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Ado abusée à Differdange : «Il y a eu confusion»


Le parquet a requis 30 mois de prison contre le prévenu de 49 ans. (Photo : archives lq/Isabella Finzi)

La chambre criminelle s’est penchée mardi sur une affaire d’abus sexuels à Differdange au printemps 2016. Le prévenu nie les faits. Mais pour la plaignante, c’est bien l’homme qui l’a suivie à vélo dans le parc…

Crise sanitaire oblige, il n’y avait que les yeux du prévenu qui dépassaient mardi après-midi par-dessus son masque. Un regard que la plaignante, sa cousine et sa tante ne sont toutefois pas près d’oublier. Même plus de quatre ans après les faits. L’incident sur lequel se penchait la 13e chambre criminelle remonte au 20 mars 2016. Ce dimanche, en fin d’après-midi, l’adolescente, âgée alors de 16 ans, raconte avoir été agressée sexuellement par cet homme qu’elle avait déjà croisée plus d’une fois dans les rues de Differdange. Un homme qui ne lui avait jamais trop inspiré confiance. Car à un arrêt de bus alors qu’elle était en compagnie de sa cousine, elle l’aurait surpris en train de faire des gestes déplacés. Une autre fois, il était à vélo quand il l’aurait fixée avec son regard aguicheur et il aurait fait des gestes avec sa langue. Elle s’était réfugiée chez sa tante qui n’avait pas manqué de le sermonner sur-le-champ.

Tentative de viol

Mais ce fameux dimanche de mars, l’adolescente était seule quand l’homme est réapparu pour la troisième fois. Elle attendait le train sur le quai. Elle aurait voulu se cacher dans le parc près de l’aire de jeux, mais il l’aurait suivie et fini par poser son vélo à terre. Pétrifiée, elle raconte s’être retrouvée face à l’homme. «Je ne savais pas quoi faire. Il a glissé sa main sous mon pantalon et m’a touchée aux parties intimes.» Elle évoquera aussi la tentative de viol avec le doigt. «Il a essayé. Ce n’est pas entré.» Voilà ses mots face aux juges. Tout cela avait pris fin, parce qu’elle avait réussi à se débattre et prendre la fuite.

Cela lui avait pris une dizaine de jours avant qu’elle ne se confie à sa cousine, puis à sa mère. Cette dernière n’avait pas hésité à sortir de voiture pour gifler l’homme désigné quand elles l’avaient croisé dans le quartier Fousbann près d’un arrêt de bus. La police était intervenue.

Confronté aux reproches, le quadragénaire avait tout contesté. Sa position : «Je ne la connais pas et je n’ai rien fait.» «Il y a eu confusion», a réaffirmé le prévenu de 49 ans mardi à la barre. L’analyse de sa téléphonie n’avait livré aucun indice. Mais celle de l’adolescente a permis de retracer ses déplacements grâce aux antennes relais. Son histoire colle parfaitement. Il y a également l’expertise du psychologue dans le dossier. D’après le spécialiste qui a rencontré la plaignante alors qu’elle était en psychiatrie juvénile – déjà durant son enfance elle avait été victime d’attouchements –, ses déclarations sont crédibles. Elle souffrirait aussi d’un stress post-traumatique.

«J’ai toujours esquivé les femmes, car je suis marié»

Le prévenu parle toutefois d’un complot. «J’ai toujours esquivé les femmes car je suis marié», avait-il argué face au juge d’instruction. À la barre, il évoquera un certain Fernando, une connaissance qui aurait peut-être tenté de se venger. «Je soupçonne qu’il ait dit quelque chose aux filles…» Après quelques minutes de tergiversations, la présidente finira par couper le prévenu : «Je crois que vous regardez un peu trop la télé.»

«Il invente des histoires à dormir debout», renchérira le parquetier dans son réquisitoire. La défense avait plaidé l’acquittement. Impossible, selon elle, de retenir la culpabilité du prévenu sur base de l’unique parole de la victime et des témoignages de ses proches sur des incidents antérieurs : «C’est possible que l’auteur soit quelqu’un d’autre.» Mais pour le parquet, c’est bien le prévenu l’auteur de la tentative de viol et de l’attentat à la pudeur à l’aide de violences et de menaces.

En raison du dépassement du délai raisonnable, il a requis 30 mois de prison. Pour une éventuelle amende il se rapporte à la sagesse du tribunal. La plaignante s’est constituée partie civile, elle réclame 20 000 euros au titre du préjudice moral.

Prononcé le 18 juin.

Fabienne Armborst