La trentenaire poursuivie pour avoir profité pendant des années d’un veuf âgé aujourd’hui de 87 ans a écopé jeudi de deux ans avec sursis et d’une amende.
Ce sont les enfants de l’octogénaire qui avaient appelé la police. La trentenaire les empêchait d’accéder à la maison mi-septembre 2015. «L’intérieur de la maison était infect.» Le policier n’est pas près d’oublier ce qu’il a découvert. «Je n’ai pas pu rester plus de deux minutes à l’intérieur. Cela ressemblait à un véritable dépôt d’ordures.»
Jusqu’en 2015, l’octogénaire n’avait plus eu de contacts avec ses enfants. Lors d’un enterrement, ces derniers revirent leur père dans un très mauvais état. Il leur raconta qu’il vivait sans eau chaude ni chauffage. Quelques jours plus tard, il leur confia tout.
En 2003, la jeune femme, âgée alors de 24 ans, était venue habiter chez lui. À l’époque, disait-elle, elle n’avait pas de logement. Une relation amoureuse avait vu le jour. Au fil du temps, elle s’était toutefois dégradée. Et elle n’aurait plus vraiment pris soin de lui. D’après l’enquêteur, l’octogénaire avait complètement perdu le contrôle sur ses finances. Il avait relevé près de 2 000 opérations bancaires depuis 2008, pour un montant total de 299 000 euros.
«Il se trouvait clairement dans une situation de faiblesse en raison de son âge, son isolement, la détérioration de sa santé et son incapacité à se déplacer seul», avait conclu le premier expert qui a rencontré la victime, âgée aujourd’hui de 87 ans. «La prévenue a clairement abusé de son état de faiblesse.» Après une chute en 2009, la dépendance de l’octogénaire se serait accrue. Ne pouvant plus bouger, il était cloîtré chez lui. «Il était dans une forme de dépendance, car elle était son seul contact vers l’extérieur», avait confirmé le second psychiatre.
Près de 32 000 euros alloués à la victime
À la barre, la prévenue de 38 ans avait toutefois fermement contesté avoir profité de l’octogénaire : «Ce qu’on me reproche n’est pas vrai !» Son avocat avait plaidé l’acquittement. «Ma cliente conteste avoir disposé des cartes bancaires du veuf contre la volonté de ce dernier», avait soulevé Me Claude Clemes. D’après l’avocat, «l’état de la maison n’a rien à voir avec l’abus de faiblesse».
La représentante du parquet avait soulevé les 49 ans qui séparent la prévenue du veuf : «On a affaire à une relation terriblement déséquilibrée où les flux financiers ne vont que dans un sens.» Dans son réquisitoire, elle avait qualifié les faitsde «graves». S’il n’est pas toujours facile de chiffrer toutes les dépenses, elle demandait de retenir au moins pour l’abus de faiblesse le prêt de 6 000 euros contracté pour l’aider à régler ses dettes au CCSS. Elle avait requis quatre ans de prison contre la prévenue et demandé au tribunal d’assortir la peine d’un sursis probatoire partiel avec l’obligation d’indemniser la partie civile dans un certain délai.
La peine prononcée, jeudi après-midi, par la 13e chambre correctionnelle se situe en grande partie en dessous de ces réquisitions. La trentenaire a en effet écopé de deux ans de prison avec sursis et d’une amende de 2 000 euros. Le tribunal l’a également condamnée à verser près de 32 000 euros de dommages et intérêts à l’octogénaire au titre du préjudice matériel et du préjudice moral. À noter que le tribunal s’est déclaré incompétent pour la demande de la partie civile avant le 5 mars 2013. Il s’agit de la date d’entrée en vigueur de la loi portant incrimination de l’abus de faiblesse. Également les enfants de la victime s’étaient constitués parties civiles. À ces derniers, la trentenaire doit verser un total de 4 500 euros au titre du préjudice moral.
Fabienne Armborst