Entre l’été 2018 et début 2019, le quinquagénaire avait commis des attouchements sur la petite-fille de sa nouvelle femme. Jeudi matin, il a été condamné à sept ans de prison, dont deux ans avec sursis. Déjà, en 1994, il avait été condamné pour des faits similaires…
Le parquet avait requis sept ans de prison contre le quinquagénaire en détention préventive. Il y a été condamné, jeudi matin. Deux ans de cette peine sont assortis du sursis. Mais placé sous le régime du sursis probatoire pour la durée de cinq ans, il a l’obligation de se soumettre à un suivi thérapeutique en rapport avec ses tendances pédophiles et sa dépendance à l’alcool, d’éviter tout contact avec la victime et d’indemniser les parties civiles. Outre la peine de prison, il écope d’une amende de 1 000 euros. Il lui est également interdit pour la durée de cinq ans d’exercer une activité professionnelle, bénévole ou sociale impliquant un contact habituel avec des mineurs. Enfin, la 12e chambre correctionnelle a entre autres ordonné la confiscation de la Citroën Berlingo sur la banquette arrière de laquelle se sont produits la plupart des faits.
Un Samsung Galaxy A6+ contre des attouchements
«Abuser d’une enfant de façon si impudente dans le but d’assouvir ses besoins, c’est un comportement abominable.» Le représentant du parquet n’avait pas mâché ses mots dans son réquisitoire pour retracer les attentats à la pudeur reprochés au quinquagénaire assis sur le banc des prévenus. Soulevant son «absence de scrupules», il avait estimé que c’était d’autant plus «choquant» de voir qu’il avait employé quasiment le même mode opératoire que dans le dossier pour lequel il avait été condamné en 1994 à sept ans de prison (dont quatre avec sursis) à Diekirch : les cadeaux, les rencontres en cachette dans sa voiture sur des parkings… À l’époque, il avait abusé durant de longues années de la fille de son épouse. Aujourd’hui, c’est pour avoir commis de manière répétée, entre août 2018 et janvier 2019, des attouchements sur la petite-fille de sa nouvelle femme qu’il comparaissait devant le tribunal.
Après avoir amadoué l’adolescente de 12 ans en lui achetant un Samsung Galaxy A6+, il projetait de lui acheter un cheval. Mais cette idée n’a jamais été concrétisée. Car depuis le 26 février 2019, le quinquagénaire dort à Schrassig. «Se pose la question de savoir quand le premier viol allait avoir lieu, comme il y en a eu dans la première affaire. À mon avis, on n’en était plus très loin», avait remarqué le parquetier. La plupart des abus avaient eu lieu dans la voiture du quinquagénaire sur des parkings à Bertrange ou celui en pleine forêt entre Kopstal et Mamer.
Durant les deux audiences du procès, le prévenu de 59 ans était resté de marbre. Lors de son dernier mot face aux juges, il avait lâché quelques regrets. Mais pour le reste, il ne s’était pas montré très bavard. «Avec l’adolescente, vous avez plus parlé qu’avec nous», avait fini par constater le président avant de le congédier sur le banc.
L’exploitation du portable avait en effet permis de retracer plus de 2 000 messages échangés entre l’adolescente et son beau-grand-père. Vu le contenu de certains SMS, – «Tu es un amour. Tes yeux me manquent, tes lèvres me manquent, ton sourire me manque» – aucun doute pour le parquet qu’il s’agissait de propositions sexuelles envoyées à l’enfant. Ce qui fait qu’il était également poursuivi pour l’infraction de «grooming». Lors de la perquisition, les enquêteurs avaient aussi découvert 79 photos à caractère pédopornographique sur l’ordinateur du quinquagénaire.
Sans casier judiciaire, car réhabilité en 2008
Le diagnostic posé par l’expert psychiatre était sans équivoque : il est pédophile. Visiblement, après sa première condamnation en 1994, il n’a suivi qu’une thérapie pour régler son problème de drogue. De traitement en relation avec les abus sexuels, il n’y en a pas eu. Parce qu’il a été réhabilité en 2008, il n’avait aucune inscription de sa première affaire dans son casier judiciaire.
«La pédophilie, on ne peut la soigner. Le diagnostic restera. Mais par un traitement, on peut éviter un passage à l’acte», avait expliqué l’expert psychiatre au tribunal. Si le spécialiste considère l’aveu du prévenu comme un progrès, son pronostic restait toutefois réservé : «L’alcool et le stress restent deux facteurs dangereux.»
Représentée par son avocate, l’adolescente s’était constituée partie civile. Elle réclamait 30 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral. Elle se voit au final allouer 10 000 euros. Ses parents d’accueil, chez qui elle habite depuis qu’elle est bébé, pour leur part, se voient allouer 1 000 euros au titre du préjudice moral chacun. Leur demande pour le préjudice matériel a été déclarée non fondée.
Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel contre le jugement.
Fabienne Armborst