliquer à la barre.
Pendant près de deux heures, mercredi après-midi, l’ancien directeur de l’école de police s’est retrouvé sous le feu des questions du tribunal correctionnel. Jacques K. est resté campé sur sa position : il n’était pas au courant de l’établissement de fausses déclarations en vue d’assurer la rémunération d’une figurante intervenant dans les jeux de rôle de l’école de police.
Un soir, mon mari est rentré à la maison en disant qu’il avait un problème pour trouver des figurants pour son jeu de rôle à l’école de police le lendemain. Il m’a demandé si je voulais venir avec lui et j’ai dit oui.» C’était en 2004, lorsque la prévenue Gabrielle Z., femme de l’instructeur Joseph B., avait pour la première fois participé à un séminaire «circulation» pour les policiers en formation. «Je ne voulais pas annuler le séminaire», explique, quant à lui, le prévenu Joseph B.
Dans un premier temps, Gabrielle Z. avait dépanné bénévolement. C’est la manière dont la figurante a été rémunérée par la suite qui fait l’objet de l’affaire sur laquelle se penche depuis mardi la 13e chambre correctionnelle. Comme Gabrielle Z. ne disposait pas d’un arrêté ministériel, ses heures prestées étaient ajoutées à celles de Roger H., un policier à la retraite qui donnait régulièrement des cours. Ce dernier la remboursait ensuite.
Selon Joseph B., le directeur de l’école de police de l’époque, Jacques K., ne s’opposait pas à la participation régulière de sa femme. Un jour, il l’aurait abordé pour lui demander de la déclarer afin qu’elle bénéficie d’une protection juridique. «Au sein de l’école de police, ce n’est pas souhaité qu’un cadre permanent amène sa femme», lui aurait répondu Jacques K., mais tout en lui proposant de s’arranger avec Roger H. : «Ajoute les heures de ta femme sur les déclarations de ton collègue.» «Cela n’a pas réglé le problème de l’assurance. Juste qu’elle touchait désormais 25 euros par heure», remarque la présidente, Sylvie Conter.
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En réponse au tribunal qui lui demande si à l’époque elle était au courant qu’une demande d’agrément aurait pu être faite au ministère, la prévenue Gabrielle Z. dit ne pas s’être fait de soucis : «La police sait ce qu’elle fait. Donc, pour moi, tout était en règle.» Pour rappel, entre 2007 et 2010, elle avait ainsi perçu autour de 6 600 euros. Argent qu’elle avait ensuite employé pour partir en vacances avec des amies.
Le prévenu Roger H. indique ne pas avoir remarqué que quelque chose ne tournait pas rond. Son collègue Joseph B. lui avait dit faire des démarches pour régulariser la situation de sa femme. Il pensait que cela s’était fait avec l’accord de la direction de l’école de police. «Quand je recevais mon salaire, je demandais à Joseph pour qu’il m’informe du nombre d’heures prestées par sa femme», indique-t-il.
Des pizzas au lieu d’une rémunération
À la barre, Gabrielle Z. et Roger H. ont également évoqué mercredi une brève discussion ayant eu lieu dans la cage d’escalier de l’école lors de laquelle Jacques K. leur aurait demandé : «Alors, vous vous en sortez avec le paiement?» Une discussion dont ce dernier affirme toutefois ne plus se souvenir.
À la différence des trois premiers prévenus, l’ancien directeur de l’école de police (2001-2008) conteste avoir été au courant d’un quelconque arrangement. Quand la présidente a relevé qu’il avait bien fini par constater qu’elle continuait à participer à tous les séminaires, il a répondu : «Je voulais lui rendre service, qu’elle participe aussi longtemps que cela lui faisait plaisir. Je partais du principe qu’elle faisait cela gratuitement.»
«J’ai clairement dit que j’étais contre le népotisme. Voilà pourquoi je n’ai pas demandé d’arrêté ministériel», note l’ancien directeur au sujet de la discussion qu’il a eue avec Joseph B. sur la rémunération de Gabrielle Z. «L’arrêté ministériel a comme effet principal qu’on devient enseignant. Ce n’était pas ma priorité qu’elle figure sur cette liste.» Tout ce qu’il aurait suggéré, c’est que Roger H. invite de temps en temps Gabrielle Z. à une pizza. «Pourquoi Roger H. devrait-il lui payer une pizza? Pour la remercier de quoi? C’est Joseph B. qui était chargé de l’organisation pratique des séminaires», réplique la présidente.
La présidente en fin d’audience, mercredi, constatera : «Vous ne l’avez pas permis, mais vous avez quand même toléré qu’elle participe aux cours.» Là-dessus, le prévenu Jacques K. répliquera une dernière fois : «J’imaginais qu’elle faisait cela bénévolement. Pour moi, Gabrielle Z. n’était pas payée.»
Le procès se poursuit vendredi matin à 9 h.
Fabienne Armborst