Le parquet de Luxembourg a requis six mois de prison avec sursis ainsi qu’une amende, à la suite de l’accident du travail survenu en 2016 sur un chantier au Limpertsberg.
L’accident du travail mortel du 11 avril 2016, rue de l’Avenir au Limpertsberg, était survenu dans le cadre du démantèlement d’un mur de soutènement. L’ouvrier de 39 ans venait de couper des poutrelles en fer. Il était resté dans la tranchée pour ranger son chalumeau quand le talus s’était décroché et l’avait écrasé. Ses collègues, qui par chance avaient échappé au drame, n’avaient rien pu faire pour le sauver.
La décision de procéder au démantèlement du mur émanait d’une réunion. Le gérant de l’entreprise de construction avait acquiescé à la demande de la Ville de Luxembourg, qui voulait y rétablir un chemin piétonnier. On avait donc démonté ce mur, sans toutefois se poser de grandes questions quant aux règles de sécurité et à ce qui pourrait se passer.
«Je suis maçon, je ne suis pas expert»
Près de quatre ans après le drame, le chef (65 ans) de l’entreprise de construction pour laquelle travaillait la victime et l’homme identifié comme le chef d’équipe (39 ans) sur le chantier doivent répondre de l’accusation d’homicide involontaire.
«Je suis maçon, je ne suis pas expert», s’est défendu le trentenaire à la barre. Il conteste le défaut de précaution et de prévoyance qu’on lui reproche. Car il n’aurait jamais suivi de formation en la matière. «D’après son savoir et son niveau de simple ouvrier, il n’était pas conscient du danger», a renchéri son avocate, Me Barbara Koops, qui plaidait l’acquittement. Son client n’aurait fait que suivre les ordres donnés lors de la réunion. S’il était bien chef d’une équipe sur le chantier, la victime n’aurait cependant pas appartenu à son équipe.
Une peine qui doit être « dissuasive »
Me Philippe Penning, défendant pour sa part le patron, avait plaidé en faveur d’une suspension du prononcé. Ce qui signifierait qu’une culpabilité serait bien constatée, mais aucune peine prononcée contre le sexagénaire employant actuellement 36 salariés.
Le parquet n’est pas d’accord. Pour son représentant, la peine doit être «dissuasive». Il a donc requis six mois de prison avec un éventuel sursis et une amende de 10 000 euros contre le gérant ainsi que 40 000 euros pour les sociétés. Dans son réquisitoire hier matin, il a, par ailleurs, retenu qu’aucune étude détaillée du sol n’avait été effectuée. De plus, du côté du chef d’équipe, il y aurait eu un «défaut de prévoyance et de précaution». Il estime qu’il savait bien que le démantèlement présentait un risque. Mais il se serait limité à mettre en place des madriers et étançons. Il réclamera au final une simple amende contre le trentenaire. Au tribunal de déterminer le montant.
La veuve et les deux enfants de la victime se sont constitués parties civiles. Par le biais de Me Ana Isabel Alexandre, ils avaient réclamé la veille un total de 150 000 euros au titre du préjudice moral.
La 7e chambre correctionnelle rendra son jugement le 27 février.
Fabienne Armborst