Lorsqu’un client payait en espèces une recharge pour son téléphone, l’employé en profitait pour taper dans la caisse. Le patron de la station-service de Rodange en est convaincu. C’est pourquoi il l’a licencié pour faute grave le 2 novembre 2018. Et avec les images de vidéosurveillance à l’appui, il a lancé une citation directe pour vol devant le tribunal correctionnel.
Sur le grand écran de la salle d’audience ont été visualisées, lundi matin, ces trois séquences où, selon le patron, l’employé de la boutique de la station-service a mis une partie de la somme dans sa poche. Le premier fait reproché remonte au 4 octobre 2018 à 16 h 48. «Regardez, le client demande une carte de recharge pour son téléphone. Il pose le billet de 10 euros sur le comptoir, dit Me Nora Dupont en commentant les images. Ces 10 euros disparaissent dans le compartiment de droite du tiroir-caisse, qui n’est pas là pour encaisser.» On voit ensuite l’employé s’éclipser un instant. Quand il revient, il remet la recharge au client, puis appuie sur l’écran tactile de la caisse. «Il n’a jamais encodé la vente. Car il aurait dû taper le code 121 ou 80421, poursuit l’avocate. En imprimant un vieux ticket, il fait croire à ses collègues qu’il a encodé la vente.»
En date du 29 octobre 2018, le patron estime que lors de la vente de trois cartes de recharge, l’employé n’en aurait encaissé que deux correctement. «Il glisse de nouveau 10 euros dans le compartiment à droite», observe Me Dupont. Rebelote le 30 octobre 2018 : «Le client lui donne un billet de 20 euros. Après avoir rendu la monnaie au client, il fait de nouveau disparaître un billet de 10 euros dans le compartiment vide de la caisse.»
Prononcé le 10 décembre
«Sur une feuille, il écrit quelque chose. Est-ce pour noter ses manœuvres?» La partie citante estime que l’employé a volé au moins 30 euros entre le 4 et le 30 octobre 2018. Le tribunal n’a toutefois pas pu l’interroger, car il ne s’est pas présenté au procès. Il n’y avait pas non plus de témoins. Si la partie citante les avait bien cités pour l’audience prévue en janvier, puis en mai dernier, tel n’était pas le cas lundi matin. «S’ils ne sont pas cités, il est difficile qu’ils soient là», a remarqué le président.
Représentée par Me Dupont, la station-service a donc réclamé la restitution des 30 euros, une indemnité de procédure de 1 500 euros et la condamnation au pénal du caissier, entretemps licencié. Comme régulièrement dans les affaires de citation directe, le parquet se rapporte à prudence de justice. Il donne toutefois à considérer que le cité direct n’a aucun casier judiciaire ni aucune affaire en cours.
La 12e chambre correctionnelle rendra son jugement le 10 décembre.
Fabienne Armborst